28 décembre 2011

"A dangerous method", un involontaire peplum de l'inconscient



Voilà un film qui mérite sans aucun doute l’Oscar du navet de l’année. Bavard, conventionnel et pauvre, « A dangerous method » offre un festival de stéréotypes sur la psychanalyse, les hommes, les femmes, le début du XXe siècle, Vienne, etc. L’actrice principale, Keira Knightley, dont le jeu se limite à deux expressions (l’admiration énamourée et la crise d’hystérie), est à deux doigts de nous faire rire tant elle grimace.
Consacré au trio Freud-Jung-Sabina Spielrein, ce pensum peut être découpé en trois parties. Au premier tiers, on se dit que le metteur en scène n’a rien compris à la psychanalyse ; au second tiers, qu’il ne comprend rien à l’Europe ; et au troisième, qu’il ne comprend rien au cinéma, ce qui est nettement plus gênant pour le spectateur. On savait déjà que Cronenberg avait beaucoup baissé depuis « La Mouche » ou « Crash » ; mais avec « A dangerous method », il est difficile de tomber plus bas, et surtout plus plat.
« Cro » enfile soigneusement les perles kitsch du film d’époque ; les femmes sont bien habillées, les serviteurs discrets, les façades en pierre de taille, les parcs bien entretenus. Et surtout, surtout, le lac suisse est beau. C’est lui le vrai personnage principal du film. Le ministère de la Culture helvétique aurait-il participé au budget ? En tout cas, le lac est omniprésent ; il est immuablement bleu et sert de décor d’Epinal à une laborieuse succession de saynètes figées et de conversations lourdingues. Que d’eau, que d’eau, on frôle l’overdose. Tant qu’à faire, dommage que Cronenberg n’aie pas été jusqu’au bout de sa logique touristique : il manque au film la fondue suisse, le fermier d’alpage qui yodel et, surtout, les vaches violettes….

9 décembre 2011

L'euro sur la rue roule ; l'euro sous la roue reste*


L’Europe est-elle à l’agonie ? Un refuznik soviétique disait jadis qu’on reconnaît un régime qui sombre à son déferlement de langue de bois. Dans ce domaine, nous les Européens, on est à la fête. Ces derniers temps, les éditoriaux de la plupart des journaux se surpassent en jargon. J’en ouvre un au hasard, je tombe sur ces phrases inénarrables : « Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, et désigner à la vindicte populaire une Europe caricaturée. » En traduction, cela donne : « l’Europe, seuls ceux qui n’y comprennent rien trouvent que c’est caca ». Le plumitif, qui n’a pas froid aux yeux, continue en enfilant des perles : « Le populisme de gauche n’est ni moins vulgaire ni moins dangereux que le populisme dominant, de droite, qui fait des ravages dans d’autres pays de l’Union Européenne, et qui s’alimente pour partie de simplismes anti-européens ». Magnifique : vous rêvez d’un autre monde ? Eh bien, vous avez tort, et ce tort tue l’euro. Vous êtes aussi demeuré et pleutre que ces salauds de fachos.

On retient son souffle, l’article continue. La phrase définitive qui suit mérite qu’on la médite : « L’Europe est un grand projet politique, qui se trouve être notre seule planche de salut ». Le comité central n’aurait pas mieux enfoncé le clou. Pourquoi le dire et le redire, si c’est si évident ? Et l’article se termine en apothéose : « Plutôt que de la dénigrer, mettons toute l’énergie possible à améliorer l’Europe et à la démocratiser. » Voilà lecteur, c’est toi qu’on attend pour sauver l’euro, engage-toi et rengage-toi. Tu n’as pas ratifié le pacte de stabilité ? Groß erreur ! Et en plus tu as voté « non » en 2005 ! Mais alors, c’est ta faute, tout ce bordel ! Police, arrêtez cet homme ! Il a douté au fond de son cœur ! Il n’a pas signé ! Il est coupable !

*Fait partie des phrases impossibles à prononcer, de même que « seize jacinthes sèchent dans seize sachets secs ».

2 décembre 2011

Le sexe de la langue


J’avoue que je ne comprends pas tout à la politique belge, c’est si compliqué qu’il faudrait créer un troisième cycle de « politique belge » à sciences-po Paris. Les Belges eux-mêmes ne comprennent pas tout. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a du neuf « Outre-Quiévrain », bientôt un gouvernement ! Les agences de notation y sont pour quelque chose, elles qui ont retiré à la Belgique un de ses A pour cause d’endettement mais aussi de vacances gouvernementales depuis plus de 500 jours.

Des débats byzantins émergent sur une question que jamais aucun politologue français ne s’est posée : le futur Premier ministre, Elio di Rupo, sera-t-il « asexué linguistiquement » ? Je vous explique. La constitution belge exige que le gouvernement fédéral soit ou bien composé de 14 ministres (dont le Premier ministre) avec autant de ministres francophones (7) que de ministres flamands (7), ou bien de 15 ministres, à savoir toujours 7 francophones -7 flamands, auxquels s’ajoute le Premier ministre qui doit alors être « linguistiquement asexué ». Cela signifie qu’il doit renoncer à défendre les intérêts de sa propre communauté pour défendre les intérêts de son pays. Vous avez suivi ?

Quand même, poser la question du sexe de la langue ne manque pas de sel. « Et toi, ta langue, elle est quoi ? Française, espagnole ? De droite, de gauche ? Homme, femme ? ». Moi aujourd’hui, ma langue est espagnole, car je vais lire « El Pais » dans le Thalys (en plus, ça rime). Elle est de droite, car non, je n’ouvrirai pas ma bourse pour le SDF qui mendie dans le métro. Et pour le reste, décidément dans le train je ne serai ni homme ni femme, mais pas asexuée pour autant ; au douanier qui m’interrogera, je me déclarerai « transgenre ». Echapper aux catégories, ça doit être le pied : vive l’évasion sexuelle !

21 novembre 2011

Parlez-vous le frikapuk ?


« Le fric, c’est chic », chantait-on du temps du disco. Bienvenue sur la planète finance ! Elle swingue, elle rebat les cartes, il y a du neuf tous les jours. « Sous la très forte pression des marchés », comme on dit, le monde d’hier, celui de la « gouvernance » arrogante et dépensière qui pouvait tout se permettre, a tiré sa révérence. L’affaire DSK aura été un symptôme, celui de la fin d’une époque. Parce que les Zapatero, Berlusconi, Papandréou, sont impitoyablement remplacés par des hommes efficaces, ternes et sans état d’âme, de purs apparatchiks du capitalisme. Et en France, rien ? Non, Sarko est toujours là, malgré ses plans de rigueur tout riquiquis-bien gentils qui ne vont pas attendrir longtemps les tout-puissants marchés. Le suspense est insoutenable : combien de temps encore ?
En attendant, nous, les habitants de la zone euro, on a appris des mots nouveaux. Le taux de refinancement, les agences de notation, le spread, n’ont plus de secret pour nous. Les plus aguerris jonglent avec les swaps et autres taux directeurs. Dans la rue, on jargonne : « Et ton taux de refinancement, ça va ? » « Mouais… Les fondamentaux sont faibles… Mais je me suis rapproché de la neutralité vis-à-vis de mon indice de référence en termes de sensibilité à la variation des taux d’intérêt, tout en conservant un biais défensif. »
Européens, encore un effort pour parler couramment le frikapuk !

14 novembre 2011

AAA-Tchoum


L’agence de notation Standard and Poors a annoncé il y a quelques jours la dégradation de la note française. Panique à bord : quoi, ils ont osé nous rétrograder ? L’honneur du pays en a pris un coup. Serions-nous les nuls des marchés financiers ? C’est certain, les standard&pooris ont lu mon livre « Tchao la France ». Ils se méfient d’un pays incapable de rembourser ses dettes, parce que coiffé d’une élite vieillotte, doté d’entreprises gouvernées par une centaine de croûtons rances qui se renvoient l’ascenseur. Et où la seule nouveauté, ces jours-ci, c’est la sortie du disque de Lucien Gainsbourg, qui chante les chansons de son père : comme c’est neuf, comme c’est frais !
Heureusement, le déshonneur national des deux AA n’a pas duré. C’était un joke, ont affirmé ensuite les évaluateurs, mi-figue mi-raisin. On plaisantait, c’était juste pour égayer le 11 novembre, toujours un peu tristoune. AAA, mortelle la blague. La France, comme les andouillettes, aime les A : les cochonnailles bien de chez nous sont fières de leur label AAAAA. Mais ceux qui me lisent savent que je ne mange pas de ce pain-là, aaaaaaah non.
Moi, j’ai encore mon A, mAier, non d’une pipe ! Et je m’y agrippe. Sur l’échelle alphabético-financière, le A est chic, le B fait un peu pouilleux, et que dire des autres lettres ? Alors, vite, je m’auto-accorde deux AA de plus, avant qu’on ne vienne ausculter ma capacité de remboursement (il est vrai, faible).
MAAAier vous sAlue bien bAs.

31 octobre 2011

La bombe B, comme bébé

Depuis le lundi 31 octobre, on est 7 milliards sur la planète. Bienvenue au sept-milliardième, bienvenue… Ou malvenue. Devant cette marée humaine, la presse affiche pour la première fois une pointe d’inquiétude et un soupçon de désarroi. Un ton nouveau qui étonne, tant les médias ont coutume de « dédramatiser » les enjeux de la natalité. Et pas seulement en France, un pays champion en termes de préoccupations et de politiques natalistes, où les médias se montrent plutôt pro-bébé.
Jusque là, l’opinion commune était : changeons le mode de répartition des richesses et tout ira bien. La question du nombre se résumerait à un « simple » problème de partage des ressources, puisque 20% des habitants de la planète consomment 80% de ses richesses. Poursuivons le raisonnement. Si on va par là, la guerre n’est pas un problème non plus. On entend ici et là des bruits de bottes ? Il suffit de régler les antagonismes ethniques, religieux et territoriaux - bref, de faire la paix dans le monde - et voilà le dossier « guerre » instantanément clos. Et hop, la baguette magique de Harry Potter n’aurait pas fait mieux.
Qu’on ne s'y trompe pas, je ne suis pas une militante de la décroissance. D’abord j’ai deux gosses, donc je trouve malhonnête de dire aux autres : « Ne faîtes pas comme moi ». Mais je juge également faux-cul de s’abriter derrière le paravent de l’idéalisme (« Rien n’est plus beau qu’un sourire d’enfant ») pour justifier mes choix, discutables sur le plan collectif. En fait, je suis une Indignée du bourrage de crâne et du pathos. Qu’on cesse de nous vendre l’enfant-bonheur-qui-est-notre-avenir : la grande baby’llusion, ça suffit.

27 octobre 2011

Tintin, retourne à Moulinsart


La déferlante Tintin a commencé il y a une semaine, et elle se poursuit sans relâche. Est-il possible d’avoir un peu de répit ? D’entendre parler d’autre chose ? Je n’en peux plus : il y a du Tintin partout, sur Internet, à la télé, et même sur le nez des Thalys… Les suppléments dits « culturels » de certains journaux sont intégralement parasités par la vague jaune (avec le bleu, c’est la couleur dominante de l’affiche du film de Steven Spielberg, « Les aventures de Tintin ».)

Je comprends que Tintin intéresse les enfants, mais il semble de cet énorme tintamarre publicitaire soit aussi destiné aux adultes. Si si, les adultes sont tintinophiles, et ils vont voir le film, cela prouve qu’ils ont gardé leur âme de gosse. Moi, Tintin m’indiffère. Je l’ai aimé vers 8 ans, comme j’ai aimé « Le club des cinq », « L’étalon noir » ou « Le journal de Mickey ». Mais, vous n’allez pas le croire, j’ai grandi. Je m’intéresse à autre chose, à des trucs d’adultes, quoi. Ai-je le droit ?

Mais comment peut-on être tintino-tiède ? Quelques critiques se montrent pourtant réservés quant à la qualité du film. Les tintinophobes déclarés sont encore plus rares. Une poignée d’ex-colonisés frustrés, révulsés par les accents paternalistes de « Tintin au Congo ». Un ou deux artistes contestataires, comme le Belge Jan Bucquoy, connu entre autres pour ses talentueux pastiches et détournements du reporter à la houppe. Et certains historiens qui mettent l’accent sur le passé douteux de Hergé pendant la guerre.

Les autres doivent s’extasier devant la ligne claire d’Hergé, devant sa maîtrise du récit et des personnages. Il y en a qui vont jusqu’à analyser Tintin, le psychanalyser, le scruter de près. Un chercheur a même pondu une thèse de 700 pages qui compare les trois versions de « L’île noire ». ..

Tintin, on t’a à l’œil, et le bon. Mais s’il te plait retourne chez toi, à Moulinsart.

16 octobre 2011

C'est un monde !

Bonjour la foire aux adjectifs. La Révolution française nous avait laissé les Enragés et les Indulgents, nous avons aujourd’hui les Indignés et les Démondialisés. Les premiers sont apparus sur la scène du monde il y a quelques mois ; ces jeunes gens en colère tirent leur nom d’un livre français (« Indignez-vous ») mais, curieusement, il n’y en a pas en France. En France, pays du bon goût et de la mesure, on ne s’indigne pas car on sait rester digne, contrairement aux Suisses, aux Italiens, aux Espagnols ou aux Belges. Depuis quelques semaines, lancés par les primaires socialistes, il y a les Démondialisés ; ce sont ceux qui regrettent le monde de papa, les postes douaniers, les contrôles aux frontières et les procédures tatillonnes qui accompagnaient, il n’y a pas si longtemps, tout déplacement des marchandises et des personnes. Ces gens seraient-ils immondes, au sens de « hors du monde » ? Moi je ne suis ni Indignée ni Démondialisée – il faut dire que j’appartiens déjà au club des Exaspérés. Et, je l’espère, des Exaspérantes. Comme le disait Sacha Guitry, « du jour où j’ai compris quels étaient les gens que j’exaspérais, j’avoue que j’ai tout fait pour les exaspérer ».


Je suis quand même d’accord avec tout le monde sur ceci : le système demande à être émondé.

10 octobre 2011

Mille colombes

La paix, c’est beau, c’est bien, c’est noble, c’est Nobel. Enfin, Nobel… Alfred Nobel, créateur des prix du même nom, était un célèbre marchand d’armes du XIXe siècle ; c’est sur les conseils de Florence Nightingale, pionnière des soins infirmiers modernes, que le Suédois créa une récompense pour distinguer une ou des personnalités ayant œuvré au rapprochement entre les peuples. Tout le monde le sait, les hommes font la guerre, les femmes font du « care ». Ces dernières se soucient de l’avenir de leur progéniture, donc du monde, et se montrent, naturellement et instinctivement, anti-guerre. Elles sont pacifistes jusqu’au bout des ongles, vernis ou pas. Mais bizarrement, en plus d'un siècle, seules 12 femmes ont reçu le prestigieux prix Nobel de la paix. Le comité a fait un effort en 2011 en honorant la présidente du Libéria, Ellen Johnson-Sirleaf, sa compatriote Leymah Gbowee et la Yéménite Tawakel Karman. Mais trois, cela ne suffit pas à corriger le déséquilibre hommes-femmes qui entache le palmarès depuis sa création. Dans un souci d’équité, il aurait fallu saupoudrer davantage le prix, et l’accorder à cent femmes. Cent amazones de la paix avec une colombe blanche sur l’épaule, cent « Nobelle » : la photo aurait eu de la gueule. Mais les voies de la paix sont impénétrables. Regardez, par exemple, le Nobel de chimie 2011 : mine de rien, il œuvre pour la réconciliation. Il a été attribué cette année à l’Israélien Daniel Shechtman, un chercheur qui découvert les quasi-cristaux ; ce sont des cristaux dont les motifs sont réguliers mais ne se répètent pas, comme… dans certains motifs de l’art islamique. Damned ! Le dessous des cartes, la structure des choses, serait-elle musulmane ? « Les mosaïques du monde arabe reproduites au niveau des atomes », s’étonne le Comité Nobel. On attend à présent qu’une équipe de chercheurs saoudiens découvre des atomes disposés en forme d’étoile de David ; une avancée majeure qui permettrait sans nul doute de cristalliser le processus de paix au Proche-Orient. L’entente entre les peuples n’est, après tout, qu’une question d’atomes…crochus.

30 septembre 2011

Pigeon vole et bébé nage : comment toucher le fond de la piscine (sans Isabelle Adjani)

Les clubs « bébés nageurs » sont à la mode. Si vous n’avez pas de gosse, laissez-moi vous expliquer en quoi cela consiste. Dans l’eau chaude d’une piscine, on laisse macérer le cher mignon accompagné de ses parents et d’autres « puces ». Ce petit monde patauge donc dans un véritable bouillon de culture. Tout cela au nom du sacro-saint « épanouissement » du petit bout, puisqu’il paraît que cette « activité ludique » est indispensable pour que le bébé « développe son autonomie », sa « confiance en lui-même », sa capacité à « aller vers les autres ». Bref, c’est la révolution à la portée des nourrissons : liberté ! Dos crawlé ! Brasse coulée !
Mais qui croit bien faire se fourre parfois la nageoire dans l’œil. En effet, on apprend ces jours-ci que la piscine nuirait à la santé des enfants. Alerte dans les pédiluves ! Nager nuit gravement à la santé ! Un chercheur belge l’affirme : dans les piscines traitées au chlore, les produits organiques de dégradation attaquent l’organisme des enfants mâles de moins de 7 ans ; ça leur bouffe les couilles, leur pourrit le scrotum. A tel point que le risque de constater une fertilité défectueuse à l’âge adulte se voit multiplié par trois. C’est la conclusion d’une étude du professeur Alfred Bernard, toxicologue à l’UCL, un empêcheur de nager en rond qui avait déjà jeté un pavé dans le bassin l’année dernière en montrant que les bébés nageurs développaient quatre fois plus de bronchiolites que les autres.
Vous ne le saviez pas, mais les piscines portent le label « No Kid » ; une bonne raison pour s’y inscrire. Bientôt, même le mercredi on pourra s'ébattre en paix dans l'eau chlorée, entre adultes consentants et, de préférence, non-pissants.

22 septembre 2011

Déjeuner en pets

Pour accompagner mon bol de café matinal, j’ouvre un magazine culturel. J’en tairai le nom, pour préserver l’emploi dans ce secteur déjà sinistré qu’est le journalisme. Un crayon de papier à la main, je souligne toutes les phrases en jargon qui s’offrent au lecteur : elles sont nombreuses, je m’amuse.
Bonjour le pathos. Pour commencer, un artiste n’a pas de style, il « déploie une grammaire visuelle qui lui est propre ». Un décor possède des « lignes de fuite », sinon il peut aller se faire déconstruire ailleurs. Un spectacle n’est pas seulement original, il doit « détricoter les codes du genre ». Un metteur en scène ne se contente pas de monter un spectacle ; il (ou elle) « adopte une posture volontiers politique », par exemple quand il montre des mickeys qui dansent sur scène « pour leur émancipation » : ce faisant, le créateur « s’attaque aux processus d’aliénation », aux « structures normatives ».
Mais l’essentiel, n’est-ce pas que l’artiste soit « décomplexé » ? Qu’il « assume l’envie de se faire plaisir » ? Mais alors, que se passerait-il s’il assumait l’envie de se faire mal ou de faire mal aux autres (ce qui arrive plus souvent qu’on ne croit) ? On ne pourrait pas lui en vouloir, c’est qu’il aurait « pris des risques » en « optant pour une série d’options radicales ».
Ne pas oublier que toute création réussie est, forcément, « jubilatoire et salutaire » : le plaisir ne suffit pas, il faut en plus qu’il nous soigne. Les effets de l’art sur le cerveau ne sont plus à démontrer : toute œuvre se voit étiquetée « antidote au prêt-à-penser ». Attention, quand on aime, on devient forcément « accro » - mais, contrairement à la cigarette, cela ne tue pas. Car les rivages de l’Art sont aussi, cela va de soi, ceux du Bien.

17 septembre 2011

Même pas mort, Michel n’aime pas le Nord

On demande le petit Michel à la caisse du supermarché ! Michel Houellebecq a disparu le 13 septembre. On l’attendait pour une campagne de promo en Belgique et en Hollande, mais il a préféré jouer les filles de l’air. Enlevé par Al-Qaïda ? Egaré entre la carte et le territoire ? Coupé en morceaux, comme dans le dénouement (grotesque) de son dernier livre ?
Aux dernières nouvelles, il vient de resurgir. Il était tout bonnement chez lui, en Espagne, tout portable éteint. La vérité, c’est que, malgré son nom à consonance flamande (Houellebecq = Welbeek), Michel nous boude. Il n’aime pas le Nord. Les chicons au gratin, le boudin de Liège, la carbonade flamande, non merci (on ne peut, du reste, pas lui donner entièrement tort sur ce point). Michel suit la boussole de ses papilles : un écrivain qui organise son agenda en fonction de ses goûts culinaires ne peut pas être entièrement mauvais. Du reste, d’après des rumeurs insistantes, son prochain opus s’intitulera « La Carte et la mangeoire ».

7 septembre 2011

Parlez-vous le lacanien ?

Jacques Lacan est mort il y a trente ans. Il était un maître à penser génial, hors norme et touche à tout. Un semeur de zizanie qui a été l’enjeu de deux scissions dans la communauté analytique en France, et qui a tout fait pour relancer l’ « épidémie » qu’est la psychanalyse. Il a mis d’emblée son enseignement sous le signe du « retour à Freud », et sa pensée a été novatrice sur bien des points. Avide de nouveaux espaces, il n’a eu de cesse de faire sortir la psychanalyse de ses gonds à l’aide de la culture.
Mais la « Lacanie », ce n’est malheureusement pas que la pratique sans modération du divan et la lecture des Séminaires. C’est aussi une communauté, des publications, des mœurs et, surtout, une langue de bois lourdingue qui aurait fait les délices de Molière. La Lacanie est un pays folklorique où les habitants, rassemblés dans des groupes où l’obéissance et le conformisme sont de rigueur, ressemblent souvent à des caricatures de notables de la rive gauche parisienne. Nos lacaniens font parfois penser à ces combattants retrouvés sur une île du Pacifique plusieurs décennies après la fin du dernier conflit mondial : ils ne savent pas que la guerre est finie et que le temps a passé. Ils sont parmi les seuls en France à parler un jargon pseudo-intello très seventies et à croire qu’ils sont subversifs.

Pour illustrer mon propos, voici la fable La cigale et la fourmi traduite (par mes soins) en jargon lacanien :

« Je propose un cas clinique contemporain qui met en lumière le jeu du désir et du manque chez l’hystérique. Le sujet C a un symptôme : c’est une dépensière compulsive. Cette jeune femme est identifiée à un trait familial qui peut être épinglé comme une propension à la surenchère dans la dépense. Il s’agit dans la fratrie de C d’une véritable pulsion d’autodestruction puisqu’elle mena jadis à la ruine plusieurs de ses ascendants. Une scène-pivot est décisive. Aux tout premiers jours de novembre, date annonciatrice de la déréliction des éléments et de la claustration du sujet, celui-ci commet un acting-out. C, après avoir dilapidé ses derniers avoirs bancaires, adresse un appel à l’aide sous forme d’une demande d’argent à F. Celle-ci est une voisine décrite par C comme « laide, moricaude et courte sur patte », mais matériellement mieux pourvue. Tout se passe comme si elle possédait le phallus dont C se voit comme privée. Elle le revendique alors en lançant à son opulente rivale une véritable injonction qui ne trouvera sa résolution que sous la forme du traumatique refus qui ponctue cette saynète. Il est clair que F met ici en question sa Weltanschauung et désigne comme béant le manque chez C. Le « non » auquel cette dernière s’affronte vient faire fonction d’interprétation pour le sujet, qui se trouve brutalement confronté à la perte d’une figure généreuse purement fantasmatique. Le « vous avez chanté tout l’été, eh bien dansez maintenant » dont la gratifie sans ménagement F vient redoubler cette scansion et épingler l’inconsistance subjective de C. Le nouage des éléments laisse peu de place à l’arrimage par le sujet à un désir authentique déployé sur la chaîne signifiante. Aussi le désir, posé ici comme manque destructeur, s’avère-t-il impossible à assumer. S’incarne alors dans le réel pour C la désintégration mortifère et le vide sans recours auquel elle risque d’être confrontée à très court terme. »

A lire : le feuilleton littéraire en ligne qui paraît tous les jours impairs : « Cocktails et terreur à Saint-Germain-des-Prés ». C’est la suite de « L’Affaire Hem », dont tout le monde parle encore au Café de Flore. Et c’est, bien sûr, sur le site fumeur : touchalon.free.fr

31 août 2011

Vacances, je lis tout

Cher lecteur, je t’ai négligé. Tu t’en doutes, j’étais en vacances. En France, bien sûr, puisque, comme je l’ai écrit dans mon livre « Tchao la France », « la France est un paradis pour le touriste ». Je passe le mois d’août dans des gîtes ruraux où, dès l’arrivée, je détaille le contenu des rayonnages. Ils rassemblent souvent des incunables rendant l’âme, des rossignols sentant la poussière, des rebuts de grenier aux couvertures jaunies, bref tout ce qu’on ne lit plus. Jean Hougron, Mazo de la Roche, Henri Bosco ou Jean Carrière (« L’épervier de Maheux », ça vous dit forcément quelque chose ?) figurent en pôle-position du livre d’hier ou d’avant-hier. La spécialiste du déchet que je suis est à la fête. J’adore ces improbables dépôts d’ouvrages que l’on trouve fréquemment chez ceux que la page imprimée impressionne trop pour qu’ils songent à jeter un livre, même si plus personne ne l’ouvre.
Cette année, une fois le tour des vieilleries livresques effectué, je me suis approvisionnée à la bibliothèque publique la plus proche, celle de la Grand-Combe. Elle a le mérite de ne pas cacher ses opinions en se dénommant crânement « Germinal », ce qui convient parfaitement au teint de cette ancienne ville minière. J’y ai découvert un livre fabuleux. Il s’agit de « La saga des émigrants », du suédois Vilhem Moberg. Je vous raconte l’histoire ; en 1850, Kristina et Karl Oskar, un jeune couple de paysans scandinaves, décide de quitter sa terre stérile pour émigrer en Amérique, terre de tous les possibles. Ils sont accompagnés par deux valets de ferme, Robert, le frère de Karl Oskar, qui ne veut plus obéir à un maître, et par son compagnon Arvid, qui n’accepte plus d’être la risée du village. Seront du voyage également Danjel Andreasson, un hérétique qui souhaite croire librement, et Ulrika de Västergöhl, la prostituée que tous méprisent. Cette saga gigantesque de plusieurs milliers de pages est à la fois très documentée et inspirée. Voilà un livre totalement addictif sur l’exil, la force du rêve, le destin et les illusions perdues. Bravo ou « Snyggt jobbat », comme on dit là-bas dans le Nord.

28 juillet 2011

EDF : Enculés de France

Je pars en vacances demain. En France, dans un bled des Cévennes. J’ai regardé sur la carte : la centrale nucléaire la plus proche est située à 95 km à vol d’oiseau. C’est loin mais c’est encore bien trop près. Et ce n’est pas les enfumages du JT sur le thème : « Fukushima ne pourrait pas arriver chez nous » qui vont me rassurer. Non seulement j’ai peur du nucléaire, mais j’ai peur du nucléaire made in EDF.
Je sais de quoi je parle : j’ai bossé 12 ans dans cette boîte comme petit cadre. Pas par goût, mais simplement parce que ce taf sans intérêt était payé. J’ai finalement réussi à me faire virer, ce qui relève de l’exploit. A EDF, beaucoup se la ferment : c’est l’emploi assuré contre l’omerta. Je garde l'image d’une entreprise qui fonctionne en vase clos avec la bénédiction de l’Etat, de chefs arrogants d’une rare incompétence, de hiérarques qui défendent la règle du « zéro information » en cas d’accident - naturellement, c’est off. Si ça pète, vous mourrez paisibles, vous n’aurez même pas le temps d’avoir peur.
Ça craint, quand même. Nucléocrates au-dessus des lois, données sismiques falsifiées, dizaines de milliers de sous-traitants exposés sans vergogne aux rayonnements radioactifs : c’est cher payé pour se chauffer. Hardi petit, de nouveaux réacteurs sont construits, des convois de combustibles et de déchets nucléaires traversent la France au mépris des règles de sécurité les plus élémentaires, des matières radioactives sont rejetées dans les eaux, dans l'air. Français, vous êtes concernés, vous devriez êtes consternés. Allons, encore un effort pour crever irradiés.
A lire sur le nucléaire : "Thèses sur Tchernobyl", de Günther Anders, Editions de la Soupente.

23 juillet 2011

Le Prince et la bergère

MLP (Marine Le Pen) tend la main à la Wallonie. Elle fait de grands signes : « Venez, rejoignez-nous ! » La Wallonie rattachée à l’Hexagone ? On ignore si elle le souhaite. Certes la pauvrette pourrait se trouver un peu seule sur la carte de l’Europe au cas où la Belgique éclaterait. Mais qui vivra verra, et chocolat peut-être sera. Pour l’instant, tout est calme Outre-Quiévrain. Pas de gouvernement – et alors ? Mieux vaut pas assez que trop. Depuis 2007, des indicateurs comme la confiance des consommateurs ou celle des chefs d'entreprise évoluent exactement de la même façon en Belgique et dans l'ensemble de la zone euro. Et depuis sept mois, pas la moindre trace de décrochage de la confiance des Belges sur leur situation économique par rapport à ce qui est observé dans les pays qui les entourent. Y a pas le feu à Knokke-le-zoute.
Mais la tendance est au frotti-frotta franco-belge. L’histoire d’amour de l’industriel Arnaud Lagardère et du mannequin belge Jade Foret donne le ton. Demandez la vidéo sur youtube, qui compte déjà 500 000 spectateurs d’un spectacle kitch digne des seventies. La robe panthère de la demoiselle, ses bottes avec des petites fleurs, l’air d’amoureux transi du ténébreux capitaine d’industrie, y sont pour beaucoup… C’est vraiment dommage qu’ils ne chantent pas. On les imagine reprendre en duo « Besoin de rien envie de toi », le tube de Peter et Sloane. Allez, une chanson, une chanson ! Et, par pitié, épargnez-nous la Marseillaise et la Brabançonne.
(Pour les vacances, l’indispensable feuilleton de l’édition : touchalon.free.fr)

18 juillet 2011

Dans le chaudron d’Astérix le Gaulois

Je vous disais dans mon post précédent que les Français de l’étranger (de même que les cosmopolites et autres inclassables) sont parfois suspects. La preuve : Eva Joly, à la fois Norvégienne et Française, candidate écolo à la présidentielle, s’est vue reprocher sa bi-nationalité. Elle propose de remplacer le défilé du 14 juillet par un défilé « citoyen » ? C’est parce qu’elle ne comprend rien à la « francitude » - la pauvre, elle descend de son drakkar. Il paraît que quant on n’est pas un « vrai Français », on n’a pas la République dans son ADN, on n’a pas la nation dans son logiciel.
Moi, franchement, je n’aime ni les défilés militaires ni les défilés citoyens. Les rodomontades nationalistes me déplaisent autant que les culcul-teries mièvres et rassembleuses. Par définition, tout ce qui porte l’adjectif « militaire » ou « citoyen » suscite chez moi la méfiance. Chère Marianne, pour le 14 juillet, tu peux te garder les parades à la noix. Moi je veux bien célébrer quelque chose, mais avec de la bonne bouffe et de la picole. Et cette année, je me suis sentie flouée. La réception organisée par l’Ambassade de France en Belgique pour la fête nationale faisait un peu pauvre. Vu la qualité médiocre du mousseux, il est clair qu’il y a un problème en métropole.
Qu’est-ce que vous foutez, les Français de France ? Vous pensez peut-être que les émigrés ont oublié le goût du vrai champagne ? Dîtes la vérité, nous ne nous aimez pas, nous qui sommes partis à l’insu de votre plein gré. Des orgies, nous voulons des orgies. Quant au reste, les bustes en plâtre, le drapeau tricolore, la Marseillaise et autres marches des fiertés pour gros muscles, vous pouvez les oublier à la consigne avant de monter dans le train.

9 juillet 2011

Un Français sans la France est comme un poisson sans bicyclette

Je suis contente. David Douillet, populaire champion de judo, va représenter les deux millions et demi* de Français de l’étranger. Bien sûr, j’aurais préféré Yannick Noah, qui habite New York : vivre ailleurs, il connaît. Mais avec David nous serons, c’est certain, bien défendus. On en a besoin, car certains ne nous aiment pas. La preuve, les projets de remise en cause de la pluri-nationalité et la proposition (retoquée) de surtaxation des résidences secondaires des Français vivant au-delà des frontières. C’est que celui qui est parti est suspect. C’est quelqu’un qui n’aime pas la France. C’est un traître au régime, comme ces nobles qui ont fui la Révolution en 1789 ; c’est un agitateur, comme ces républicains et communards exilés au XIXe siècle. C’est un planqué, comme ces millionnaires qui fuient lâchement la fiscalité républicaine. Une atmosphère de défiance et de soupçon nous entoure comme un halo déplaisant. L’autre jour, à Paris, un inconnu m’a alpagué dans la rue pour me demander : « Madame Maier, vous êtes partie pour des raisons fiscales ou politiques ? » Pourquoi faut-il sans cesse se justifier* ?
Mais les politiques ne peuvent pas négliger le million d’électeurs, dont le vote sera décisif pour la présidentielle de 2012. Alors, un petit coup de pommade sur le dos ? Moi j’aime qu’on me flatte, qu’on me cire les pompes. Qu’on me dise que je suis, quelque part, une ambassadrice de la France en terre étrangère. Qu’on me réserve des invitations pour le buffet du 14 juillet à l’Ambassade. Pourquoi pas des sièges réservés dans les transports franciliens, qui nous seraient utiles lors de nos passages en métropole ? Et des tickets d’alimentation (parce que la bouffe, à l’étranger, il faut bien reconnaître que c’est pas toujours ça) ? A quand les paniers-orgies distribués par les consulats de France ? Les largages de vivre effectués depuis les avions Air France ? A moi vaches, cochons, couvées, œufs en meurette, paupiettes, fromage de tête, andouillettes, blanquettes, alouettes…
La France me donne faim. Un électeur bien nourri est un électeur conquis.

*D’après l’audit des parlementaires de la politique d’immigration, d’intégration et de codéveloppement rendu public le 11 mai 2011.
*La rubrique d’à côté, consacrée aux « éditions » Michalon, vous donnera un aperçu de l’état de mon porte-monnaie.

30 juin 2011

Causses toujours

On apprend que les Causses et les Cévennes sont désormais inscrites au patrimoine mondial de l’humanité. Figurer à ce palmarès nous est présenté comme une grande victoire. De quoi s’agit-il ? D’une sorte de festival de Cannes du paysage ? D’un concours général de la ruralité ? Cette agitation autour d’endroits dont nul ne parle jamais m’a fichu un coup au moral. Il s’agit bien sûr de « favoriser le tourisme en donnant à la région une notoriété internationale ». Je redoute le pire. J’aime beaucoup les Cévennes, j’y passe au moins un mois par an, et j’apprécie qu’il n’y ait… rien. Pas de festival, pas de concert, pas d’animation, ou si peu. La fête de l’âne, tout au plus, curieusement peu courue… Je crains la création d’un « espace Cévennes », avec autant de « projets culturels », de « médiateurs environnementaux », drainant un afflux de touristes en habits bariolés crapahutant avec audioguide collé aux oreilles. Pourquoi pas un parc d’attraction, Caussania ou Cévenoland, promu par les comités d’entreprise sous forme de « forfaits week-end » ? Il faut bien « développer la région », me rétorque-t-on. C’est le touriste ou l’exploitation des gaz de schiste. Cette sorte de gaz naturel est extraite à partir de terrains schisteux ; le gouvernement a délivré discrètement en 2010 des permis autorisant l’industrie à prospecter dans le Midi-Pyrénées. Au programme, méthane à tous les étages, trous dans le sol, produits chimiques et eaux polluées.
Entre Charybde et Scylla, j’ai choisi, je préfère encore le touriste. Je ne suis pas gasochiste.

16 juin 2011

Un "américain-frites", un !

« La contribution belge à la culture mondiale, on le sait, se limite à des gaufres moles, quelques variétés de bières et du chocolat. » C’est en tout cas ce qu’affirme Danny Wind, un Américain. Cet auteur d’un livre au titre décalé, « Let’s kill the Belgians : A Child’s Guide to Genocide », pose une question brûlante : « Qu’ont fait les Belges de leur temps ? » Et propose une réponse loufdingue : « Peut-être que la Belgique étouffe le monde avec ses gaufres sucrées pour détourner notre attention de ses ambitions impérialistes grandissantes, alors que les Belges construisent une machine de guerre dont Alexandre le Grand ou Gengis Khan n’auraient pas osé rêver. Alors que l’Amérique tergiverse au Moyen Orient, le vrai ennemi se renforce. » Bigre, on tremble.
Son manuel d’instruction révèle aux enfants américains le plan démoniaque belge et leur donne les moyens de combattre l’invasion. Aux armes citoyens, le péril menace. Car « Si les Belges en avaient l’occasion, ils envahiraient l’Amérique ». Et ensuite, que se passerait-il ? « Les Belges tueraient votre maman et votre papa. Ils vous feraient apprendre le belge à l’école et vous feraient manger des gaufres trois fois par jour.» Des gaufres et peut-être même des choux de Bruxelles, cette abjection puante déguisée en aliment. Trop c’est trop. La bouffe comme extension du domaine de la guerre, ça, c’est vraiment dégueulasse.
Je parle très bien de ce livre, mais je n’ai pas pu me le procurer. Il a été retiré de la vente suite aux réactions pincées d’un certain nombre de journalistes. J’entends d’ici les forces de la bien-pensance faire la leçon d’une petite voix sucrée : « Ah, n’est-ce pas, on ne peut pas rire de tout, ce n’est pas le moment, vu les événements en Belgique… » Quels événements, du reste ? Que se passe-t-il de si grave qui nous interdise de rire ?
Extrayons le suc de ce fait divers. 1) Les forces de la bêtise sont toujours actives ; 2) L’humour belge est surfait ; 3) La gastronomie belge mérite un réexamen attentif et critique.
Messieurs les censeurs, bonsoir. Et si jamais Danny Wind lit ce post, je l’invite à dîner… Au menu, de l’« américain-frites », le plat préféré des Belges : ce sera la fête !

11 juin 2011

Women remix ?

La France, pour les femmes, ça craint. Ne me dîtes pas que vous été dupe de la mystique égalitaire française, « nous en France on peut avoir des enfants et bosser en même temps, on a de la chance » ? Travailler en France, oui, les femmes peuvent, mais pour faire quoi ? Un truc un peu nul et sans perspectives ? Ou alors à mi-temps et « dis merci à ton employeur car tu as le temps de t’occuper de tes gosses ? » Pas étonnant qu’au palmarès des inégalités hommes-femmes dans le monde, la France fasse figure de tortue. D’après un classement établi par le Forum économique mondial sur 134 pays, elle est à la 46e position en 2010, juste derrière la Pologne, la Jamaïque et la Russie. Les mieux classés sont les Scandinaves, peut-être parce qu’ils habitent la patrie du Père Noël.
Les langues se délient, l’affaire DSK pourrait contribuer à « faire bouger les lignes », comme on dit en sarkolangue. Il était temps. Je vous raconte une anecdote significative. Je me rends au Salon du livre de Paris il y a quelques années. Je vais à la rencontre d’un éditeur avec lequel j’ai signé un contrat pour rédiger un petit ouvrage de vulgarisation. Lui et moi on ne s’est jamais rencontrés, on a échangé par emails ; sur le stand de sa maison d’édition, je m’avance vers lui, et je me présente. Il me tourne illico le dos et se met à parler à quelqu’un d’autre. Je pense qu’il n’a pas entendu, je recommence, « Bonjour, je m’appelle Corinne Maier…». Il me regarde à peine et lâche : « Ah, je vous demande une minute ». J’attends un peu, il est toujours occupé, tant pis, je quitte l’étal, passe devant lui en faisant un salut de la main. Là, pour la première fois, il me regarde vraiment, et il marmonne : « Excusez-moi, je vous avais prise pour une stagiaire ».
Être une femme, c’est être prise pour une stagiaire tout le temps. Ca veut dire qu’on vous laisse le strapontin, le tabouret ou l’escabeau, et parfois la sellette. Bref, un siège d’appoint. Mais tout va changer pour moi, non pas parce que l’égalité progresse à pas de géant, mais parce que je vieillis. Bientôt, on ne pourra plus me prendre pour une stagiaire. On me proposera peut-être une chaise, une vraie chaise, où je pourrai prendre mes aises. A moins que, d’ici là, je n’aie le cul dans le beurre : plus besoin de quémander pour m’asseoir. Mon portefeuille bien rempli me permettra de m’offrir une chaise à porteur.

3 juin 2011

“The tree of life” : quand Bambi traverse le styx

Le film « The tree of life » est un film extra-doux. On ressort de là dans un drôle d’état : navré, embarbouillé, tout confus de niaiserie. On a les jambes lourdes d’avoir traversé un si long marécage. Cette matière collante et glissante, qui gicle de partout, c’est quoi, au fond ? De l’âme ? De l’âme en poncifs ? De la belle âme ? Quelque chose d’assez indigeste pour que l’envie de se moquer et de ricaner se soit éteinte au fil des images. N’empêche que ça plait. Les critiques sont bonnes, peu reculent devant ce monument de kitch new age. Ça plane. Rien ne fait peur à Terrence Malick. Terre vue du ciel, dinosaures, parcs naturels américains, paramécies, c’est beau la vie. On a de la chance de vivre sur terre. L’actrice est belle, ses vêtements sont larges, elle est pieds-nus, elle marche lentement ; une voix off susurre des choses profondes, tandis que la musique (une messe) nous fait comprendre que c’est très-très profond. Dès fois que le spectateur n’aurait pas compris… Emotion, c’est le cri de ralliement. On n’en revient pas de tout ce nirvana. A un moment, le film manque de basculer – le père est vraiment trop autoritaire. Mais qu’on se rassure, ça ne dure pas. Finalement, la famille, tout compte fait, c’est de l’amour. Et voilà. Du point de vue de la morale, c’est irréprochable. Du point de vue du neuf, ou simplement de l’humour, c’est un désastre, pas l’ombre d’un trait d’esprit, pas une once d’ironie, tout est d’un premier degré abject. Et, je vous le donne en mille, la sagesse de la fin, injectée sous forme d’un prosélytisme de l’Inexprimable : par amour, on peut accepter de perdre un être cher. Par amour. Vous comprenez ? Cela va loin, n’est-ce pas. Bienvenue au royaume de la nouvelle religiosité enchantée. Mais rien n’est perdu : le spectacle de tous ces metteurs en scène en train de prendre la route des mythes et des contes de fées est en lui-même un sujet de film. De film comique, bien entendu.

28 mai 2011

DSK dans le chaudron de Freud

La DSK mania, qui traumatise et fascine la France entière, s’est un peu calmée. Donner son grain de sel sur les nouvelles, c’est bien, mais loin de moi l’idée de vouloir « décrypter l’actu » comme on dit vulgairement. Je préfère commenter les commentaires, qui eux-mêmes commentent les commentaires, etc. Ce qui m’étonne le plus dans le fond ce qui a été dit et écrit sur l’histoire DSK, c’est que certains (y compris des psys) s’étonnent qu’on puisse désirer autre chose que ce qu’on veut. Et, dans la forme, il est à remarquer que trois arguments ont été brandis dans les médias pour défendre DSK :
1) Il est innocent ;
2) Ce qui est arrivé n’a pas d’importance, « il n’y a pas mort d’homme », ce n’est qu’un « troussage de domestique » ;
3) Tout cela est la faute de la justice américaine, notoirement anti-française et aveuglée par une vague d’égalitarisme et de féminisme.
On le voit, les différents énoncés sont contradictoires. De la même manière que l’argumentation développée dans l’histoire du chaudron rapportée par Freud. La voici ; un homme emprunte un chaudron à un ami. Quand il le lui rend, l'ami se plaint que le chaudron est percé. Alors, pour se défendre, notre homme déclare : « Je ne t'ai jamais emprunté ton chaudron, et puis je te l'ai rendu en bon état, et d'ailleurs il était déjà percé. » Tout ça pour dire : quel chaudron, déjà ? Je ne suis pas responsable, je n’y suis pour rien.

Ce sont des procédés qui cachent, en fait, un aveu. Les amis français de DSK, sous couvert de vouloir le défendre, auraient-ils avoué leur désir de couler un homme si puissant, un si brillant rival ?

19 mai 2011

DSK : le festival de Kahn

DSK a dit « tchao » à la France, sans grande élégance mais de manière radicale. Ce qui est amusant dans cette histoire qui alimente toutes les conversations, c’est qu’il y a toute une gamme de réactions, la palette est large et va de la rigolade jusqu’à l’indignation. Et l’attitude de votre interlocuteur est très révélatrice de sa personnalité : plus fort que le test de Rorschach. A quelle catégorie appartenez-vous ?
Parano : « C’est un coup monté. Ce sont certainement les Chinois qui sont derrière tout ça. Ou Sarkozy. »
Franchouille : « Mettre les menottes à ce type comme s’il était un vulgaire délinquant… Quels pourris, ces Américains… Ils détestent la France, c’est clair. »
Grivois tendance macho : « Une jolie soubrette, hé hé hé… Ce DSK, on dira ce qu’on veut, mais il sait vivre. »
Féministe : « Les hommes qui se croient tout permis, ça suffit. »
PS : « Il est innocent, la preuve, c’est mon ami. »
Juridique : « Quels sont les chefs d’accusation, déjà ? Je crois qu’il a de bons avocats. Attendons le procès pour en parler sereinement. »
Réactionnaire : « Sous de Gaulle, un tel scandale aurait été impensable. »
Belge : « Chez nous, ça n’arriverait pas, Elio Di Rupo n’aime pas les femmes. »
Psy : « Un cas intéressant de déclenchement psychotique accompagné d’un passage à l’acte. »
Gauche de la gauche : « C’est une bonne chose, ça fout dans la merde le FMI, qui a ruiné tant de pays en menant une politique anti-sociale. »
Outré : Et la victime ? Personne n’en parle ! »
Romanesque : « Ce bras de fer entre une femme jeune, noire et pauvre, et un vieux blanc riche et célèbre, quel suspens ! Qui va gagner ? Plus fort que la télé-réalité ! »
Inspiré : « DSK, c’est Booz ! Mais si sa gerbe ne fût pas avare, elle fût haineuse…»
Libérale : « DSK a fait la preuve de sa valeur à la tête d’une institution prestigieuse. Mais les hommes passent, les organisations restent. »
Blasé : « Tout le monde sait que ce mec est un malade du cul. »
Touriste : « Vous, les Français, vous êtes vraiment incroyables. »
Voilà, grâce à DSK vous en savez davantage sur vous-même.
Et n’oubliez pas, rendez-vous samedi 21 mai à Bruxelles pour la 3e édition de la Fête des Non-Parents, organisée par Frédérique Longrée et Théophile de Giraud. C’est au bistrot la Goutte, 135 avenue de l’Hippodrome, 1050 Bruxelles, dès 20 heures. Site : http://nonparents.skynetblogs.be/

15 mai 2011

La tontonmanie, ça suffit

Le trentième anniversaire du 10 mai 1981 nous submerge de colloques, d’articles, de livres, d’émissions télé consacrés à François Mitterrand. Il en pleut de partout, moi j’ai enfilé mon ciré, gare aux éclaboussures. Je suis étonnée de ce qu’on puisse, au premier degré, « saluer la mémoire de cet homme ». C’est quand même le type qui a capté l'héritage socialiste à des fins impénétrables (les siennes), mais certainement pas sociales. Copinage, filouteries et mensonges, telles furent les couleurs des années Tonton. Avec la complicité de son entourage et des médias, il a fait avaler aux Français toutes les couleuvres de sa vie. Le rusé s’est arrangé pour les distiller en loucedé et a soigneusement orchestré leur mise à jour : son passé d'extrême droite, Bousquet, les scandales de l'Élysée, sa seconde vie de couple, sa fille « adultérine », son cancer. Défi à la servilité ? Mépris souverain du peuple et des autres ?
Comme l’écrit si bien Jean Baudrillard, il reste de Mitterrand le sarcasme, la manipulation figée du Commandeur, l'ironie obscure et dominatrice de celui qui tient la place du mort. Ce que le masque figé et le pâle sourire incertain exprimaient déjà, de même que sa fameuse phrase flirtant avec le kitch, « je crois aux forces de l’esprit ». Reste de lui la conviction, bien ancrée en certains d’entre nous, que rien ne peut changer – ça fait pas mal d’années que je ne vais plus voter. Une vérité amère qui condamne une gauche durablement dévitalisée par les métastases mitterrandiennes à perdre les élections présidentielles. Quoique… L’année 2012 sera l’année du dragon, et, si l’on en croit le site asiaflash.com, une année favorable aux initiatives les plus insensées et aux réussites les plus folles. Il faudra au moins ça pour conjurer les mauvaises ondes de celui qui se fiche de nous là-haut. Vade retro miterrandas !

Lire : Jean Baudrillard, « L’ombre du Commandeur », Libération, 5 février 1996.

5 mai 2011

Invisible Ben Laden

Alors, et cette photo de Ben Laden mort, c’est pour quand ? Voilà le trophée que le monde entier attend. La preuve, quand on tape « photo Ben Laden » sur google, on trouve près de douze millions de références… On risque d’attendre en vain, car le président américain Obama a déclaré : « A cause des risques de représailles, pas de photos, elles sont atroces. » Non, pas possible ?! La CIA aurait dû y penser avant de lui faire exploser la cervelle : la communication c’est important. Un mort célèbre doit être présentable. Le camarade Che Guevara, lui, a su garder sa dignité jusque dans la mort.
Un cadavre jeté à la mer, des photos gardées secrètes : Ben Laden mort restera donc invisible, à l’image de sa vie. Depuis des années il vivait sous le radar, sous tous les radars, pas de téléphone, pas d’Internet. Un homme d’autant plus dangereux qu’il était caché, qu’il échappait à tout repérage, à toute coordonnée. De même que son organisation, Al-Qaïda, cette nébuleuse aux contours flous, dont tout le monde craint aujourd’hui la vengeance. Invisible, c’est vraiment le mot, le fin mot du destin de Ben Laden. Et c’est par là, peut-être, qu’il a piégé les Américains, qui lui ont offert ce qu’il voulait : être aussi invisible mort que vivant. « Invisible j’ai été, invisible je resterai. Donc, je ne suis pas vraiment mort, puisque je n’étais pas vraiment vivant non plus. Je serai aussi dangereux mort que vivant. »

Plus gai : lire le feuilleton littéraire que tout Paris s’arrache, "L'affaire Hem", sur le site Internet de référence : touchalon.free.fr.

25 avril 2011

La mère Anémone est-elle une ordure ?

Le scoop de la semaine dernière : l’actrice Anémone lâche un pavé dans la mare de la maternité aux micros de France Infos. « J’aurais été plus heureuse sans enfants », avoue celle-ci, tout en précisant quand même qu’elle s’est toujours occupée du mieux qu’elle le pouvait de ses deux rejetons. Scandale ! Que voilà une mère indigne, une femme aigrie ! Tout le monde en parle sur le Net. Manifestement, on ne plaisante pas avec ce tabou contemporain qu'est la maternité.
L’évoquer autrement que pour dire « je suis une mère comblée, mes enfants sont ma joie de vivre » est impensable. Il aurait mieux valu qu’Anémone parle de partouzes sado-maso, de sodomie ou de ses hémorroïdes, cela aurait suscité moins de commentaires. Anecdotique ? Non, révélateur. Ce que dit Anémone, c’est : « J’ai fait ce que j’ai pu et ça suffit ». Pas de doute, ça suffit, et un célèbre pédiatre a pu faire l’éloge de « la mère suffisamment bonne » - car trop bonne, c’est trop. Dans les services psychiatriques des hôpitaux, il y a pas mal de gens qui ont eu des mères trop bonnes.
Par ailleurs, il est amusant de noter que l’idée de « faire son devoir » est passée à la trappe. Avant, probablement avant 1968, les gens élevaient leurs enfants et allaient bosser par devoir. On en chiait, mais il le fallait, c’était comme ça. Maintenant, on en bave toujours autant (ne venez pas me dire le contraire) mais il faut y prendre plaisir. C’est le règne du surmoi, dont l’injonction est double : « obéis, marche en rang », et « jouis ». Sur ces bonnes paroles, je vous laisse car les besognes ménagères n’attendent pas. Le devoir m’appelle.

14 avril 2011

Je suis couverte

Burqa = attentats = caca. La loi interdisant de porter le niqab ou la burqa en public est entrée en vigueur lundi 11 avril en France. Il y va, paraît-il, de notre sécurité et de nos libertés. Qui ne s’y conforme pas s’expose à une amende de 150 € ou à se voir imposer un cours de citoyenneté. Moi, je suis concernée au premier chef. Non pas pour des raisons religieuses, car de religion je n’en ai pas. Mes parents, élevés dans des cultes différents, m’ont toujours dit : « tu choisiras quand tu seras grande ». Comme je n’ai pas très envie de grandir, je n’ai jamais choisi, et ça attendra. Non, cette interdiction me concerne pour des raisons dermatologiques. En effet, mon docteur vient de m’annoncer que j’étais atteinte de chloasma : rien de bien grave, ce sont des taches marrons pas très jolies qui apparaissent sur le visage. Mais me voilà interdite de bronzette. Le soleil, dorénavant, est mon ennemi. Pas un seul de ses rayons ne doit toucher mon blanc visage. Que faire ? Quel pare-soleil adopter ? Ecran total, sombrero, crème blanchissante façon Michael Jackson ? Cela ne suffira pas. J’ai pensé à une voilette intégrale. Une idée qui me met de plain-pied dans l’illégalité. Je m’en fiche, si la police me verbalise, je peux produire un certificat médical. Et un mot des parents certifiant que j’ai été élevée dans un contexte pur porc non-religieux. Avec toute cette paperasse, me voilà couverte. N’est-ce pas l’essentiel ?

4 avril 2011

Les symboles n’ont pas de bol

Aujourd’hui, on reçoit deux cartes postales plaisantes venues du Nord de la France. A Neuville-en-Ferrain, un buste de Marianne aux seins trop avantageux a été retiré de la salle des mariages. A Bauvin, c’est le portrait du président de la République qui a été décroché : certains époux refusaient de se dire oui sous le regard de Nicolas Sarkozy. Une Marianne trop sexy chez les uns, un président pas assez glamour chez les autres. Neuville se la joue « cachez ce sein que je ne saurais voir », à Bauvin, c’est « cachez ce nain que l’on ne peut plus voir ».
Au placard, les symboles de la République ! Le buzz monte, la polémique gronde chez les Neuvillois et les Bauvinois ; qu’est-ce qu’un symbole de la République ? Où est le mode d’emploi, quelles sont les dates de péremption ? Cela tombe à pic, un rapport parlementaire sur le respect des symboles de la République a été récemment bouclé. Une loi s’impose, car la guerre civile menace. Décidément, le Nord est plein de surprises : vive les ch’tis.

23 mars 2011

Ça plane pour nous

La France est en "burn out". Voilà le diagnostic sans appel que Jean-Paul Delevoye, médiateur de la République, vient de soumette au Président. L'année dernière, Delevoye annonçait déjà une société "en état d'épuisement psychique". C'est de plus en plus grave, la patiente risque la mort cérébrale. Et au-delà des bornes ya plus de limites. Heureusement notre Président nous fait prendre l'air. Comme Tom Cruise, droit sur ses petites jambes dans "Top Gun". Direction la Libye de Khadafi. Mais kécékça, la Libye ? Voici la description édifiante trouvée sur Internet (centraledesnations.com), à lire avec la componction qui sied : "La Libye est un vaste pays qui s'épanoui dans les plaines du désert du Sahara au nord de l'Afrique. La mer Méditerranée façonne le panorama de la magnifique Libye. Une bonne partie des côtes se glissent sous le Golfe de la Grande Syrte. Le climat est vigoureusement chaud et sec à cause de la présence du désert. Cette spécificité désertique fait en sorte que les nuits de la Libye sont considérablement fraîches malgré la chaleur étouffante qui assèche les journées. Toutefois, la proximité de la méditerranéen rend la zone territoriale du nord plus confortable. Ainsi, c'est dans un spectaculaire mélange de dunes de sable et de plages qu'existe la Libye." C'est beau, non ? Cela donne envie d'y aller. Justement, ça tombe bien. Pensez à à tous les dictateurs, les despotes, les roitelets liberticides qui règnent outre Méditerranée ! Ouste, dehors les satrapes ! Rafales, Mirages, missiles Tomahawk, qu'un bras vengeur s'abatte sur les tyranneaux ! Pour les bouter hors d'Afrique, nous traverserons tous ensemble la mer en pirogues, portés par un bel élan républicain ! Libye, liberté ! Khadafi, tes jours sont comptés ! Mouammar, prends-en plein la poire ! Demain, monterons-nous un taxi pour Tobrouk ? Non. Plutôt dans une galère pour Benghazi. Nb : tout sur Michalon, l’éditeur piège à cons, sur touchalon.free.fr. Et, comme les cons se rebiffent, lire nos témoignages sur notre site, juste à côté du blog.

17 mars 2011

Une ambiance atomique

Je ne sais pas vous, mais moi j’ai peur. Des fléaux quasi-bibliques se sont abattus sur le Japon (tremblement de terre, vague géante, à présent désastre nucléaire). La terre, l’eau, puis le feu : rien n’aura été épargné à l’Archipel du Soleil levant. Des mangas, mais aussi des jeux vidéos, avaient anticipé sur la réalité. Comme Disaster Report 4, dont la sortie a été annulée ; le pitch ? Survivre à une catastrophe naturelle en évitant les dangers d’une ville complètement dévastée… Dommage, les Français auraient pu apprendre beaucoup en pianotant sur leur Playstation. Ils auraient pu se préparer. Ça y est, vous avez votre compteur Geiger et vos pastilles d’iode ? Vous connaissez la différence entre becquerel et sievert ? Quand vous aurez calfeutré vos fenêtres et vos portes, il sera temps de vous mettre à écrire le best-seller de demain, « La radioactivité pour les nuls ». Tout en sifflotant, naturellement, le tube de Kraftwerk, Radioactivity. 80% de l’électricité française est d’origine nucléaire : un record mondial ! Encore une raison de quitter la France, même si on vous répète que « ça ne pourrait pas arriver dans l’Hexagone », où « les réacteurs sont sécurisés ». La question atomique faisant office de dogme politique défendu par un quasi-secret défense, il en faut beaucoup pour secouer le cocotier du consensus. De même que la guerre est une chose trop sérieuse pour qu’on la laisse aux militaires, le nucléaire est trop dangereux pour qu’on le laisse aux mains de nucléocrates. Nom d’un champignon ! NB : à la veille de l’ouverture du salon du livre de Paris, lire le feuilleton littéraire dont l’inénarrable éditeur Michalon est le héros involontaire ; tout sur le site Internet de référence : touchalon.free.fr

10 mars 2011

Opération walkyrie

Marine Le Pen caracole dans les sondages ; elle sera probablement, d’une façon ou d’une autre, le personnage-clé des prochaines présidentielles. Je n’ai toujours pas compris pourquoi certains l’appellent « Marine » ; on devrait l’étiqueter « MLP », comme DSK. Depuis le sondage de samedi dernier, qui a placé pour la première fois MLP en tête des intentions de vote pour 2012, c’est l’émoi. La preuve est faite, la France pue sous les aisselles. C’est le sujet de mon essai récent « Tchao la France » ; j’en vois certains qui protestent : « comme ce livre exagère ! » Ben non, c’est la réalité qui exagère, et ce n’est peut-être qu’un début. Va-t-on nous refaire le coup, comme en 2002, du « pour-sauver-la-république-il-faut-voter-pour-un-incapable » ? Le suspense est insoutenable. Enfin, pour vous les gars, moi je n’attends rien. Ce qui arrive était tellement prévisible. Sarkozy (« NS ») a siphonné les voix du FN, c’est au tour du FN de siphonner un électorat atterré devant l’échec patent du sarkozisme. Pendant ce temps-là, les idées bien rances d’« identité nationale » et de « supériorité du modèle français », sont en train de s’infiltrer partout, à droite comme à gauche. Accompagnées de la petite phrase souvent entendue, bien digne de Madame Michu : « c’est pas mieux ailleurs ! » Surtout quand on n’y va jamais, ma bonne dame. Avant que la police des consciences ne vienne sonner à votre porte, dépêchez-vous de dire merde à votre pays pendant que c’est encore possible. Françaises, Français, encore un effort pour être anti-France, il est moins une ! NB : l’affaire Michalon (voir les posts précédents) prend belle tournure ; l’éditeur soi-disant partisan de « l’effervescence du débat » a porté plainte pour diffamation contre deux auteurs. Il est trop tôt pour en parler, un peu de patience, nous sommes tenus au secret de l’instruction ! Pour ceux qui trépignent, lire le feuilleton dont notre inénarrable éditeur est le héros involontaire sur le site Internet de référence : touchalon.free.fr