17 décembre 2012

Depardieu se fait la malle, scandale national

Gérard Depardieu quitte la France et s’installe en Belgique. Quand il brûlera son passeport, ce sera sans nul doute très cinématographique. Il a certainement lu « Tchao la France », un livre qui était destiné à mes compatriotes qui rament et non à ceux qui optimisent leur fiscalité - on ne sait jamais à qui on s’adresse quand on écrit. Toujours est-il qu’on assiste à un déferlement nationaliste dans les médias français. Faire la nique à notre beau pays, quel salaud ce Gérard ! Déserteur, mauvais patriote ! Attention, la chasse au mauvais Français est ouverte. Mais l’honneur de la patrie est sauf, car on apprend à point nommé que l’écrivain Michel Houellebecq, lui, revient.


Il est vrai que depuis des siècles ceux qui quittent le pays, volontairement ou pas, sont suspects : les Protestants, les nobles sous la Révolution, les rebelles de 1848, les Communards… Autant de traîtres et de renégats. Face au psychodrame Depardieu, le gouvernement se déchaîne : leçons de morale citoyennes, projet de réforme de la nationalité, il lui faut agir. Au lieu de promettre des fessées, nos édiles feraient mieux de s’occuper de leurs fesses. Le non-cumul des mandats, réforme qui devait être la « nouvelle frontière » du PS, ça en est où ? Disparu, évaporé ? Se serait-il lui aussi fait la malle ?

13 décembre 2012

C'est beau comme l'antique

Un mini-Louvre a ouvert le 4 décembre à Lens, dans le Nord de la France. Est-ce une « antenne » du Louvre de Paris ? Un « satellite » ? Une « nouvelle aile » ? Le statut de cette nouvelle institution, qui a été « chapeautée » par le conseil régional, est peu clair. Il serait trivial de la décrire comme une simple filiale du Louvre. Le Guggenheim, L’Hermitage, ont « essaimé », pourquoi pas le Louvre ?
Le lecteur de ce billet l’a compris, la langue de bois s’impose dans la presse. Le Louvre-Lens n’est pas un musée, c’est un « espace muséal », doté d’une « scénographie novatrice » (magnifique pathos ! Les photos nous montrent pourtant des œuvres présentées bêtement sur un sol blanc, et montées sur de banals socles au look d'iPhone, blancs eux aussi. Ne manque que l’équipe médicale).
Pas de doute, les nombreux chômeurs du coin vont apprécier. Pensez, tout ce qu’on fait pour eux ! Le mini-machin doit créer une « dynamique » destinée à « revitaliser » le « territoire ». Car l’art, c’est bien connu, est un « réparateur de crise industrielle » (ah bon ?). A condition, bien sûr, que la population locale se « l’approprie ». Ce qui demeure à voir. Si ce n’est pas le cas, elle aura bientôt une cession de rattrapage à l’aéroport de Roissy, situé à seulement deux heures de route de là.
Oui, ô merveille, le terminal E2 va lui aussi se doter d’un « espace muséal » (encore !) de 250 m2. Le « concept » est inédit mais la « démarche » existe déjà en Hollande et aux Etats-Unis. Ce sera Rodin qui ouvrira le bal car, comme l’explique le cofondateur du projet, Francis Briest , « On a pensé que Rodin portait un message universel ». Bravo ! Finement analysé ! Et tout cela constituera rien moins qu’un « entonnoir de culture », écrit le Figaro. J’ai déjà les dents du fond qui baignent… Et à Notre-Dame-des-Landes, ils ont prévu quoi ?