18 novembre 2010

Noël au gnouf, Michalon au tromblon

Il s’en passe des choses à Paris ! Mais si, mais si ! Michalon Editions a porté plainte pour diffamation et injures contre deux auteurs, Clément Maraud et moi. Du jamais vu en Intello-land, un milieu où se multiplient pourtant les trappes sournoises et les bâillons fermetagueulistes. Mais alors, où est passée « l’effervescence du débat » revendiquée haut et fort par cette noble équipe de combattants des libertés ? La maison de la rue de Lancry n’est peut-être pas soluble dans les droits de l’homme qu’elle prétend défendre bec et ongles.
S’il le faut, Clément et moi, nous passerons Noël au gnouf. Voilà une idée originale pour mettre du peps dans le sapin. Après tout, j’ai toujours détesté les fêtes de fin d’année, et j’ai appris dans Un roman français que la prison est hype. Me voilà ! Brigadier, je me constitue prisonnière ! Où sont les menottes, la maison d’arrêt, les matons, le mitard ? Mazette, la liberté est surfaite.
On rappelle en quelques mots que la faillite des « éditions Michalon » en 2008 (trois millions d’euros de passif) a fait autant de dégâts qu’un bulldozer sur les îles Galápagos (voir rubrique « témoignages » sur ce site). Mais Michalon, reprise (en même temps que tout le catalogue de droits) pour une bouchée de pain par les éditions Max Milo, continue à publier, sous le doux nom de « Michalon éditions » (et ron et ron petit patapon). La structure juridique change mais tout reste pareil. N’est-ce pas l’essentiel ?
Eric Naulleau, par ailleurs féroce aboyeur des lavages de cerveau télévisuels, a montré la voie. L'histoire commence en 1998. Un homme d’affaires espagnol, Rodrigo de Zayas, finance les activités éditoriales d'Eric. Les deux hommes s'associent pour fonder une société, L'Esprit des péninsules. Las, l’argent fait vite défaut. En 2007, le tribunal de commerce de Paris place la société en redressement judiciaire avant d'en ordonner la liquidation. Ni vu ni connu je t’embrouille : on apprend qu’en 2003, ce petit cachottier de Naulleau avait déposé la marque « L'Esprit des péninsules » à l’insu de Zayas. Rusé, non ? Naulleau continue donc à exploiter cette marque sous le pavillon de l’éditeur Jean-Claude Gawsevitch. Sauf que… les meilleures choses ont une fin, et Naulleau a été condamné pour manœuvre frauduleuse en novembre 2010 par la cour d’appel de Paris.
Et maintenant, un petit cours d’édition pour les débutants.
-Tu montes une boîte, et pour ça tu tires du fric là où yen a (de multiples gogos rêvent de mettre un pied dans le secteur de la culture).
-L’argent part vite, surtout quand on est mauvais gestionnaire ; peu importe. Tu fais lanterner les imprimeurs, correcteurs, les free-lance que tu exploites, mais aussi les auteurs.
-Les huissiers débarquent ? Il suffit de ne pas ouvrir quand ils sonnent. Ben ouais, “It is the economy, stupid !”
-Le tribunal de commerce ordonne la cessation de paiement ? Ça gèle les créances, tu peux sans bourse délier continuer ton taf pendant près d’un an.
-La faillite… Oui, enfin, ça n’est qu’un mot. Tu te débrouilles pour déposer la marque ou être racheté pour deux francs six sous par un pote. Comme ça, ça t’allège des dettes de la boîte, et tout peut continuer. Comme si de rien n’était, pour reprendre le titre d’un album de Carla Bruni.
Et voilà ! Pigeon, vole ! Elle est pas belle, la vie ?

12 juillet 2010

Lisons, lisons, qu’une encre impure abreuve vos neurons.

Vous vous ennuyez ? Normal, l’été c’est fait pour ça. Vous pouvez toujours lire la presse française, elle est devenue un peu plus punchy ces dernières semaines. S’agirait-il d’un sursaut ? En ce qui me concerne, ça fait plusieurs années que je ne lis plus que la presse étrangère, qui ressemble encore un peu à de l’info. Savez-vous que les médias français se classent 43e mondial dans le dernier hit-parade de la liberté de la presse établi par l’ONG Reporter sans Frontière ? Lamentable, non ?
Mieux vaut acheter le livre de Zoe Shepard, « Absolument dé-bor-dée* » (Albin Michel), ouvrage qui vaut des sanctions à cette fonctionnaire. Elle dénonce certains dysfonctionnements de son institution : ça méritait bien une exclusion. Zoe Shepard évoque semble-t-il un milieu malsain où les glandeurs professionnels doués pour le léchage de bottes chipent les promotions aux rares consciencieux. Un quotidien fait de pauses café à répétition, de séminaires inutiles et de réunions interminables dont le seul but est de remplir des journées désespérément vides. Le tout encadré par des patrons nuls en management, et qui se gardent bien de bousculer la quiétude ambiante. Tiens, ça me rappelle quelque chose… Un truc dont j’ai parlé dans « Bonjour Paresse »… Et auquel j’ai fait un bras d’honneur… J’ai écrit son nom, et cela s’appelle (au choix)… Le Travail. La bêtise. Ou alors… La France.
Les amateurs de sensations gratuites peuvent visiter Internet et s’y régaler en lisant « L’Affaire Hem », de Clément Maraud. Le feuilleton pipole de cet été torride sur le site : touchalon.free.fr. Enfin, la suite de « Tirage de tête » disponible en ligne ! Le premier feuilleton rocambolo-éditorial ! Le personnage, l’éditeur Michalon est vrai ; son existence est un roman. Mais la vie de certains de ceux auxquels il a fait les poches (pour renflouer sa boîte ?) s’est, elle, transformée en mauvais rêve. Cela méritait bien une fiction : la voici. Une plongée stupéfiante dans les petites vertus et les moeurs germanopratines, avec des profils aisément reconnaissables (mais pas trop). Déjà une vingtaine d'épisodes en ligne, du neuf tous les deux jours ! Attention, on devient accro très vite...

*Je n’ai pas encore lu le livre, car je suis surbookée, mais je le veux bien en exemplaire de presse : merci d’avance à Albin Michel.

7 mai 2010

On vous attend à la Fête des Non-Parents à Paris

Bonjour à tous,
Je relaie sur ce blog une information (ci-dessous) qui peut vous intéresser : elle concerne la Fête des Non-Parents. N'hésitez pas à venir guindailler avec nous le samedi 15 mai prochain ! Je signale pour le lecteur non-averti que "guindailler" est un belgicisme : ce sera donc une fête mi-belge mi-poisson.
CM

FETE DES NON-PARENTS le samedi 15 mai à Paris

En hommage aux childfree, aura lieu le samedi 15 mai la première édition parisienne de la Fête des Non-Parents, organisée par Théophile de Giraud et Frédérique Longrée.

Cette année, nos invité(e)s d’honneur seront Noël GODIN (alias l’entarteur), Corinne MAIER (auteure de No kid, 40 raisons de ne pas avoir d’enfant) et Laure NOUALHAT (journaliste environnementaliste à Libération et Siné-Hebdo).

Pour ceux qui l’ont ratée, on rappelle qu’une première Fête des Non-Parents s'est déroulée l'an dernier à Bruxelles.

Nous souhaitons à la fois célébrer les personnes qui choisissent de ne pas avoir d’enfant et dénoncer la pression sociale qui pèse sur les épaules des childfree. Un espace de dialogue et de rencontre autour de la question de la non-procréation nous semble nécessaire. Cette année, l’aspect écologique de la non-parentalité se placera au cœur des débats – mais surtout des rires, car on est aussi là pour s’amuser.

La philosophie de notre démarche, le programme de la soirée et toutes les informations relatives à cet événement sur notre blog : http://nonparents.skynetblogs.be

Rendez-vous le samedi 15 mai à partir de 19 heures au Comptoir Général, 80, quai de Jemmapes, Paris 75010, métro République.

Théophile et Frédérique

Contacts
Théophile de Giraud : 0032 (0) 472 923 308
theophile.de.giraud@skynet.be
Frédérique Longrée : 0032 (0) 478 340 263
frederique.longree@gmail.com

25 mars 2010

Pirouettes, cacahuètes

A l’heure où le salon du livre de Paris ouvre ses portes, un livre capital (c’est le mot) paraît : c’est "Tirage de tête, Vie et succès de Michel Touchalon, éditeur", par Clément Maraud (éditions de la Soupente). Un incisif roman à clé, dont le personnage principal, Michel Touchalon, né une cuiller d’argent dans la bouche, décide un beau matin d’impressionner son entourage (et sa richissime femme) en devenant éditeur. Il ne lit jamais ? C’est un détail. Voilà un métier chic et germanopratin qu’il exerce depuis quinze ans, toujours fidèle à cette unique ligne de conduite : ce qui compte, c’est de publier à tous prix. Un prix payé par les autres : son inénarrable personnage, ventre en avant et cigare aux lèvres, se moque de tout le monde.
Cette méthode est plus répandue qu’on le croit dans le monde feutré de l’édition en France. Mais elle trouve dans cet ouvrage très documenté et mené par une plume alerte sa véritable épure. Toute ressemblance avec un personnage existant ne serait peut-être pas fortuite… Apprentis éditeurs, un livre à lire d’urgence : tous les trucs pour ne payer personne et pour faire figure dans le PIF (paysage intellectuel français). On s’arrache déjà "Tirage de tête" (208 pages, 20 euros franco de port). Le commander sur : http://touchalon.free.fr Et, pour les autres, n’oubliez pas : le dîner des « cons » des éditions Michalon aura lieu comme prévu mardi 30 mars à 21 heures au restaurant « La main d’or », 133 rue du Fg Saint-Antoine, Paris 75 011. Plus d’infos : voir posts précédents.

1 mars 2010

Le dîner des cons, suite (mais pas fin)

Le dîner des « cons » de Michalon (lire mon précédent post) que j'organise le 30 mars attire du monde : déjà une quinzaine d'inscrits. C'est la preuve que payer ses auteurs et créanciers n'a pas été le souci premier de cette maison soi-disant d'édition... Mais qui vivra verra, et qui se réunira le 30 décidera des suites à donner à tout cela. Avis aux floués, enfumés, roulés : encore quelques places disponibles !
Il y aurait beaucoup à dire sur l'édition en France. Voilà un secteur poussif menacé par la crise économique, l'absence de renouvellement de son personnel, de ses collections, des sujets traités. Il suffit d'aller dans une librairie en Angleterre pour comprendre la différence : là-bas, ce ne sont pas les idées décalées et les concepts de bouquins différents qui manquent. On peut prédire sans grand risque de se tromper que le secteur du livre en France, ronronnant dans le même et le déjà-vu, sera balayé par la concurrence des supports électroniques. Malheur aux vaincus de l'ordre numérique !
En attendant le bouillon final, ceux qui travaillent dans et pour ce secteur sont de plus en plus prolétarisés. Auteurs défrayés quand il reste de l'argent dans les caisses, éditeurs payés 1500 euros par mois pour 60 heures de travail par semaine, graphistes et correcteurs rémunérés au lance-pierre... A force de faire des économies de bouts de chandelle, forcément, la qualité s'en ressent. Du reste, c'est l'explication de la bourde récente de BHL, qui a cité dans son nouvel ouvrage un auteur qui n'existe pas : quelque part dans les bureaux de Grasset, un éditeur et/ou correcteur n'a pas fait son boulot de vérification des sources.
Vous allez me dire, dans le chaos du monde, tout le monde s'en fout. Mais comme plus de deux millions de Français écrivent et aspirent à la publication de leur livre, autant les informer. Un mouton avisé vaut bien un loup. Oui, c'est dans les fables de La Fontaine. Laquelle ? Qui cherche et trouve gagne... un livre.

13 février 2010

Michalon, piège à « cons »

Les éditions Michalon ont été mises en redressement judiciaire en 2009 ; montant de leurs dettes, qui ne seront jamais payées : près de deux millions d'euros. C'est beaucoup pour tous les imprimeurs, graphistes, correcteurs, auteurs laissés sur le bord de la route. S'étant débarrassé de leurs dettes comme d'une crotte en fermant boutique, les éditions sont réapparues début 2010 sous le nom de « Michalon éditions ». Un peu comme certains magasins de matériel informatique, qui font faillite et ré-ouvrent deux rues plus loin... Coucou les revoilou : voguant à présent sous pavillon Max Milo, qui l'a repris pour une bouchée de pain, Michalon continue à publier. On se croirait dans un roman de Balzac, mais c'est juste une péripétie du grand roman de l'édition en France, qui n'est pas un long fleuve tranquille. L « effervescence du débat » revendiquée par cette structure ? Oui, mais à quel prix !

Pas étonnant que les « cons » des éditions Michalon soient nombreux. Les langues commencent à se délier, le buzz autour de cette boîte sent la mauvaise haleine. Pourquoi ne pas nous retrouver pour boire à nos déboires et à la mauvaise santé de cet inénarrable personnage, qui mérite bien le « pilon d'or » de l'éditeur le plus foutagedegueule de la décennie ? Si vous ne faîtes pas partie des floués, vous êtes invité quand même : ça pourrait vous arriver un jour !

Le dîner des « cons » de Michalon aura lieu le mardi 30 mars 2010 à 21 heures au restaurant « La main d'or », 133 rue du Fg. Saint-Antoine, 75011 Paris. Déjà une quinzaine d'inscrits. Encore quelques places disponibles !
Contact et inscription : corinne.maier@laposte.net

Pour plus d'info, la saga de Michalon racontée par l'un de ses bernés, Clément Maraud : touchalon.free.fr
Le témoignage d'une auteure, Bénédicte Desforges :
police.etc.over-blog.net/article-flic-m-a-tuer-44814432.html