30 juin 2011

Causses toujours

On apprend que les Causses et les Cévennes sont désormais inscrites au patrimoine mondial de l’humanité. Figurer à ce palmarès nous est présenté comme une grande victoire. De quoi s’agit-il ? D’une sorte de festival de Cannes du paysage ? D’un concours général de la ruralité ? Cette agitation autour d’endroits dont nul ne parle jamais m’a fichu un coup au moral. Il s’agit bien sûr de « favoriser le tourisme en donnant à la région une notoriété internationale ». Je redoute le pire. J’aime beaucoup les Cévennes, j’y passe au moins un mois par an, et j’apprécie qu’il n’y ait… rien. Pas de festival, pas de concert, pas d’animation, ou si peu. La fête de l’âne, tout au plus, curieusement peu courue… Je crains la création d’un « espace Cévennes », avec autant de « projets culturels », de « médiateurs environnementaux », drainant un afflux de touristes en habits bariolés crapahutant avec audioguide collé aux oreilles. Pourquoi pas un parc d’attraction, Caussania ou Cévenoland, promu par les comités d’entreprise sous forme de « forfaits week-end » ? Il faut bien « développer la région », me rétorque-t-on. C’est le touriste ou l’exploitation des gaz de schiste. Cette sorte de gaz naturel est extraite à partir de terrains schisteux ; le gouvernement a délivré discrètement en 2010 des permis autorisant l’industrie à prospecter dans le Midi-Pyrénées. Au programme, méthane à tous les étages, trous dans le sol, produits chimiques et eaux polluées.
Entre Charybde et Scylla, j’ai choisi, je préfère encore le touriste. Je ne suis pas gasochiste.