21 novembre 2011

Parlez-vous le frikapuk ?


« Le fric, c’est chic », chantait-on du temps du disco. Bienvenue sur la planète finance ! Elle swingue, elle rebat les cartes, il y a du neuf tous les jours. « Sous la très forte pression des marchés », comme on dit, le monde d’hier, celui de la « gouvernance » arrogante et dépensière qui pouvait tout se permettre, a tiré sa révérence. L’affaire DSK aura été un symptôme, celui de la fin d’une époque. Parce que les Zapatero, Berlusconi, Papandréou, sont impitoyablement remplacés par des hommes efficaces, ternes et sans état d’âme, de purs apparatchiks du capitalisme. Et en France, rien ? Non, Sarko est toujours là, malgré ses plans de rigueur tout riquiquis-bien gentils qui ne vont pas attendrir longtemps les tout-puissants marchés. Le suspense est insoutenable : combien de temps encore ?
En attendant, nous, les habitants de la zone euro, on a appris des mots nouveaux. Le taux de refinancement, les agences de notation, le spread, n’ont plus de secret pour nous. Les plus aguerris jonglent avec les swaps et autres taux directeurs. Dans la rue, on jargonne : « Et ton taux de refinancement, ça va ? » « Mouais… Les fondamentaux sont faibles… Mais je me suis rapproché de la neutralité vis-à-vis de mon indice de référence en termes de sensibilité à la variation des taux d’intérêt, tout en conservant un biais défensif. »
Européens, encore un effort pour parler couramment le frikapuk !

14 novembre 2011

AAA-Tchoum


L’agence de notation Standard and Poors a annoncé il y a quelques jours la dégradation de la note française. Panique à bord : quoi, ils ont osé nous rétrograder ? L’honneur du pays en a pris un coup. Serions-nous les nuls des marchés financiers ? C’est certain, les standard&pooris ont lu mon livre « Tchao la France ». Ils se méfient d’un pays incapable de rembourser ses dettes, parce que coiffé d’une élite vieillotte, doté d’entreprises gouvernées par une centaine de croûtons rances qui se renvoient l’ascenseur. Et où la seule nouveauté, ces jours-ci, c’est la sortie du disque de Lucien Gainsbourg, qui chante les chansons de son père : comme c’est neuf, comme c’est frais !
Heureusement, le déshonneur national des deux AA n’a pas duré. C’était un joke, ont affirmé ensuite les évaluateurs, mi-figue mi-raisin. On plaisantait, c’était juste pour égayer le 11 novembre, toujours un peu tristoune. AAA, mortelle la blague. La France, comme les andouillettes, aime les A : les cochonnailles bien de chez nous sont fières de leur label AAAAA. Mais ceux qui me lisent savent que je ne mange pas de ce pain-là, aaaaaaah non.
Moi, j’ai encore mon A, mAier, non d’une pipe ! Et je m’y agrippe. Sur l’échelle alphabético-financière, le A est chic, le B fait un peu pouilleux, et que dire des autres lettres ? Alors, vite, je m’auto-accorde deux AA de plus, avant qu’on ne vienne ausculter ma capacité de remboursement (il est vrai, faible).
MAAAier vous sAlue bien bAs.