27 octobre 2011

Tintin, retourne à Moulinsart


La déferlante Tintin a commencé il y a une semaine, et elle se poursuit sans relâche. Est-il possible d’avoir un peu de répit ? D’entendre parler d’autre chose ? Je n’en peux plus : il y a du Tintin partout, sur Internet, à la télé, et même sur le nez des Thalys… Les suppléments dits « culturels » de certains journaux sont intégralement parasités par la vague jaune (avec le bleu, c’est la couleur dominante de l’affiche du film de Steven Spielberg, « Les aventures de Tintin ».)

Je comprends que Tintin intéresse les enfants, mais il semble de cet énorme tintamarre publicitaire soit aussi destiné aux adultes. Si si, les adultes sont tintinophiles, et ils vont voir le film, cela prouve qu’ils ont gardé leur âme de gosse. Moi, Tintin m’indiffère. Je l’ai aimé vers 8 ans, comme j’ai aimé « Le club des cinq », « L’étalon noir » ou « Le journal de Mickey ». Mais, vous n’allez pas le croire, j’ai grandi. Je m’intéresse à autre chose, à des trucs d’adultes, quoi. Ai-je le droit ?

Mais comment peut-on être tintino-tiède ? Quelques critiques se montrent pourtant réservés quant à la qualité du film. Les tintinophobes déclarés sont encore plus rares. Une poignée d’ex-colonisés frustrés, révulsés par les accents paternalistes de « Tintin au Congo ». Un ou deux artistes contestataires, comme le Belge Jan Bucquoy, connu entre autres pour ses talentueux pastiches et détournements du reporter à la houppe. Et certains historiens qui mettent l’accent sur le passé douteux de Hergé pendant la guerre.

Les autres doivent s’extasier devant la ligne claire d’Hergé, devant sa maîtrise du récit et des personnages. Il y en a qui vont jusqu’à analyser Tintin, le psychanalyser, le scruter de près. Un chercheur a même pondu une thèse de 700 pages qui compare les trois versions de « L’île noire ». ..

Tintin, on t’a à l’œil, et le bon. Mais s’il te plait retourne chez toi, à Moulinsart.