17 décembre 2012

Depardieu se fait la malle, scandale national

Gérard Depardieu quitte la France et s’installe en Belgique. Quand il brûlera son passeport, ce sera sans nul doute très cinématographique. Il a certainement lu « Tchao la France », un livre qui était destiné à mes compatriotes qui rament et non à ceux qui optimisent leur fiscalité - on ne sait jamais à qui on s’adresse quand on écrit. Toujours est-il qu’on assiste à un déferlement nationaliste dans les médias français. Faire la nique à notre beau pays, quel salaud ce Gérard ! Déserteur, mauvais patriote ! Attention, la chasse au mauvais Français est ouverte. Mais l’honneur de la patrie est sauf, car on apprend à point nommé que l’écrivain Michel Houellebecq, lui, revient.


Il est vrai que depuis des siècles ceux qui quittent le pays, volontairement ou pas, sont suspects : les Protestants, les nobles sous la Révolution, les rebelles de 1848, les Communards… Autant de traîtres et de renégats. Face au psychodrame Depardieu, le gouvernement se déchaîne : leçons de morale citoyennes, projet de réforme de la nationalité, il lui faut agir. Au lieu de promettre des fessées, nos édiles feraient mieux de s’occuper de leurs fesses. Le non-cumul des mandats, réforme qui devait être la « nouvelle frontière » du PS, ça en est où ? Disparu, évaporé ? Se serait-il lui aussi fait la malle ?

13 décembre 2012

C'est beau comme l'antique

Un mini-Louvre a ouvert le 4 décembre à Lens, dans le Nord de la France. Est-ce une « antenne » du Louvre de Paris ? Un « satellite » ? Une « nouvelle aile » ? Le statut de cette nouvelle institution, qui a été « chapeautée » par le conseil régional, est peu clair. Il serait trivial de la décrire comme une simple filiale du Louvre. Le Guggenheim, L’Hermitage, ont « essaimé », pourquoi pas le Louvre ?
Le lecteur de ce billet l’a compris, la langue de bois s’impose dans la presse. Le Louvre-Lens n’est pas un musée, c’est un « espace muséal », doté d’une « scénographie novatrice » (magnifique pathos ! Les photos nous montrent pourtant des œuvres présentées bêtement sur un sol blanc, et montées sur de banals socles au look d'iPhone, blancs eux aussi. Ne manque que l’équipe médicale).
Pas de doute, les nombreux chômeurs du coin vont apprécier. Pensez, tout ce qu’on fait pour eux ! Le mini-machin doit créer une « dynamique » destinée à « revitaliser » le « territoire ». Car l’art, c’est bien connu, est un « réparateur de crise industrielle » (ah bon ?). A condition, bien sûr, que la population locale se « l’approprie ». Ce qui demeure à voir. Si ce n’est pas le cas, elle aura bientôt une cession de rattrapage à l’aéroport de Roissy, situé à seulement deux heures de route de là.
Oui, ô merveille, le terminal E2 va lui aussi se doter d’un « espace muséal » (encore !) de 250 m2. Le « concept » est inédit mais la « démarche » existe déjà en Hollande et aux Etats-Unis. Ce sera Rodin qui ouvrira le bal car, comme l’explique le cofondateur du projet, Francis Briest , « On a pensé que Rodin portait un message universel ». Bravo ! Finement analysé ! Et tout cela constituera rien moins qu’un « entonnoir de culture », écrit le Figaro. J’ai déjà les dents du fond qui baignent… Et à Notre-Dame-des-Landes, ils ont prévu quoi ?

26 novembre 2012

ça plane pour moi


J’ai passé le week-end à Notre-Dame-des-Landes, en Bretagne. Une chouette destination pour se ressourcer au vert. Car du vert il y en a là-bas, du moins pour l’instant. Jouxtant le bocage, le voyageur esthète déplore pourtant une zone péri-urbaine moche. Elle s’explique par le dynamisme de la fécondité française (on ne lui dit pas merci). Pour autant, celle-ci ne justifie pas la construction d’une nouvelle aérogare : il y a en déjà 5 dans le coin. Et la France compte déjà 156 aérodromes, contre 44 en Allemagne, 43 en Grande-Bretagne.

« Pas d’aéroport » est le mot d’ordre. Le concept est fédérateur. Aussi, la diversité des participants est-elle au rendez-vous : paysans bourrus, seniors tranquilles, jeunes portant bonnets péruviens ou dreadlocks… Un carrefour générationnel. Certains participants s’expriment avec une pointe d’accent allemand ou anglais, et ce sont de véritables ambassadeurs de l’approche multiculturelle. Tout ce petit monde, de plus en plus nombreux, converge pour transformer l’endroit en lieu de vie convivial. C’est chaleureux et sans chichis.

Si vous devez vous rendre sur la « zone à défendre », comme on dit en dialecte local, évitez les plateforme boots et les talonnettes. Ce n’est pas très pratique pour courir à travers champs et contourner les barrages des forces de l’ordre. Le dress code ne pardonne pas dans une région qui, il faut le dire, ressemble à un marécage dès qu’il pleut, c’est-à-dire souvent.

Vous avez aimé les seventies ? Vous allez adorer Notre-Dame-des-Landes (NDDL, pour les initiés). Une multitude d’activités ludiques, chaque jour renouvelées, y sont proposées : parcours accrobranches, ateliers de construction solidaire, camping à la ferme, pique-nique géant, occupation et réoccupation de cabanes, cache-cache avec les gendarmes… Attention car ceux-ci, emportés par la fièvre du moment, ne connaissent pas leur force. Côtes cassées au flashball, plaies, problèmes oculaires et auditifs dus aux grenades lacrymogènes et assourdissantes ? Un PC de secours vous tendra les bras.

Ce qui compte, c'est que l'éthique soit au rendez-vous. Toutes ces activités anti-aéroport sont citoyennes et respectueuses de la biodiversité. NDDL se positionne donc comme the place to be. Mais un autre site, la forêt de Hambach en Allemagne, rivalise auprès du public pour le dynamisme de l’animation. Là-bas, des activistes occupent un lieu destiné à devenir une gigantesque mine de lignite à ciel ouvert. Très tentant pour le week-end prochain. J’hésite. Depuis Bruxelles, il est plus facile de se rendre à Hambach. Car le point noir de NDDL, c’est quand même l’absence d’aéroport…

20 novembre 2012

La France en string

Une vaste cabale anti-France est en cours. Tout le monde s'acharne contre l'Hexagone. Comme ils sont méchants ! Après l'agence de notation Standard and Poor's il y a quelques mois, c'est au tour de Moody's de lui retirer un A, un tour de cochon alphabétique qui sanctionne la perte de compétitivité du pays (j'adore le mot "compétitivité" : personne ne sait exactement ce qu'il signifie). Rien d'étonnant selon The Economist, magazine britannique revanchard qui consacre un dossier peu amène à la France, cette "bombe à retardement au coeur de l'Europe". Un pays poussif, endetté, dirigé par des mous, écrasé par le poid de l'Etat, où les salariés coûtent trop cher aux employeurs... Trop cher ? Qui est trop cher ? L'hebdomadaire oublie de dire que les patrons français sont mieux payés que leurs homologues européens (selon l'European Corporate Governance Institute). Et ce n'est pas Arnaud Lagardère, à la tête d'un groupe de 27000 salariés, qui va redorer le blason des patrons. Arnaud, désormais "Nono", présente sans tabou sa vie avec la très jeune (et très grande) Jade dans un documentaire montré par la RTBF belge le 13 novembre dernier. La tonalité de bling-bling vulgos du film constitue une vraie bombe anti-patriotique. Ce n'est plus un short qu'on taille à la France, c'est un string. La question n'est plus "Comment peut-on être Français ?", mais bel et bien "Comment peut-on vivre en France?"

14 novembre 2012

Les Indignés de l'édition


Les « caves » du monde du Livre se rebiffent. Une quinzaine d’auteurs et scénaristes de renom de Casterman, une maison de BD récemment rachetée par Gallimard, protestent contre les diktats de leur nouveau propriétaire. Ils se sentent, disent-ils, « instrumentalisés en vue d’un transfert purement capitalistique ». C’est hélas la triste condition de l’auteur dans ce monde de brutes qu’est l’édition.

Un univers impitoyable qui compte d’autres Indignés, certes moins prestigieux, mais non moins remuants. Il s’agit de ceux qui sont restés sur le carreau suite au rachat des éditions Michalon par Max Milo en 2009. Le « dîner des cons » que nous avons organisé il y a quelques années a permis d'informer sur certains « dirty secrets » que les éditions auraient préféré garder sous le tapis. Michalon, qui prétend défendre « l’effervescence du débat », a alors porté plainte pour diffamation contre certains d’entre nous. Notons qu’il n’est pas fréquent qu’un éditeur intente un procès de ce genre à ses auteurs et collaborateurs.

Le verdict a été rendu le 13 novembre 2012 par la 17e chambre correctionnelle de Paris, et il est très clément eu égard à la virulence de nos propos. Clément Maraud, ex-correcteur, et moi, nous avons tous deux été condamnés à verser à Yves Michalon un euro de dommages et intérêts. Serge Delbono, webmaster, a été relaxé. Quant aux propos qui me sont reprochés, ils ne figurent pas sur ce site Internet, qui restera donc en l’état (voir la rubrique d'à côté, "Michalon piège à c..." et ses témoignages édifiants). Michalon n'a pas obtenu ce qu'il demandait : rien moins qu'une publication judiciaire dans Le Monde et Le Figaro. C'est donc une victoire pour nous.

Le Tribunal a manifestement tenu compte des conditions discutables de la reprise de Michalon par Max Milo, du montant abyssal des pertes accumulées, du nombre anormal des procédures judiciaires engagées contre cette maison d'édition depuis sa création, et de la curieuse confusion entre les « éditions Michalon », « Michalon éditions », « Yves Michalon Editeur » et Yves Michalon lui-même. De plus, comme l'un de nos témoins l'a affirmé, les « michalonnades » continuent depuis la reprise.

On retiendra de ce procès l'invraisemblable ligne de défense d'Yves Michalon, expliquant benoîtement à la Cour que ce seraient ses auteurs et sous-traitants qui devraient porter le chapeau de sa faillite. En effet, les impudents ont demandé à être payés ! Où irions-nous si tous les créanciers exigeaient leur dû ! L'économie s'effondrerait !
Bref, comme l’écrivait le Canard Enchaîné dans son édition d’il y a trois semaines, « Porter plainte pour diffamation, c’est toujours porter plainte contre soi-même ».

26 octobre 2012

Langue de pute pour langue de bois


J’ai été invitée récemment à la Fête du livre de Saint-Étienne. Un évènement, nous dit-on, qui rassemble des centaines d’ « auteurs ». C’est curieux, on ne dit plus guère écrivain, on dit auteur. Ecrivain, ça fait scribouillard, on entend la plume qui crisse sur le papier, c’est pénible pour l’oreille. En revanche, « auteur » est connoté plus rond, plus souple, la preuve : le mot glisse sur la langue. L’écrivain gratte laborieusement, alors que l’auteur(e) crée. L’un transpire, quand l’autre produit spontanément et appose sa marque. On en conviendra, c’est beaucoup plus chic.
Donc, en tant qu’auteur(e), on m’a donné un pack de bienvenue avec plein de documents dedans pour présenter la ville. L’un d’entre eux, « 80 actions pour dynamiser l’attractivité stéphanoise », a attiré mon attention par son titre prometteur. Magnifique exemple de jargon, me suis-je dit. Je l’ai ouvert : dedans, ô merveille, un feu d’artifice de langue de bois. Rien ne manque : compétence ; dynamique ; indicateurs ; capitaliser ; formation ; retour d’expérience ; valider ; pilotage ; action à engager ; positionnement ; stratégie d’innovation ; vision ; démarche ; partenaires ; réseau ; visibilité ; convivial ; durable. Sans oublier le roi du bal : projet. Et le tout saupoudré d’anglicismes, co-working et autres showroom. N’en jetez plus, il en pleut de partout.
Je ne suis pas venue pour rien à Saint-Etienne car, toujours dans le même opuscule, j’ai appris des mots nouveaux. Une gare se dit « pôle d’échange multimodal », un vélo se traduit par « mode de déplacement doux », un panneau indicateur devient une « signalétique urbaine », un carrefour un « plateau piéton », un échange une « intermodalité ». C’est clair, j’ai un train de retard. Du reste, je ne sais même pas comment on dit « train » en jargon. Je n’ai plus qu’à aller me faire voire ailleurs, autrement dit à me faire requalifier dans une zone non-aménagée.
nb : j'ai été par ailleurs fort bien reçue à Saint-Etienne, merci aux organisateurs !

16 octobre 2012

Veni, vidi, vinci

C'est chouette, la gauche au pouvoir. L'ordre règne. Ambiance de guerre civile aujourd'hui avec l'"opération César", à 30 km au nord de Nantes. Pas moins de 500 policiers mobilisés, des hélicos, des barrages de police partout. Tout ça pour seulement "sept occupations illégales sur des espaces bâtis et quatre zones d'occupation illégales", dit la Préfecture de Loire-Atlantique. En clair, il s'agit de vider 7 maisons, ça fait donc 71,4 flics par baraque, les Français ne paient pas des impôts pour rien.

Il faut bien ça pour déloger les opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont le chantier, confié au groupe de BTP Vinci, doit débuter en 2013. Un projet cher, polluant et inutile, mais tant pis. L'Ayrault-port sera construit, foi Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et Premier ministre. Aurait-il le feu au tarmac ? L'homme tient à son gadget, probablement pour prendre un peu de hauteur. Il va en avoir besoin pour conserver les suffrages de la gauche. Car comme le dit le dicton, "si octobre s'emplit de vent, du froid tu pâtiras longtemps".
http://www.aeroport-nonmerci.fr/


11 octobre 2012

Femmes à lunettes


Je porte des lunettes, et alors ? Cela gène quelqu’un ? C'est clair, une véritable campagne anti-binocles commence avec les « révélations » concernant les lunettes de la journaliste de gauche (et compagne de ministre) Audrey Pulvar. Elles coûteraient 12000 euros et seraient fabriquées en écailles de tortue. Audrey, tiens bon, toutes celles qui portent verres sur leur nez te soutiennent.
La télé, c’est bien connu, se méfie des bésicles : peu de celles qui s’y montrent osent en porter. Pourtant, il s’en vend 11 millions de montures par an en France. Mais les lunettes, c’est un peu comme les pantoufles, on a tendance à les cacher. Soulevons la chape de déni, le voile de réticence. Les porteuses de lunettes doivent faire leur coming out.
Avant de s’afficher, elles doivent se poser deux questions essentielles. D’abord, en quoi sont-elles fabriquées ? Les miennes, je l’avoue avec réticence, sont en plastique. Or, le plastique pollue horriblement. Le bois ou, mieux encore, la laine de mouton, matériaux plus durables, seraient plus indiqués, je le confesse. Et puis, combien ont-elles coûté ? J'ai payé les miennes, euh, environ 30 tickets restaurant. Je sais ce que vous allez dire : tous les SDF que j'aurais pu nourrir avec cet argent ! A ce tarif là j’ai eu raison d’aller me faire voir chez les Belges.
Outre-Quiévrain justement on attend Arielle Dombasle, qui elle aussi porte des verres, mais fumés seulement. Aux dernières nouvelles, la belle traîne des pieds, renâcle à prendre le Thalys et fait la mauvaise tête. « Vivre en Belgique ? Plutôt mourir ! », crache-t-elle. Arielle, garde ton venin, car moi je réponds : « Coucher avec BHL, ce myope qui cache son jeu et tombe binocles dès qu’il apparaît en public ? Plutôt crever ».

22 septembre 2012

Les fesses de Mahomet : et mon cul, c'est du poulet ?

« Pour ou contre les caricatures de Mahomet » constitue le débat du jour. Moi je suis pour leur publication, tous à poil, l'éclate intégrale ! Mais je me dis que dans Charlie Hebdo ils sont parfois plus pusillanimes que lorsqu’il s’agit de montrer le postérieur du Prophète. On rappelle qu'en 2008 leur boss Philippe Val a renvoyé le dessinateur Siné pour une chronique soi-disant antisémite – et qui en fait, aux yeux de la justice, ne l’était pas. Je me souviens aussi que, lors d’une émission sur France Inter où j’étais invitée il y a deux ans en compagnie de Charb, leur actuel patron, celui-ci a dit en substance de mon livre poil à gratter Tchao la France : « La France c’est mon pays, je l’aime et j’y reste ». On en conviendra, c’est la marque d’un esprit profondément subversif.

Choquer, c’est amusant, mais il faut courir le risque d’être choqué soi-même. Se moquer des croyances des autres est salutaire, à condition de ne pas s’épargner. Or, bien des journaux en France sont convaincus d’être les piliers du pacte social, ce qui leur confère un petit ton moralisateur que certains curetons n’auraient pas renié. Pas étonnant que la France ne soit classée que 38e mondiale au classement 2011-2012 de la liberté des médias publié par l’ONG Reporters sans frontière (derrière le Salvador et la Papouasie Nouvelle Guinée). Même les publications satiriques hésitent à brocarder la France et ses dogmes, la République et sa sacro-sainte école laïque, trahissant par là l’héritage libertaire du bon professeur Choron.

Bref, la liberté d’expression doit être toute, ou ne pas être. Outre les fesses de Mahomet, je veux pouvoir me procurer Mein Kampf, mais aussi les opuscules interdits au nom de la protection de la jeunesse, les publications révisionnistes, les manifestes de sabotage anarchiste, Tintin au Congo (menacé par les foudres anti-colonialistes), etc. « Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le zizi », promettait jadis Pierre Perret dans une chanson. J’y compte bien : les fesses ne sauraient suffire.

10 septembre 2012

Pas d'impôt de départ pour le seigneur des Arnault


Le feuilleton de la semaine est la « délocalisation » de Bernard Arnault. Ce doux euphémisme désigne le fait de changer de pays pour payer moins d’impôt. Les infos contradictoires se succèdent : d’abord, on apprend que Bernard Arnault a demandé la nationalité belge (mais pourquoi faire puisque c’est le domicile qui détermine le lieu d’imposition ?) ; ensuite, qu’il habite déjà en Belgique depuis 2011 (donc, s’il est imposé Outre Quiévrain, alors pourquoi demander la nationalité belge ?) ; enfin, qu’il affirme payer ses impôts en France (comment cela, s’il habite en Belgique ?). Tout cela est abracabrantesque.
Quoiqu’il en soit, aux yeux de certains Français, Arnault a trahi. Il a poignardé dans le dos la France, la République, deux mille ans d’Histoire, les rois mérovingiens, etc. L’ingrat ! De même qu’un certain nombre de milliardaires français (entre autres Jean-Luc Lagardère), c’est pourtant l’Etat qui l’a fait roi et qui lui a fourni clé en main son époustouflante ascension. Certes, Bernard Arnault n’est pas parti de rien : il était à la tête d’une grosse PME familiale quand il a été choisi en 1984 par Laurent Fabius, alors Premier ministre, pour reprendre à prix bradé le groupe textile Boussac. Une entreprise dont les plus belles pépites (Dior, le Bon marché…) vaudront des dizaines de milliards quelques années seulement après la reprise.
Le fric, le fric… Il n’y a pas que ça dans la vie. Il y a aussi l'amour. Arnaud Lagardère, héritier de l’empire Lagardère, est amoureux d’un mannequin belge, Jade Foret. Sur une vidéo diffusée en 2011, on a vu l’héritier du groupe aéronautique roucouler auprès d’une bimbo déshabillée (30 cm de plus que lui, 30 ans de moins). Demain, l’airbus A320 du milliardaire cinglera-t-il vers l’aéroport de Zaventem ? Il y en quand même un qu’on ne risque pas de voir s’installer en Belgique, c’est François-Henri Pinault, héritier du groupe de luxe et de grande distribution PPR. Car il est marié avec l’actrice mexicaine Salma Hayek. Ah, le beau ciel de Mexico… Faîtes sonner les mariachis pour accueillir le gringo !
Lire : « Bienvenue chez les riches », Les dossiers du Canard enchaîné, juillet 2012.

31 août 2012

Une rentrée normale


C’est la rentrée. Me voici de retour en Belgique, après un séjour en France. J’ai pu le constater, tout y est normal, des camps de gitans sont détruits, le nucléaire est célébré comme une filière d’avenir, et le pouvoir lorgne avec concupiscence vers le gaz de schiste. Pas plus d’emplois que de beurre en broche, des perspectives bouchées, des édiles qui s’accrochent à leurs fauteuils : tout est normal, on vous dit. Mais quand même, il faut le reconnaître, comme toujours, on mange bien au pays de Vatel et de Marc Veyrat.

Je suis donc revenue de France avec une valise de bouffe. Car, Outre-Quiévrain, se procurer de bons produits constitue le parcours du combattant. De plus les restaurants, généralement pas très bons, reviennent fort cher. Quant au « panier de la ménagère », ce pendant alimentaire du « moral des ménages », il coûte 20% de plus qu’en France. Et les supermarchés belges, alors là, une catastrophe : des rayonnages entiers de fruits durs comme du bois, de légumes qui tirent la tronche, de fromages rétrignolés dans des coques de plastique et de viandes douteuses. Les Belges, heureusement pour eux, n’ont pas conscience de vivre dans un purgatoire gastronomique – il est vrai qu’en Hollande, c’est pire.

Il n’y a pas que le ventre dans la vie. Je suis revenue chez moi avec un livre. L’oisiveté des vacances est propice aux belles découvertes littéraires. Cette année, je suis tombée sur l’excellent « Le temps où nous chantions », de Richard Powers, paru en poche : un livre inspiré et musical de plus de mille pages. Il raconte l’histoire de l’Amérique depuis les années 1950 jusqu’à nos jours à travers le mariage semé d’embûches d’un scientifique juif chassé d’Europe et d’une Afro-américaine. Dès la première page, on est saisit par un vertige de mots qui nous entraîne vers une quête impossible : celle du temps retrouvé et de la sonorité parfaite. C’est puissant et ça sonne juste. Finalement, au lieu de se taper la cloche, si on chantait ?

14 août 2012

Chiennes de vacances

Je ne sais pas si vous avez remarqué, le chien super-moche fait fureur sur nos lieux de vacances. Bouledogues français, carlins, plus ils ressemblent à des raclures de séries d'anticipation, plus ils plaisent. Que ces fins de race défigurées passent leur chemin, loin de ma serviette de plage.
Halte aux chiens, ces parasites qui nous bouffent. Et ce n'est pas une métaphore. Le chien aime tellement l'homme, son meilleur ami, que dès qu'il le peut, il se l'envoie derrière la cravate. Restez chez vous plusieurs heures sans bouger et sans remplir la gamelle de Médor, vous comprendrez très vite avec quels yeux il vous regarde : ceux d'un glouton. La vérité si je te bouffe ! Une bonne raison pour abondonner votre clebs sur la route avant de partir en vacances - si l'on en croit le Docteur Lichic, célèbre et réputé caninophobe.
Une autre raison de s'en débarraser ni vu ni connu (en le mangeant, par exemple), est que le chien constitue un désastre écologique. Il abîme davantage la nature qu'un 4X4. Son empreinte carbone est deux fois supérieure à celle d'un Land Cruiser qui parcourt 10 000 km par an. La cause est entendue : tous caninopathes !
source : "Robert & Brenda Vale, "Time to eat the dog : the real guide to sustainable living", Thames and Hudson, 2009.

12 juillet 2012

Mieux vaut avoir l'abeille que le bourdon

67% des Français se disent prêts à faire des efforts pour redresser les comptes du pays. Je fais partie des 33% qui préféreraient ne pas. Je voyage léger, je vis à l'étranger et, pour reprendre le mot de Jean-Marc Ayrault, j’aime mieux « laisser le poids de l’histoire à ceux qui restent en France ». Davantage d’impôt, pour payer quoi ? Une nano-relance à l’arrière-goût de béton ? Des grand travaux inutiles imposés (GTII) ? Un aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? Pendant ce temps-là, la centrale nucléaire de Fessenheim se paie un relooking à 20 millions d’euros, et le pétrolier Shell obtient l’autorisation de forer au large de la Guyane. Tout ça ne sent pas bon, ça sent le total fiasco écolo. Mieux vaut suivre le tour de France estival de Dédé l’abeillaud, défenseur iconoclaste de l’apiculture et de la biodiversité, ex-candidat aux élections présidentielles. Dédé, on vote pour toi !
http://ddlabeillaud.blogspot.com/

20 juin 2012

Sciences-Porn

De quoi on parle dans les dîners à Paris ? De l’affaire Descoings. L’ancien directeur de Sciences-Po est mort dans des circonstances troubles il y a quelques semaines : son corps retrouvé nu dans une chambre d’hôtel à New York, de l’alcool et des médicaments, un certain désordre, des « garçons » qui lui auraient rendu visite, un ordinateur portable et un téléphone jetés quelques étages plus bas… Curieux, quand même. La presse a été très prudente dans sa couverture de cette sombre histoire : en fait, Descoings était gay. Les journaux de l’Hexagone ont été manifestement déboussolés par son parcours. D’abord plutôt à gauche, il vit en couple avec le boss de la SNCF Guillaume Pepy - ça roule, ma poule. Puis il fricote avec Sarkozy au moment où il commence à caresser des ambitions politiques, et se marie. A haut niveau, être homo ne constitue pas un accélérateur de carrière : le pouvoir est hétérosexuel ou ne sera pas. Petits secrets et grande hypocrisie, on est en France, quand même. Moi, je fais partie de ceux qui ne savaient pas. Toi aussi, lecteur ? Bienvenue au club de ceux qui sont toujours en retard d’un train !

6 juin 2012

Le petit François attend ses électeurs au rayon jardinage


La photo officielle du nouveau président est prête. François Hollande marche à l’ombre des arbres du jardin de l’Elysée. C’est joli, c’est vert, ça pourrait être une publicité pour le rayon frais d’un hypermarché parisien. C’est plus aéré que la photo naphtalinée de Sarkozy prise dans la bibliothèque de l’Elysée, en 2007. Sarko flashé au milieu des livres, quand on sait qu’il ne lit jamais, n’était-ce pas une véritable provocation pour l’intello ? Mais Hollande immortalisé en plein trip verdure ne fait pas plus authentique : la maigreur de son programme environnemental a découragé plus d’un écolo. Haro sur la photo !

29 mai 2012

Ubu papa

No more kid. Cessons d'encourager les Français à faire des gosses. La France est suffisamment peuplée comme ça : des loyers toujours plus chers, des zones péri-urbaines ultra-laides toujours plus nombreuses, des espaces naturels toujours plus rétrignolés, un chômage des jeunes toujours plus important. Stop au soi-disant miracle de la fertilité hexagonale, qui ne nous apporte rien de positif. Et en plus, il vide nos bourses, car la France aide les riches à avoir des gosses. Vous ne rêvez pas, cela s'appelle le quotient familial. Voilà une usine à gaz fiscale qui coûte entre 10 et 14 milliards d'euros tous les ans, et qui n'avantage que les gens aisés : 10% d'entre eux captent 50% de ce dispositif. Pendant ce temps-là, il y a des enfants qui sont déjà nés et qui auraient grand besoin de cette manne financière. Je veux parler des gamins pauvres ; selon l'Unicef, 9 à 10% des petits Français sont dans la dèche. Une étude récente classe la France au 14e rang des 35 pays étudiés en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté des plus jeunes. Ouh, la honte ! Pauvres de nous ! On est vraiment au pays d'Ubu – Ubu non pas roi, mais papa.

7 mai 2012

Fini la politique rock-and-rolex

Sarko KO ! Même pour les intermittents de la France comme moi, qui s’en fichent un peu, c’est une bonne nouvelle. Le diagnostic impitoyable posé par Marx sur Louis-Napoléon Bonaparte peut reprendre du service : un type grotesque et insignifiant. Sarko n’aura apporté à la langue française que ce mot, bling-bling. Champion du kitch politique, qu’il s’empoussière avec sa première dame de cire sous un dôme de plastique, comme les poupées folkloriques. Tchao Sarko, adieu à la politique rock-and-rolex.

26 avril 2012

Je vote, tu paies


J’ai été voter au premier tour des présidentielles. Un beau geste citoyen. Ne vivant pas en France, je n’aurai pas à assumer (ni à payer) les politiques découlant de mes choix. Bref, un vrai beau moment d’irresponsabilité totale, comme il en existe peu dans la vie. Pendant ce temps, les étrangers installés en France depuis un moment qui, eux, sont directement concernés par le verdict des urnes, ne peuvent pas voter. Bienvenue en Absurdie ! Je me tâte pour rééditer mon exploit républicain au 2e tour. J’ai le choix entre, à droite, « Replions-nous sur nous-même et respirons-nous le creux des aisselles » et, à gauche, « L’Etat c’est je et il fera votre bonheur ». Le deuxième projet, quoique très gauche naphtaline, sent moins mauvais. En plus, comme c’est vous, Français, qui allez le financer… Qui vivra verra, et qui s’en foutra votera.

16 avril 2012

Le poisson pourrit par les palmes


Chaque fois qu'il en a l'occasion, Sarkozy dénonce l'attitude de Martine Aubry, maire de Lille, qui réserva jadis des créneaux horaires aux femmes dans les piscines. Mais ce n'est pas un cas isolé ; j'ai découvert une réalité préoccupante : il existe dans certaines piscines des créneaux réservés... Aux enfants ! On nous empêche de nager sous prétexte qu'une bande de marmots fait trempette ! C'est la République qu'on poignarde, c'est la laïcité qu'on met à mort. A bas le lobby pro-kid. Le communautarisme menace ! Il répand sa mauvaise graine dans nos vestiaires, nos pédiluves. Sarkozy prétend qu'il sent la vague monter : encore faut-il qu'on puisse se mettre à l'eau.

10 avril 2012

Teuf-teuf à travers la campagne


Et ton permis de conduire, tu le veux comment ? Avec des points, sans point ? Chez toi, à l’école ? En un mois, deux mois ? A moins de deux semaines du premier tour, les grands thèmes de la campagne électorale se situent vraiment ras le trottoir. L’écologie ? La place des femmes ? La moralisation de la vie politique ? Vous n’y êtes pas. Non, plus prosaïque : le permis de conduire !
Tenter de créer des emplois, il est vrai, c’est dur ; mieux vaut rapprocher les candidats des emplois. Le sésame rose pour tous ! A quand le droit au permis inscrit dans la constitution ? D’ici quelques jours, parions que les candidats frapperont encore plus fort : ils promettront la première voiture gratuite pour tous les Français. Et on sera enfin heureux nationale 7.

4 avril 2012

La revanche de la culture


Richard Descoings, emblématique directeur de Sciences-Po, est mort hier. On a retrouvé son corps au matin dans un hôtel de New York. C’est curieux quand même : un homme de 53 ans, en bonne santé, qui décède aussi brutalement… C'est peut-être bien un meurtre. Il y a peu, Richard Descoings avait annoncé la suppression de l'épreuve de culture générale : finalement, c’est elle qui l’a supprimé. Culture gé l’a tué.

31 mars 2012

Fais du feu dans la cheminée

Les médias en France, un contre-pouvoir ? Mes fesses, oui. Le documentaire « Les nouveaux chiens de garde », de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, montre ce qu’on savait déjà mais qui mérite d’être rappelé : la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des industriels ou financiers liés au pouvoir. News repompées sur des dépêches AFP, chroniqueurs ou éditorialistes appointés pour rabâcher, connivences de gens du même monde, on est gâté. C’est l’incroyable et merveilleux Jacques Attali, futurologue de bazar, qui s’impose en méga-bernacle de télé : tout se passe comme s’il y habitait. Mais d’autres ne sont pas en reste, comme Hervé Lorenzi, Alain Minc, Michel Godet, et autres Cohen ou Boissieu. Certains épisodes du film ne manquent pas de sel, comme voir un Michel Godet prôner sans siller la baisse du salaire minimum alors que lui-même gagne 150 000 euros par an.
Il n’y a pas qu’en économie que les médias recyclent les opinions permises d’un certain monde. En politique aussi. Télés, radios, journaux, distillent des leçons de morale qui me sortent par les trous de nez : raz le bol des discours creux sur les merveilles de la laïcité, sur les bienfaits de la République (=dis merci à la France) et sur les dangers du communautarisme. Communautarisme ? Mais lequel ? Parlons de cette mini-caste d’hommes blancs, d’âge mûr, qui détient les clés du pouvoir en France. Ça, c’est pas du communautarisme ?
Je me demande pourquoi le documentaire ne cite pas le classement annuel de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, qui ne fait que donner raison à ses auteurs. En 2011-12, la France est 38e, loin derrière la plupart des pays européens, et juste derrière, euh, le Salvador. Bon, on a compris, on éteint le poste ? On utilise le journal pour démarrer le feu dans la cheminée ? Bizarre, il ne prend pas. Décidément, bon à rien !

16 mars 2012

Haro sur les mauvais Français

Sarkozy découvre sur TF1 que la pluie mouille, et que l’exode des riches continue. Non, pas les riches qui font partie de son sérail (ceux-là sont protégés par papa Sarko), les autres. Haro sur ceux qui ont quitté la France « dans le seul but d’échapper à l’impôt » : on va les taxer, les tondre, et pire, on va leur retirer leur nationalité française. Honte intergalactique ! Depuis que les nobles français ont esquivé la guillotine révolutionnaire en émigrant, le thème de l’expatrié à visage de traître revient comme un serpent de mer dans le discours politique.
Il y a donc les bons et les mauvais Français. Un email de Nicolas Sarkozy, envoyé aujourd’hui 16 mars aux Français résidant hors de France, nous l’explique. Notre Président opère une distinction très nette entre « exilé fiscal » et « expatrié », précisant que le nouvel impôt qu’il nous concocte ne touchera pas « les expatriés qui, par leur activité professionnelle à l’étranger, font rayonner la France hors de ses frontières ». Ouf, je ne suis donc pas concernée.
Mais comment sépare-t-on le bon grain de l’ivraie ? Comment reconnaît-on les traîtres des innocents Français de l’étranger ? Ce matin, chez le fromager de la rue Vanderkindere de Bruxelles, j’avais devant moi une jeune femme parlant français avec l’accent français. Un stigmate qui ne trompe pas : une Française, donc. Est-ce une émigrée fiscale, me suis-je demandée en détaillant la coupe de ses habits et la marque de son sac à main ? Si oui, dois-je la dénoncer ? Il faut peu de choses pour les bons vieux réflexes reprennent le dessus. La délation, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.

5 mars 2012

Le nouveau cliché : l'éducation "à la française"


La France est une source sans fin de clichés : les Français portent des bérets, vont dans des guinguettes, savent y faire au lit, etc.… En France, c’est bien connu, les femmes sont minces et, dernière image d’Epinal en date, les enfants bien élevés. Une journaliste américaine, Pamela Druckerman, dans un ouvrage intitulé "Bringing up bébé", érige l’éducation à la française en modèle. L’auteure s’extasie sur le comportement des bambins français, qui, selon elle, font leur nuit dès l’âge de 2 mois, mangent ce qu’on leur donne et disent bonjour. Feraient-ils aussi pipi et caca à la demande ?
On reste sans voix. L’auteure devrait peut-être s’acheter des lunettes. Parle-t-elle seulement le français ? Les parents français que je connais sont stressés, débordés, inquiets pour l’avenir de leurs enfants, obsédés par leurs résultats scolaires ; ils n’ont plus de temps pour des discussions normales d’adultes, pour des sorties entre amis. Eblouis par leur gamin, ils vont vous bassiner avec l’éducation de leur petit Einstein, même si vous en fichez complètement. Et vous ne pourrez même pas le leur dire : une phrase comme « je ne m’intéresse pas aux enfants, si on parlait d’autre chose ? » est totalement taboue.
Ces enfants français si bien élevés, que deviennent-ils ? Pas grand chose, et c’est là que le cliché francophile de Druckerman trouve très vite ses limites. Nos jeunes affrontent depuis 20 ans un chômage de masse (un quart d’entre eux n’a pas d’emploi) : le produit, probablement, de notre éducation mirifique qui les prépare si bien si bien à l’avenir. Conséquence de ce « no future » professionnel, il arrive bien plus souvent qu’aux Etats-Unis qu’ils se suicident : le suicide est la seconde cause de mortalité chez les jeunes de 15-24 ans. Ils sont les champions du monde du pessimisme, et 70% d’entre eux rêvent d’une carrière de fonctionnaire protégée de tous les aléas.
Pas de quoi pousser un cocorico : non, la France n’a rien à apprendre au monde en termes d’éducation. De toute façon, comme le disait le Viennois Sigmund Freud, éduquer est un métier impossible : quoi qu’on fasse, on échoue.

1 mars 2012

On irradie bien les veaux


Ah bon, il va y avoir des élections ? La campagne ? Vu de loin, ça manque de ressort. On a un Sarko désespéré qui brandit des mesurettes comme autant de cadeaux promotionnels. Un Hollande mollasson dont la promesse-phare consiste à créer des postes de profs pour servir de rustines à une Educ’Nat totalement déglinguée. Le suspense est insoutenable. Et il y a un truc que je ne comprends pas. Le nucléaire devait être un grand thème de la campagne électorale : au final, rien. Car les candidats les mieux placés selon les sondages défendent le statu quo. Mieux vaut laisser les choses en l’état plutôt que de se remuer les méninges. Quant à l’avenir, le dieu de l’uranium et les candidats futurs y pourvoiront.
Curieusement, c’est au nom du « réalisme » qu’on nous explique que sortir du nucléaire n’est pas possible. Pourtant, le réalisme est dans le camp des contre, pas dans celui des pour. Regardons l’atome dans le blanc des yeux. Le nucléaire nuit gravement à l’environnement (Fukushima, etc), à la démocratie (cf. le foutage de gueule sur le nuage de Tchernobyl), à la sécurité publique (on rentre dans les centrales EDF comme dans un moulin), et aux comptes de l’Etat (un rapport récent de la Cour des comptes montre que cette énergie est beaucoup plus chère qu’on ne nous l’a dit). Cela fait beaucoup, non ?
Les Français sont des veaux, disait de Gaulle, grand nucléocrate français. Bientôt, ils seront des veaux irradiés. Bon becquerel et joyeux sievert dans les étables !

11 février 2012

Corinne bouquine

La « température ressentie » est froide, c’est le moment de se rencogner sous la couette avec une bouillotte et un bon livre. Je conseille chaleureusement « Chanson pour la fille du boucher », par Peter Manseau, traduit de l’anglais (américain), éditions Christian Bourgeois, 2011. Mêlant drame et humour, voilà une bizarroïde histoire yiddish, qui est aussi celle du XXe siècle. C’est le récit du « plus grand poète yiddish vivant » (tous les autres sont morts), de sa vie haletante placée sous le signe de l’exil, et de sa quête éperdue de « la fille du boucher » qui lui a sauvé la vie. Son histoire est entrecoupée des notes d’un jeune universitaire catholique qui s’est lancé, lui aussi par amour, dans une entreprise de traduction du yiddish à l’anglais. Un livre magnifique et tordu, pas écrit par n’importe qui : la quatrième de couverture nous apprend que l'auteur, Peter Manseau, est le premier goy  à avoir reçu le National Jewish Book Award - un prix littéraire dont j’ignorais tout, mais qui a jusque là toujours été attribué à un Juif. Et, encore plus intéressant, Peter Manseau est issu du mariage entre un prêtre défroqué et une nonne.Joke  ou un scandale ? Les deux, sûrement. En tout cas, voilà une bio qui ressemble étrangement au livre, cette véritable ode aux passages de frontières, de préférence illicites.

30 janvier 2012

Manifeste désengagiste

Bientôt les élections présidentielles en France. Irai-je voter ? C’est peu probable. Pas la peine de me faire la morale (« Des gens sont morts pour avoir le droit de vote », ai-je déjà entendu), cela ne peut que me détourner encore davantage des urnes. Les urnes… Quel mot affreux, qui ne rime guère qu’avec burnes ! Nom d’une couille, si les Français ne sont pas contents de leur Sarko, ils n’ont qu’à émigrer. Moi, intellectuelle désengagée, voici ce que je propose : ne pas voter, ne pas participer à la compétition économique, ne pas donner d’ordre – ni en recevoir, ne pas donner de leçons de morale – ni en recevoir, ne pas faire semblant au-delà du nécessaire vital, ne pas hurler avec les loups, ne pas endosser les discours préfabriqués de l’époque.
Je ne suis pas seule. J’apprends qu’il y a des « ne-païstes » au Japon. On les appelle les « hommes mangeurs d’herbes », ce sont de sympathiques jeunes gens contemplatifs, économes, ennemis de la compétition, hostiles à la réussite professionnelle, peu portés sur le sexe. Leur rébellion silencieuse contre les valeurs consuméristes et viriles serait responsable de la stagnation économique et de la dénatalité du Japon (un impressionnant résultat, qui fait gloser les spécialistes). Ne-païstes de tous les pays, unissons nos non-forces, et advienne que pourrisse !

13 janvier 2012

Hollande, un No Kid malgré lui


Pour ou contre le quotient familial ? Abolitionniste ou conservateur ? Enfin, un vrai débat, qui nous touche au cœur, qui s’insinue jusque dans les alcôves et les cuisines : faut-il supprimer le quotient familial ? C’est un mécanisme fiscal unique au monde : le revenu imposable est calculé en fonction de la composition de la famille. Plus les revenus d’un foyer sont importants, plus les réductions d’impôt dont il bénéficie sont substantielles. Ce « machin », mis en place en 1945, avait peut-être pour objectif inconscient de favoriser la natalité des gens aisés : pourquoi les familles nombreuses seraient-elles réservées aux pouilleux, je vous le demande ? La vraie justice, c’est le libre accès de tous et de chacun à la famille-tribu. Treize à la douzaine : un droit de l’homme, du citoyen et du parent moderne. A condition d'être français, bien entendu.
La gauche veut supprimer le QF, François Hollande s’engage avec prudence à le « moduler », l’UMP le défend becs et ongles. Vous aussi, prenez parti. Mais sachez que si vous êtes anti-quotienfamilialiste, vous ne gagnerez probablement pas la partie. Le meilleur bouclier de ce dispositif, c’est encore son nom : d’abord « quotient », qui encourage tous les nuls en maths à circuler. Et, surtout, « familial » : quand un mécanisme est « familial », cela signifie qu’il est bien. Ah la famille, c’est si important ! Quand on pense qu’il y a des fous qui ont, jadis, éructé : « Familles, je vous hais » ! Ces gens étaient des punks avant l’heure, des brandons de discorde, des anarchistes. Qu'on les fasse taire. Au nom de nos chères têtes blondes, pas touche au QF. CQFD.

6 janvier 2012

ET joue les filles de l'air

Lectrices, lecteurs, meilleurs vœoeux 2012 ! Je m'’adresse à vous collectivement, car la fréquentation de ce blog a bondit. Pour autant, pas la peine de me proposer d'y ajouter des bandeaux publicitaires, je n’'en veux pas. Mais je profite de ce message pour vous faire part de la vraie mauvaise nouvelle de ce début d'année. J'’apprends que la rencontre du Troisième type n’'aura pas lieu en 2012. C’est Geoffrey Miller, un prof de psycho à l'’Université du Nouveau Mexique, qui l'’affirme. Ni cette année, ni les suivantes, d'’ailleurs. Pas de soucoupe volante à l'’horizon. Pourquoi ? Les aliens, pourtant plus nombreux qu'’on le pense, négligent de conquérir la galaxie ; « ils sont trop occupés à jouer à des jeux sur leur ordinateur », explique Geoffrey. Ce serait le destin des cerveaux évolués : vive les loisirs virtuels et les soirées « call off duty » en réseau avec des potes. Décadence, quand tu nous tiens... Bon, sérieusement, Geoffrey, le joint, tu le fais circuler, qu’'on en profite nous aussi pour planer très haut dans le ciel et lire dans les étoiles ?