14 novembre 2012

Les Indignés de l'édition


Les « caves » du monde du Livre se rebiffent. Une quinzaine d’auteurs et scénaristes de renom de Casterman, une maison de BD récemment rachetée par Gallimard, protestent contre les diktats de leur nouveau propriétaire. Ils se sentent, disent-ils, « instrumentalisés en vue d’un transfert purement capitalistique ». C’est hélas la triste condition de l’auteur dans ce monde de brutes qu’est l’édition.

Un univers impitoyable qui compte d’autres Indignés, certes moins prestigieux, mais non moins remuants. Il s’agit de ceux qui sont restés sur le carreau suite au rachat des éditions Michalon par Max Milo en 2009. Le « dîner des cons » que nous avons organisé il y a quelques années a permis d'informer sur certains « dirty secrets » que les éditions auraient préféré garder sous le tapis. Michalon, qui prétend défendre « l’effervescence du débat », a alors porté plainte pour diffamation contre certains d’entre nous. Notons qu’il n’est pas fréquent qu’un éditeur intente un procès de ce genre à ses auteurs et collaborateurs.

Le verdict a été rendu le 13 novembre 2012 par la 17e chambre correctionnelle de Paris, et il est très clément eu égard à la virulence de nos propos. Clément Maraud, ex-correcteur, et moi, nous avons tous deux été condamnés à verser à Yves Michalon un euro de dommages et intérêts. Serge Delbono, webmaster, a été relaxé. Quant aux propos qui me sont reprochés, ils ne figurent pas sur ce site Internet, qui restera donc en l’état (voir la rubrique d'à côté, "Michalon piège à c..." et ses témoignages édifiants). Michalon n'a pas obtenu ce qu'il demandait : rien moins qu'une publication judiciaire dans Le Monde et Le Figaro. C'est donc une victoire pour nous.

Le Tribunal a manifestement tenu compte des conditions discutables de la reprise de Michalon par Max Milo, du montant abyssal des pertes accumulées, du nombre anormal des procédures judiciaires engagées contre cette maison d'édition depuis sa création, et de la curieuse confusion entre les « éditions Michalon », « Michalon éditions », « Yves Michalon Editeur » et Yves Michalon lui-même. De plus, comme l'un de nos témoins l'a affirmé, les « michalonnades » continuent depuis la reprise.

On retiendra de ce procès l'invraisemblable ligne de défense d'Yves Michalon, expliquant benoîtement à la Cour que ce seraient ses auteurs et sous-traitants qui devraient porter le chapeau de sa faillite. En effet, les impudents ont demandé à être payés ! Où irions-nous si tous les créanciers exigeaient leur dû ! L'économie s'effondrerait !
Bref, comme l’écrivait le Canard Enchaîné dans son édition d’il y a trois semaines, « Porter plainte pour diffamation, c’est toujours porter plainte contre soi-même ».