26 novembre 2009

On se fait le mur ?

On a fêté les vingt ans de la chute du mur de Berlin. Oui, je sais, ça date un peu. Mais quand c'est arrivé, j'étais malade. J'ai donc un ou deux trains de retard – il faut un certificat médical ? Il est encore temps de s'amuser un peu en regardant l'événement un peu autrement. Comment ? Ci-dessous quatre voies de sortir de l'autoroute de la « pensée unique ». Bien sûr il y en a d'autres : à vous de jouer ?

Didactique

L'Europe célèbre le 20e anniversaire de la chute du mur. 1989 : ce qui s'est achevé cette année-là, c'est avant tout la deuxième guerre mondiale. La véritable paix en Europe, celle des braves et celle des autres, a commencé le jour où le mur est tombé. Entre 1945 et 1989, la guerre a continué, par d'autres moyens que les armes. Donc, la morale de l'histoire (qui aurait enchanté Clausewitz), c'est qu'il ne suffit pas de signer la paix pour mettre fin à une guerre. Et aussi, peut-être, qu'il ne suffit pas de célébrer la liberté par une opération de comm' géante pour qu'elle soit au rendez-vous.

Contestataire

Le mur de Berlin est tombé il y a vingt ans. L'Allemagne, mais aussi l'Europe tout entière, tiennent là une belle opération de communication à destination du monde entier. Dommage, Obama n'était pas là. Voilà un message fort à porter vers les autres continents : regardez, ce qu'on a réussi à faire, vous pouvez l'accomplir aussi. Vous aussi, abattez vos murs. Hélas, il nous faut reconnaître qu'il reste un mur en l'Europe. C'est la Méditerranée. Oui, cette palissade d'eau qui nous sépare de ceux qui voudraient fuir leur continent, et tentent la traversée au péril de leur vie. Si on l'asséchait ?

Grinçant

Et vous, vous faisiez quoi le jour où le mur est tombé ? Le mur de Berlin est tombé il y a vingt ans. On fête l'Europe réunifiée : elle est devenue un vaste ensemble a-national, a-conflictuel, a-dramatique. On se réjouit : « L'Europe, l'Europe, l'Europe ! ». Les cabris sautent sur leur chaise. L'Europe dit oui à l'Europe de la liberté, oui au continent où les choses n'ont même plus besoin de leur contraire pour exister, oui à Ouiland. On en baille d'ennui, autant jouer aux dominos. Du reste, un des clous de la fête ringarde que Berlin a administré au monde entier, c'est une pluie de dominos en polystyrène : on en conviendra, ça ne casse pas des briques.

Français

Hors d'Allemagne, c'est en France que le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin est fêté avec le plus d'éclat. Il est vrai que les Français, encore étourdis par leur bicentenaire de la révolution, ont raté l'événement en 1989. Sarkozy, y était-il ? Sur Facebook, le président a prétendu s'être trouvé à Berlin le 9 novembre et avoir donné les « premiers coups de pioche » dans le mur. Mais il y a controverse concernant la date. Encore un couac de l'Elysée ? A force de vouloir creuser son sillon partout où quelque chose se passe, Sarko finira par se planter.