5 mars 2012
Le nouveau cliché : l'éducation "à la française"
La France est une source sans fin de clichés : les Français portent des bérets, vont dans des guinguettes, savent y faire au lit, etc.… En France, c’est bien connu, les femmes sont minces et, dernière image d’Epinal en date, les enfants bien élevés. Une journaliste américaine, Pamela Druckerman, dans un ouvrage intitulé "Bringing up bébé", érige l’éducation à la française en modèle. L’auteure s’extasie sur le comportement des bambins français, qui, selon elle, font leur nuit dès l’âge de 2 mois, mangent ce qu’on leur donne et disent bonjour. Feraient-ils aussi pipi et caca à la demande ?
On reste sans voix. L’auteure devrait peut-être s’acheter des lunettes. Parle-t-elle seulement le français ? Les parents français que je connais sont stressés, débordés, inquiets pour l’avenir de leurs enfants, obsédés par leurs résultats scolaires ; ils n’ont plus de temps pour des discussions normales d’adultes, pour des sorties entre amis. Eblouis par leur gamin, ils vont vous bassiner avec l’éducation de leur petit Einstein, même si vous en fichez complètement. Et vous ne pourrez même pas le leur dire : une phrase comme « je ne m’intéresse pas aux enfants, si on parlait d’autre chose ? » est totalement taboue.
Ces enfants français si bien élevés, que deviennent-ils ? Pas grand chose, et c’est là que le cliché francophile de Druckerman trouve très vite ses limites. Nos jeunes affrontent depuis 20 ans un chômage de masse (un quart d’entre eux n’a pas d’emploi) : le produit, probablement, de notre éducation mirifique qui les prépare si bien si bien à l’avenir. Conséquence de ce « no future » professionnel, il arrive bien plus souvent qu’aux Etats-Unis qu’ils se suicident : le suicide est la seconde cause de mortalité chez les jeunes de 15-24 ans. Ils sont les champions du monde du pessimisme, et 70% d’entre eux rêvent d’une carrière de fonctionnaire protégée de tous les aléas.
Pas de quoi pousser un cocorico : non, la France n’a rien à apprendre au monde en termes d’éducation. De toute façon, comme le disait le Viennois Sigmund Freud, éduquer est un métier impossible : quoi qu’on fasse, on échoue.