25 avril 2011

La mère Anémone est-elle une ordure ?

Le scoop de la semaine dernière : l’actrice Anémone lâche un pavé dans la mare de la maternité aux micros de France Infos. « J’aurais été plus heureuse sans enfants », avoue celle-ci, tout en précisant quand même qu’elle s’est toujours occupée du mieux qu’elle le pouvait de ses deux rejetons. Scandale ! Que voilà une mère indigne, une femme aigrie ! Tout le monde en parle sur le Net. Manifestement, on ne plaisante pas avec ce tabou contemporain qu'est la maternité.
L’évoquer autrement que pour dire « je suis une mère comblée, mes enfants sont ma joie de vivre » est impensable. Il aurait mieux valu qu’Anémone parle de partouzes sado-maso, de sodomie ou de ses hémorroïdes, cela aurait suscité moins de commentaires. Anecdotique ? Non, révélateur. Ce que dit Anémone, c’est : « J’ai fait ce que j’ai pu et ça suffit ». Pas de doute, ça suffit, et un célèbre pédiatre a pu faire l’éloge de « la mère suffisamment bonne » - car trop bonne, c’est trop. Dans les services psychiatriques des hôpitaux, il y a pas mal de gens qui ont eu des mères trop bonnes.
Par ailleurs, il est amusant de noter que l’idée de « faire son devoir » est passée à la trappe. Avant, probablement avant 1968, les gens élevaient leurs enfants et allaient bosser par devoir. On en chiait, mais il le fallait, c’était comme ça. Maintenant, on en bave toujours autant (ne venez pas me dire le contraire) mais il faut y prendre plaisir. C’est le règne du surmoi, dont l’injonction est double : « obéis, marche en rang », et « jouis ». Sur ces bonnes paroles, je vous laisse car les besognes ménagères n’attendent pas. Le devoir m’appelle.

14 avril 2011

Je suis couverte

Burqa = attentats = caca. La loi interdisant de porter le niqab ou la burqa en public est entrée en vigueur lundi 11 avril en France. Il y va, paraît-il, de notre sécurité et de nos libertés. Qui ne s’y conforme pas s’expose à une amende de 150 € ou à se voir imposer un cours de citoyenneté. Moi, je suis concernée au premier chef. Non pas pour des raisons religieuses, car de religion je n’en ai pas. Mes parents, élevés dans des cultes différents, m’ont toujours dit : « tu choisiras quand tu seras grande ». Comme je n’ai pas très envie de grandir, je n’ai jamais choisi, et ça attendra. Non, cette interdiction me concerne pour des raisons dermatologiques. En effet, mon docteur vient de m’annoncer que j’étais atteinte de chloasma : rien de bien grave, ce sont des taches marrons pas très jolies qui apparaissent sur le visage. Mais me voilà interdite de bronzette. Le soleil, dorénavant, est mon ennemi. Pas un seul de ses rayons ne doit toucher mon blanc visage. Que faire ? Quel pare-soleil adopter ? Ecran total, sombrero, crème blanchissante façon Michael Jackson ? Cela ne suffira pas. J’ai pensé à une voilette intégrale. Une idée qui me met de plain-pied dans l’illégalité. Je m’en fiche, si la police me verbalise, je peux produire un certificat médical. Et un mot des parents certifiant que j’ai été élevée dans un contexte pur porc non-religieux. Avec toute cette paperasse, me voilà couverte. N’est-ce pas l’essentiel ?

4 avril 2011

Les symboles n’ont pas de bol

Aujourd’hui, on reçoit deux cartes postales plaisantes venues du Nord de la France. A Neuville-en-Ferrain, un buste de Marianne aux seins trop avantageux a été retiré de la salle des mariages. A Bauvin, c’est le portrait du président de la République qui a été décroché : certains époux refusaient de se dire oui sous le regard de Nicolas Sarkozy. Une Marianne trop sexy chez les uns, un président pas assez glamour chez les autres. Neuville se la joue « cachez ce sein que je ne saurais voir », à Bauvin, c’est « cachez ce nain que l’on ne peut plus voir ».
Au placard, les symboles de la République ! Le buzz monte, la polémique gronde chez les Neuvillois et les Bauvinois ; qu’est-ce qu’un symbole de la République ? Où est le mode d’emploi, quelles sont les dates de péremption ? Cela tombe à pic, un rapport parlementaire sur le respect des symboles de la République a été récemment bouclé. Une loi s’impose, car la guerre civile menace. Décidément, le Nord est plein de surprises : vive les ch’tis.