Sarkozy découvre sur TF1 que la pluie mouille, et que l’exode des riches continue. Non, pas les riches qui font partie de son sérail (ceux-là sont protégés par papa Sarko), les autres. Haro sur ceux qui ont quitté la France « dans le seul but d’échapper à l’impôt » : on va les taxer, les tondre, et pire, on va leur retirer leur nationalité française. Honte intergalactique ! Depuis que les nobles français ont esquivé la guillotine révolutionnaire en émigrant, le thème de l’expatrié à visage de traître revient comme un serpent de mer dans le discours politique.
Il y a donc les bons et les mauvais Français. Un email de Nicolas Sarkozy, envoyé aujourd’hui 16 mars aux Français résidant hors de France, nous l’explique. Notre Président opère une distinction très nette entre « exilé fiscal » et « expatrié », précisant que le nouvel impôt qu’il nous concocte ne touchera pas « les expatriés qui, par leur activité professionnelle à l’étranger, font rayonner la France hors de ses frontières ». Ouf, je ne suis donc pas concernée.
Mais comment sépare-t-on le bon grain de l’ivraie ? Comment reconnaît-on les traîtres des innocents Français de l’étranger ? Ce matin, chez le fromager de la rue Vanderkindere de Bruxelles, j’avais devant moi une jeune femme parlant français avec l’accent français. Un stigmate qui ne trompe pas : une Française, donc. Est-ce une émigrée fiscale, me suis-je demandée en détaillant la coupe de ses habits et la marque de son sac à main ? Si oui, dois-je la dénoncer ? Il faut peu de choses pour les bons vieux réflexes reprennent le dessus. La délation, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.