Les médias en France, un contre-pouvoir ? Mes fesses, oui. Le documentaire « Les nouveaux chiens de garde », de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, montre ce qu’on savait déjà mais qui mérite d’être rappelé : la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des industriels ou financiers liés au pouvoir. News repompées sur des dépêches AFP, chroniqueurs ou éditorialistes appointés pour rabâcher, connivences de gens du même monde, on est gâté. C’est l’incroyable et merveilleux Jacques Attali, futurologue de bazar, qui s’impose en méga-bernacle de télé : tout se passe comme s’il y habitait. Mais d’autres ne sont pas en reste, comme Hervé Lorenzi, Alain Minc, Michel Godet, et autres Cohen ou Boissieu. Certains épisodes du film ne manquent pas de sel, comme voir un Michel Godet prôner sans siller la baisse du salaire minimum alors que lui-même gagne 150 000 euros par an.
Il n’y a pas qu’en économie que les médias recyclent les opinions permises d’un certain monde. En politique aussi. Télés, radios, journaux, distillent des leçons de morale qui me sortent par les trous de nez : raz le bol des discours creux sur les merveilles de la laïcité, sur les bienfaits de la République (=dis merci à la France) et sur les dangers du communautarisme. Communautarisme ? Mais lequel ? Parlons de cette mini-caste d’hommes blancs, d’âge mûr, qui détient les clés du pouvoir en France. Ça, c’est pas du communautarisme ?
Je me demande pourquoi le documentaire ne cite pas le classement annuel de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, qui ne fait que donner raison à ses auteurs. En 2011-12, la France est 38e, loin derrière la plupart des pays européens, et juste derrière, euh, le Salvador. Bon, on a compris, on éteint le poste ? On utilise le journal pour démarrer le feu dans la cheminée ? Bizarre, il ne prend pas. Décidément, bon à rien !
31 mars 2012
16 mars 2012
Haro sur les mauvais Français
Sarkozy découvre sur TF1 que la pluie mouille, et que l’exode des riches continue. Non, pas les riches qui font partie de son sérail (ceux-là sont protégés par papa Sarko), les autres. Haro sur ceux qui ont quitté la France « dans le seul but d’échapper à l’impôt » : on va les taxer, les tondre, et pire, on va leur retirer leur nationalité française. Honte intergalactique ! Depuis que les nobles français ont esquivé la guillotine révolutionnaire en émigrant, le thème de l’expatrié à visage de traître revient comme un serpent de mer dans le discours politique.
Il y a donc les bons et les mauvais Français. Un email de Nicolas Sarkozy, envoyé aujourd’hui 16 mars aux Français résidant hors de France, nous l’explique. Notre Président opère une distinction très nette entre « exilé fiscal » et « expatrié », précisant que le nouvel impôt qu’il nous concocte ne touchera pas « les expatriés qui, par leur activité professionnelle à l’étranger, font rayonner la France hors de ses frontières ». Ouf, je ne suis donc pas concernée.
Mais comment sépare-t-on le bon grain de l’ivraie ? Comment reconnaît-on les traîtres des innocents Français de l’étranger ? Ce matin, chez le fromager de la rue Vanderkindere de Bruxelles, j’avais devant moi une jeune femme parlant français avec l’accent français. Un stigmate qui ne trompe pas : une Française, donc. Est-ce une émigrée fiscale, me suis-je demandée en détaillant la coupe de ses habits et la marque de son sac à main ? Si oui, dois-je la dénoncer ? Il faut peu de choses pour les bons vieux réflexes reprennent le dessus. La délation, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.
Il y a donc les bons et les mauvais Français. Un email de Nicolas Sarkozy, envoyé aujourd’hui 16 mars aux Français résidant hors de France, nous l’explique. Notre Président opère une distinction très nette entre « exilé fiscal » et « expatrié », précisant que le nouvel impôt qu’il nous concocte ne touchera pas « les expatriés qui, par leur activité professionnelle à l’étranger, font rayonner la France hors de ses frontières ». Ouf, je ne suis donc pas concernée.
Mais comment sépare-t-on le bon grain de l’ivraie ? Comment reconnaît-on les traîtres des innocents Français de l’étranger ? Ce matin, chez le fromager de la rue Vanderkindere de Bruxelles, j’avais devant moi une jeune femme parlant français avec l’accent français. Un stigmate qui ne trompe pas : une Française, donc. Est-ce une émigrée fiscale, me suis-je demandée en détaillant la coupe de ses habits et la marque de son sac à main ? Si oui, dois-je la dénoncer ? Il faut peu de choses pour les bons vieux réflexes reprennent le dessus. La délation, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.
5 mars 2012
Le nouveau cliché : l'éducation "à la française"
La France est une source sans fin de clichés : les Français portent des bérets, vont dans des guinguettes, savent y faire au lit, etc.… En France, c’est bien connu, les femmes sont minces et, dernière image d’Epinal en date, les enfants bien élevés. Une journaliste américaine, Pamela Druckerman, dans un ouvrage intitulé "Bringing up bébé", érige l’éducation à la française en modèle. L’auteure s’extasie sur le comportement des bambins français, qui, selon elle, font leur nuit dès l’âge de 2 mois, mangent ce qu’on leur donne et disent bonjour. Feraient-ils aussi pipi et caca à la demande ?
On reste sans voix. L’auteure devrait peut-être s’acheter des lunettes. Parle-t-elle seulement le français ? Les parents français que je connais sont stressés, débordés, inquiets pour l’avenir de leurs enfants, obsédés par leurs résultats scolaires ; ils n’ont plus de temps pour des discussions normales d’adultes, pour des sorties entre amis. Eblouis par leur gamin, ils vont vous bassiner avec l’éducation de leur petit Einstein, même si vous en fichez complètement. Et vous ne pourrez même pas le leur dire : une phrase comme « je ne m’intéresse pas aux enfants, si on parlait d’autre chose ? » est totalement taboue.
Ces enfants français si bien élevés, que deviennent-ils ? Pas grand chose, et c’est là que le cliché francophile de Druckerman trouve très vite ses limites. Nos jeunes affrontent depuis 20 ans un chômage de masse (un quart d’entre eux n’a pas d’emploi) : le produit, probablement, de notre éducation mirifique qui les prépare si bien si bien à l’avenir. Conséquence de ce « no future » professionnel, il arrive bien plus souvent qu’aux Etats-Unis qu’ils se suicident : le suicide est la seconde cause de mortalité chez les jeunes de 15-24 ans. Ils sont les champions du monde du pessimisme, et 70% d’entre eux rêvent d’une carrière de fonctionnaire protégée de tous les aléas.
Pas de quoi pousser un cocorico : non, la France n’a rien à apprendre au monde en termes d’éducation. De toute façon, comme le disait le Viennois Sigmund Freud, éduquer est un métier impossible : quoi qu’on fasse, on échoue.
1 mars 2012
On irradie bien les veaux
Ah bon, il va y avoir des élections ? La campagne ? Vu de loin, ça manque de ressort. On a un Sarko désespéré qui brandit des mesurettes comme autant de cadeaux promotionnels. Un Hollande mollasson dont la promesse-phare consiste à créer des postes de profs pour servir de rustines à une Educ’Nat totalement déglinguée. Le suspense est insoutenable. Et il y a un truc que je ne comprends pas. Le nucléaire devait être un grand thème de la campagne électorale : au final, rien. Car les candidats les mieux placés selon les sondages défendent le statu quo. Mieux vaut laisser les choses en l’état plutôt que de se remuer les méninges. Quant à l’avenir, le dieu de l’uranium et les candidats futurs y pourvoiront.
Curieusement, c’est au nom du « réalisme » qu’on nous explique que sortir du nucléaire n’est pas possible. Pourtant, le réalisme est dans le camp des contre, pas dans celui des pour. Regardons l’atome dans le blanc des yeux. Le nucléaire nuit gravement à l’environnement (Fukushima, etc), à la démocratie (cf. le foutage de gueule sur le nuage de Tchernobyl), à la sécurité publique (on rentre dans les centrales EDF comme dans un moulin), et aux comptes de l’Etat (un rapport récent de la Cour des comptes montre que cette énergie est beaucoup plus chère qu’on ne nous l’a dit). Cela fait beaucoup, non ?
Les Français sont des veaux, disait de Gaulle, grand nucléocrate français. Bientôt, ils seront des veaux irradiés. Bon becquerel et joyeux sievert dans les étables !
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