11 février 2012
Corinne bouquine
La « température ressentie » est froide, c’est le moment de se rencogner sous la couette avec une bouillotte et un bon livre. Je conseille chaleureusement « Chanson pour la fille du boucher », par Peter Manseau, traduit de l’anglais (américain), éditions Christian Bourgeois, 2011. Mêlant drame et humour, voilà une bizarroïde histoire yiddish, qui est aussi celle du XXe siècle. C’est le récit du « plus grand poète yiddish vivant » (tous les autres sont morts), de sa vie haletante placée sous le signe de l’exil, et de sa quête éperdue de « la fille du boucher » qui lui a sauvé la vie. Son histoire est entrecoupée des notes d’un jeune universitaire catholique qui s’est lancé, lui aussi par amour, dans une entreprise de traduction du yiddish à l’anglais. Un livre magnifique et tordu, pas écrit par n’importe qui : la quatrième de couverture nous apprend que l'auteur, Peter Manseau, est le premier goy à avoir reçu le National Jewish Book Award - un prix littéraire dont j’ignorais tout, mais qui a jusque là toujours été attribué à un Juif. Et, encore plus intéressant, Peter Manseau est issu du mariage entre un prêtre défroqué et une nonne.Joke ou un scandale ? Les deux, sûrement. En tout cas, voilà une bio qui ressemble étrangement au livre, cette véritable ode aux passages de frontières, de préférence illicites.