Bientôt les élections présidentielles en France. Irai-je voter ? C’est peu probable. Pas la peine de me faire la morale (« Des gens sont morts pour avoir le droit de vote », ai-je déjà entendu), cela ne peut que me détourner encore davantage des urnes. Les urnes… Quel mot affreux, qui ne rime guère qu’avec burnes ! Nom d’une couille, si les Français ne sont pas contents de leur Sarko, ils n’ont qu’à émigrer. Moi, intellectuelle désengagée, voici ce que je propose : ne pas voter, ne pas participer à la compétition économique, ne pas donner d’ordre – ni en recevoir, ne pas donner de leçons de morale – ni en recevoir, ne pas faire semblant au-delà du nécessaire vital, ne pas hurler avec les loups, ne pas endosser les discours préfabriqués de l’époque.
Je ne suis pas seule. J’apprends qu’il y a des « ne-païstes » au Japon. On les appelle les « hommes mangeurs d’herbes », ce sont de sympathiques jeunes gens contemplatifs, économes, ennemis de la compétition, hostiles à la réussite professionnelle, peu portés sur le sexe. Leur rébellion silencieuse contre les valeurs consuméristes et viriles serait responsable de la stagnation économique et de la dénatalité du Japon (un impressionnant résultat, qui fait gloser les spécialistes). Ne-païstes de tous les pays, unissons nos non-forces, et advienne que pourrisse !