Je pars en vacances demain. En France, dans un bled des Cévennes. J’ai regardé sur la carte : la centrale nucléaire la plus proche est située à 95 km à vol d’oiseau. C’est loin mais c’est encore bien trop près. Et ce n’est pas les enfumages du JT sur le thème : « Fukushima ne pourrait pas arriver chez nous » qui vont me rassurer. Non seulement j’ai peur du nucléaire, mais j’ai peur du nucléaire made in EDF.
Je sais de quoi je parle : j’ai bossé 12 ans dans cette boîte comme petit cadre. Pas par goût, mais simplement parce que ce taf sans intérêt était payé. J’ai finalement réussi à me faire virer, ce qui relève de l’exploit. A EDF, beaucoup se la ferment : c’est l’emploi assuré contre l’omerta. Je garde l'image d’une entreprise qui fonctionne en vase clos avec la bénédiction de l’Etat, de chefs arrogants d’une rare incompétence, de hiérarques qui défendent la règle du « zéro information » en cas d’accident - naturellement, c’est off. Si ça pète, vous mourrez paisibles, vous n’aurez même pas le temps d’avoir peur.
Ça craint, quand même. Nucléocrates au-dessus des lois, données sismiques falsifiées, dizaines de milliers de sous-traitants exposés sans vergogne aux rayonnements radioactifs : c’est cher payé pour se chauffer. Hardi petit, de nouveaux réacteurs sont construits, des convois de combustibles et de déchets nucléaires traversent la France au mépris des règles de sécurité les plus élémentaires, des matières radioactives sont rejetées dans les eaux, dans l'air. Français, vous êtes concernés, vous devriez êtes consternés. Allons, encore un effort pour crever irradiés.
A lire sur le nucléaire : "Thèses sur Tchernobyl", de Günther Anders, Editions de la Soupente.