9 juillet 2011

Un Français sans la France est comme un poisson sans bicyclette

Je suis contente. David Douillet, populaire champion de judo, va représenter les deux millions et demi* de Français de l’étranger. Bien sûr, j’aurais préféré Yannick Noah, qui habite New York : vivre ailleurs, il connaît. Mais avec David nous serons, c’est certain, bien défendus. On en a besoin, car certains ne nous aiment pas. La preuve, les projets de remise en cause de la pluri-nationalité et la proposition (retoquée) de surtaxation des résidences secondaires des Français vivant au-delà des frontières. C’est que celui qui est parti est suspect. C’est quelqu’un qui n’aime pas la France. C’est un traître au régime, comme ces nobles qui ont fui la Révolution en 1789 ; c’est un agitateur, comme ces républicains et communards exilés au XIXe siècle. C’est un planqué, comme ces millionnaires qui fuient lâchement la fiscalité républicaine. Une atmosphère de défiance et de soupçon nous entoure comme un halo déplaisant. L’autre jour, à Paris, un inconnu m’a alpagué dans la rue pour me demander : « Madame Maier, vous êtes partie pour des raisons fiscales ou politiques ? » Pourquoi faut-il sans cesse se justifier* ?
Mais les politiques ne peuvent pas négliger le million d’électeurs, dont le vote sera décisif pour la présidentielle de 2012. Alors, un petit coup de pommade sur le dos ? Moi j’aime qu’on me flatte, qu’on me cire les pompes. Qu’on me dise que je suis, quelque part, une ambassadrice de la France en terre étrangère. Qu’on me réserve des invitations pour le buffet du 14 juillet à l’Ambassade. Pourquoi pas des sièges réservés dans les transports franciliens, qui nous seraient utiles lors de nos passages en métropole ? Et des tickets d’alimentation (parce que la bouffe, à l’étranger, il faut bien reconnaître que c’est pas toujours ça) ? A quand les paniers-orgies distribués par les consulats de France ? Les largages de vivre effectués depuis les avions Air France ? A moi vaches, cochons, couvées, œufs en meurette, paupiettes, fromage de tête, andouillettes, blanquettes, alouettes…
La France me donne faim. Un électeur bien nourri est un électeur conquis.

*D’après l’audit des parlementaires de la politique d’immigration, d’intégration et de codéveloppement rendu public le 11 mai 2011.
*La rubrique d’à côté, consacrée aux « éditions » Michalon, vous donnera un aperçu de l’état de mon porte-monnaie.