Vive la France ! C’est le titre d’un film récent, dont les affiches se sont multipliées sur le quai du Thalys, ce train écarlate (le fameux « rouge thalys ») qui relie Paris et Bruxelles. Mais je ne compte pas aller le voir, car le « pitch » du réalisateur sur France2 (« La France est un beau pays, j’aime mon pays ») ne m’a pas fait envie. Premier degré, nous voilà ! Laurent Lafitte, acteur d’un autre navet franchouille, « De l’autre côté du périphérique », se livre lui aussi à un petit numéro de patriotisme dans une interview : « Je dois beaucoup à la France, j’y ai effectué mes études au Conservatoire, jamais je ne la quitterai ». S’il avait voyagé, il saurait que d’autres pays dans le monde – pas croyable !- ont réussi à construire des écoles et à former la jeunesse.
Par contre, il y a un truc qui manque, chez nous, ce sont les intellos anti-France ; ou plus exactement des gens qui interrogent les mythes fondateurs nationaux et qui critiquent leur pays. L’Amérique a (entre autres) Noam Chomski et Michael Moore, la Suisse a Jean Ziegler, Israël a Schlomo Sand. En France : rien. Le livre le plus critiqué de BHL, un personnage qui tient pourtant en laisse les médias de France et de Navarre, a été L’idéologie française, un ouvrage cinglant qui allait dans la bonne direction, celle de la réflexion de fond sur l’Hexagone. Et, quand Béatrice Durand sort son excellent essai La nouvelle idéologie française en 2010, c’est le calme plat. Même chose pour mon livre Tchao la France, accusé d’être un ramassis de lieux communs.
Il est vrai que je n’y vais pas de main morte. Je l’avoue dans ce livre, je ne dis pas merci à la France. J’y ai été scolarisée, la belle affaire ! Je n’y ai rien fait que je n’aurais pu faire ailleurs, dans d’autres pays occidentaux. J’ai eu un boulot crétin en entreprise, comme beaucoup de gens, et je n’ai pas de reconnaissance à exprimer pour ça. J’ai publié des livres qui auraient pu l’être sous d’autres cieux, la preuve : ils ont été traduits dans plusieurs langues. Je ne jouis d’aucun poste envié au sein de commissions, de comités, de conseils. Je n’ai jamais voyagé aux frais de la princesse, jamais touché un euro sur le dos du contribuable (il faut le reconnaître, par ignorance du mode d’emploi autant que par honnêteté). Je n’ai jamais bénéficié d’un emploi fictif ; euh… Pour ce dernier, il est peut-être encore temps. Alors, oui, je postule, et qu’on se le dise, j’aime la France. Je l’aime, c’est un pays magnifique, et ceux qui la critiquent sont des traîtres – mon CV, je l’envoie où ? Ces salauds d’anti-France, qu’ils aillent se faire recuire ailleurs ! Dans un minerai de viande roumaine, par exemple !