Vive les duos. Qui ne connaît Dolce - Gabanna ? Et le duo de plume Fruttero - Lucentini, ces auteurs de polars italiens bien ficelés ? Et Albano - Romina Power, qui ont escaladé jadis les hit-parades avec le tube « Felicità » ? La France aussi tient à présent son couple de choc : il s’appelle Spanghero - Castel. Le premier s’illustre dans les lasagnes au canasson, le second dans la viande pourrie. Ce rata pas ragoûtant est mis et remis dans le circuit pour le meilleur bénéfice des intermédiaires alimentaires. Aux yeux de certains, ni l’argent ni la viande n’ont d’odeur. Il faut bien de petits arrangements avec la qualité, car un Occidental mange en moyenne l'équivalent de 21 000 animaux entiers durant son existence ; on se doute bien que ce n’est pas toujours du premier choix. Le droit démocratique de manger de la merde doit donc être défendu bec et ongles (de même que le droit de coucher avec des connards, comme le montre une actu récente qui sent le slip sale).
Mais revenons à nos moutons - chevaux. Tout le déballage actuel sur les dessous pas nets de l’industrie de la bidoche a permis de mettre en circulation un nouveau terme : le « minerai de viande ». C’est une ragougnasse agglomérée d’où proviennent les lasagnes, hachis, chili con carne, moussakas et autres steaks hachés industriels. Ami gastronome, bonjour. On imagine de nouveaux dialogues en prise avec l’actualité : « Ma puce, n’oublie pas d’emporter ton minerai de viande pour ton week-end chez les scouts ». « Mamie, ne te fatigue pas pour le dîner, on apporte le minerai de viande. » Pendant ce temps-là, Findus se fait un sang d’encre. Son business risque de tourner en eau de boudin. Qu’il ferme, tant pis pour lui - on achève bien les chevaux…
A lire : Jonathan Safran Foer, « Faut-il manger les animaux? », L'olivier, 2010.