Le scoop de la semaine dernière : l’actrice Anémone lâche un pavé dans la mare de la maternité aux micros de France Infos. « J’aurais été plus heureuse sans enfants », avoue celle-ci, tout en précisant quand même qu’elle s’est toujours occupée du mieux qu’elle le pouvait de ses deux rejetons. Scandale ! Que voilà une mère indigne, une femme aigrie ! Tout le monde en parle sur le Net. Manifestement, on ne plaisante pas avec ce tabou contemporain qu'est la maternité.
L’évoquer autrement que pour dire « je suis une mère comblée, mes enfants sont ma joie de vivre » est impensable. Il aurait mieux valu qu’Anémone parle de partouzes sado-maso, de sodomie ou de ses hémorroïdes, cela aurait suscité moins de commentaires. Anecdotique ? Non, révélateur. Ce que dit Anémone, c’est : « J’ai fait ce que j’ai pu et ça suffit ». Pas de doute, ça suffit, et un célèbre pédiatre a pu faire l’éloge de « la mère suffisamment bonne » - car trop bonne, c’est trop. Dans les services psychiatriques des hôpitaux, il y a pas mal de gens qui ont eu des mères trop bonnes.
Par ailleurs, il est amusant de noter que l’idée de « faire son devoir » est passée à la trappe. Avant, probablement avant 1968, les gens élevaient leurs enfants et allaient bosser par devoir. On en chiait, mais il le fallait, c’était comme ça. Maintenant, on en bave toujours autant (ne venez pas me dire le contraire) mais il faut y prendre plaisir. C’est le règne du surmoi, dont l’injonction est double : « obéis, marche en rang », et « jouis ». Sur ces bonnes paroles, je vous laisse car les besognes ménagères n’attendent pas. Le devoir m’appelle.