« Pour ou contre les caricatures de Mahomet » constitue le débat du jour. Moi je suis pour leur publication, tous à poil, l'éclate intégrale ! Mais je me dis que dans Charlie Hebdo ils sont parfois plus pusillanimes que lorsqu’il s’agit de montrer le postérieur du Prophète. On rappelle qu'en 2008 leur boss Philippe Val a renvoyé le dessinateur Siné pour une chronique soi-disant antisémite – et qui en fait, aux yeux de la justice, ne l’était pas. Je me souviens aussi que, lors d’une émission sur France Inter où j’étais invitée il y a deux ans en compagnie de Charb, leur actuel patron, celui-ci a dit en substance de mon livre poil à gratter Tchao la France : « La France c’est mon pays, je l’aime et j’y reste ». On en conviendra, c’est la marque d’un esprit profondément subversif.
Choquer, c’est amusant, mais il faut courir le risque d’être choqué soi-même. Se moquer des croyances des autres est salutaire, à condition de ne pas s’épargner. Or, bien des journaux en France sont convaincus d’être les piliers du pacte social, ce qui leur confère un petit ton moralisateur que certains curetons n’auraient pas renié. Pas étonnant que la France ne soit classée que 38e mondiale au classement 2011-2012 de la liberté des médias publié par l’ONG Reporters sans frontière (derrière le Salvador et la Papouasie Nouvelle Guinée). Même les publications satiriques hésitent à brocarder la France et ses dogmes, la République et sa sacro-sainte école laïque, trahissant par là l’héritage libertaire du bon professeur Choron.
Bref, la liberté d’expression doit être toute, ou ne pas être. Outre les fesses de Mahomet, je veux pouvoir me procurer Mein Kampf, mais aussi les opuscules interdits au nom de la protection de la jeunesse, les publications révisionnistes, les manifestes de sabotage anarchiste, Tintin au Congo (menacé par les foudres anti-colonialistes), etc. « Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le zizi », promettait jadis Pierre Perret dans une chanson. J’y compte bien : les fesses ne sauraient suffire.
22 septembre 2012
10 septembre 2012
Pas d'impôt de départ pour le seigneur des Arnault
Le feuilleton de la semaine est la « délocalisation » de Bernard Arnault. Ce doux euphémisme désigne le fait de changer de pays pour payer moins d’impôt. Les infos contradictoires se succèdent : d’abord, on apprend que Bernard Arnault a demandé la nationalité belge (mais pourquoi faire puisque c’est le domicile qui détermine le lieu d’imposition ?) ; ensuite, qu’il habite déjà en Belgique depuis 2011 (donc, s’il est imposé Outre Quiévrain, alors pourquoi demander la nationalité belge ?) ; enfin, qu’il affirme payer ses impôts en France (comment cela, s’il habite en Belgique ?). Tout cela est abracabrantesque.
Quoiqu’il en soit, aux yeux de certains Français, Arnault a trahi. Il a poignardé dans le dos la France, la République, deux mille ans d’Histoire, les rois mérovingiens, etc. L’ingrat ! De même qu’un certain nombre de milliardaires français (entre autres Jean-Luc Lagardère), c’est pourtant l’Etat qui l’a fait roi et qui lui a fourni clé en main son époustouflante ascension. Certes, Bernard Arnault n’est pas parti de rien : il était à la tête d’une grosse PME familiale quand il a été choisi en 1984 par Laurent Fabius, alors Premier ministre, pour reprendre à prix bradé le groupe textile Boussac. Une entreprise dont les plus belles pépites (Dior, le Bon marché…) vaudront des dizaines de milliards quelques années seulement après la reprise.
Le fric, le fric… Il n’y a pas que ça dans la vie. Il y a aussi l'amour. Arnaud Lagardère, héritier de l’empire Lagardère, est amoureux d’un mannequin belge, Jade Foret. Sur une vidéo diffusée en 2011, on a vu l’héritier du groupe aéronautique roucouler auprès d’une bimbo déshabillée (30 cm de plus que lui, 30 ans de moins). Demain, l’airbus A320 du milliardaire cinglera-t-il vers l’aéroport de Zaventem ? Il y en quand même un qu’on ne risque pas de voir s’installer en Belgique, c’est François-Henri Pinault, héritier du groupe de luxe et de grande distribution PPR. Car il est marié avec l’actrice mexicaine Salma Hayek. Ah, le beau ciel de Mexico… Faîtes sonner les mariachis pour accueillir le gringo !
Lire : « Bienvenue chez les riches », Les dossiers du Canard enchaîné, juillet 2012.
31 août 2012
Une rentrée normale
C’est la rentrée. Me voici de retour en Belgique, après un séjour en France. J’ai pu le constater, tout y est normal, des camps de gitans sont détruits, le nucléaire est célébré comme une filière d’avenir, et le pouvoir lorgne avec concupiscence vers le gaz de schiste. Pas plus d’emplois que de beurre en broche, des perspectives bouchées, des édiles qui s’accrochent à leurs fauteuils : tout est normal, on vous dit. Mais quand même, il faut le reconnaître, comme toujours, on mange bien au pays de Vatel et de Marc Veyrat.
Je suis donc revenue de France avec une valise de bouffe. Car, Outre-Quiévrain, se procurer de bons produits constitue le parcours du combattant. De plus les restaurants, généralement pas très bons, reviennent fort cher. Quant au « panier de la ménagère », ce pendant alimentaire du « moral des ménages », il coûte 20% de plus qu’en France. Et les supermarchés belges, alors là, une catastrophe : des rayonnages entiers de fruits durs comme du bois, de légumes qui tirent la tronche, de fromages rétrignolés dans des coques de plastique et de viandes douteuses. Les Belges, heureusement pour eux, n’ont pas conscience de vivre dans un purgatoire gastronomique – il est vrai qu’en Hollande, c’est pire.
Il n’y a pas que le ventre dans la vie. Je suis revenue chez moi avec un livre. L’oisiveté des vacances est propice aux belles découvertes littéraires. Cette année, je suis tombée sur l’excellent « Le temps où nous chantions », de Richard Powers, paru en poche : un livre inspiré et musical de plus de mille pages. Il raconte l’histoire de l’Amérique depuis les années 1950 jusqu’à nos jours à travers le mariage semé d’embûches d’un scientifique juif chassé d’Europe et d’une Afro-américaine. Dès la première page, on est saisit par un vertige de mots qui nous entraîne vers une quête impossible : celle du temps retrouvé et de la sonorité parfaite. C’est puissant et ça sonne juste. Finalement, au lieu de se taper la cloche, si on chantait ?
14 août 2012
Chiennes de vacances
Je ne sais pas si vous avez remarqué, le chien super-moche fait fureur sur nos
lieux de vacances. Bouledogues français, carlins, plus ils ressemblent à des
raclures de séries d'anticipation, plus ils plaisent. Que ces fins de race
défigurées passent leur chemin, loin de ma serviette de plage.
Halte aux chiens, ces parasites qui nous bouffent. Et ce n'est pas une métaphore. Le chien aime tellement l'homme, son meilleur ami, que dès qu'il le peut, il se l'envoie derrière la cravate. Restez chez vous plusieurs heures sans bouger et sans remplir la gamelle de Médor, vous comprendrez très vite avec quels yeux il vous regarde : ceux d'un glouton. La vérité si je te bouffe ! Une bonne raison pour abondonner votre clebs sur la route avant de partir en vacances - si l'on en croit le Docteur Lichic, célèbre et réputé caninophobe.
Une autre raison de s'en débarraser ni vu ni connu (en le mangeant, par exemple), est que le chien constitue un désastre écologique. Il abîme davantage la nature qu'un 4X4. Son empreinte carbone est deux fois supérieure à celle d'un Land Cruiser qui parcourt 10 000 km par an. La cause est entendue : tous caninopathes !
source : "Robert & Brenda Vale, "Time to eat the dog : the real guide to sustainable living", Thames and Hudson, 2009.
Halte aux chiens, ces parasites qui nous bouffent. Et ce n'est pas une métaphore. Le chien aime tellement l'homme, son meilleur ami, que dès qu'il le peut, il se l'envoie derrière la cravate. Restez chez vous plusieurs heures sans bouger et sans remplir la gamelle de Médor, vous comprendrez très vite avec quels yeux il vous regarde : ceux d'un glouton. La vérité si je te bouffe ! Une bonne raison pour abondonner votre clebs sur la route avant de partir en vacances - si l'on en croit le Docteur Lichic, célèbre et réputé caninophobe.
Une autre raison de s'en débarraser ni vu ni connu (en le mangeant, par exemple), est que le chien constitue un désastre écologique. Il abîme davantage la nature qu'un 4X4. Son empreinte carbone est deux fois supérieure à celle d'un Land Cruiser qui parcourt 10 000 km par an. La cause est entendue : tous caninopathes !
source : "Robert & Brenda Vale, "Time to eat the dog : the real guide to sustainable living", Thames and Hudson, 2009.
12 juillet 2012
Mieux vaut avoir l'abeille que le bourdon
67% des Français se disent prêts à faire des efforts pour redresser les comptes du pays. Je fais partie des 33% qui préféreraient ne pas. Je voyage léger, je vis à l'étranger et, pour reprendre le mot de Jean-Marc Ayrault, j’aime mieux « laisser le poids de l’histoire à ceux qui restent en France ». Davantage d’impôt, pour payer quoi ? Une nano-relance à l’arrière-goût de béton ? Des grand travaux inutiles imposés (GTII) ? Un aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? Pendant ce temps-là, la centrale nucléaire de Fessenheim se paie un relooking à 20 millions d’euros, et le pétrolier Shell obtient l’autorisation de forer au large de la Guyane. Tout ça ne sent pas bon, ça sent le total fiasco écolo. Mieux vaut suivre le tour de France estival de Dédé l’abeillaud, défenseur iconoclaste de l’apiculture et de la biodiversité, ex-candidat aux élections présidentielles. Dédé, on vote pour toi !
http://ddlabeillaud.blogspot.com/
http://ddlabeillaud.blogspot.com/
20 juin 2012
Sciences-Porn
De quoi on parle dans les dîners à Paris ? De l’affaire Descoings. L’ancien directeur de Sciences-Po est mort dans des circonstances troubles il y a quelques semaines : son corps retrouvé nu dans une chambre d’hôtel à New York, de l’alcool et des médicaments, un certain désordre, des « garçons » qui lui auraient rendu visite, un ordinateur portable et un téléphone jetés quelques étages plus bas… Curieux, quand même. La presse a été très prudente dans sa couverture de cette sombre histoire : en fait, Descoings était gay. Les journaux de l’Hexagone ont été manifestement déboussolés par son parcours. D’abord plutôt à gauche, il vit en couple avec le boss de la SNCF Guillaume Pepy - ça roule, ma poule. Puis il fricote avec Sarkozy au moment où il commence à caresser des ambitions politiques, et se marie. A haut niveau, être homo ne constitue pas un accélérateur de carrière : le pouvoir est hétérosexuel ou ne sera pas. Petits secrets et grande hypocrisie, on est en France, quand même. Moi, je fais partie de ceux qui ne savaient pas. Toi aussi, lecteur ? Bienvenue au club de ceux qui sont toujours en retard d’un train !
6 juin 2012
Le petit François attend ses électeurs au rayon jardinage
La photo officielle du nouveau président est prête. François Hollande marche à l’ombre des arbres du jardin de l’Elysée. C’est joli, c’est vert, ça pourrait être une publicité pour le rayon frais d’un hypermarché parisien. C’est plus aéré que la photo naphtalinée de Sarkozy prise dans la bibliothèque de l’Elysée, en 2007. Sarko flashé au milieu des livres, quand on sait qu’il ne lit jamais, n’était-ce pas une véritable provocation pour l’intello ? Mais Hollande immortalisé en plein trip verdure ne fait pas plus authentique : la maigreur de son programme environnemental a découragé plus d’un écolo. Haro sur la photo !
Inscription à :
Articles (Atom)