2 décembre 2011
Le sexe de la langue
J’avoue que je ne comprends pas tout à la politique belge, c’est si compliqué qu’il faudrait créer un troisième cycle de « politique belge » à sciences-po Paris. Les Belges eux-mêmes ne comprennent pas tout. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a du neuf « Outre-Quiévrain », bientôt un gouvernement ! Les agences de notation y sont pour quelque chose, elles qui ont retiré à la Belgique un de ses A pour cause d’endettement mais aussi de vacances gouvernementales depuis plus de 500 jours.
Des débats byzantins émergent sur une question que jamais aucun politologue français ne s’est posée : le futur Premier ministre, Elio di Rupo, sera-t-il « asexué linguistiquement » ? Je vous explique. La constitution belge exige que le gouvernement fédéral soit ou bien composé de 14 ministres (dont le Premier ministre) avec autant de ministres francophones (7) que de ministres flamands (7), ou bien de 15 ministres, à savoir toujours 7 francophones -7 flamands, auxquels s’ajoute le Premier ministre qui doit alors être « linguistiquement asexué ». Cela signifie qu’il doit renoncer à défendre les intérêts de sa propre communauté pour défendre les intérêts de son pays. Vous avez suivi ?
Quand même, poser la question du sexe de la langue ne manque pas de sel. « Et toi, ta langue, elle est quoi ? Française, espagnole ? De droite, de gauche ? Homme, femme ? ». Moi aujourd’hui, ma langue est espagnole, car je vais lire « El Pais » dans le Thalys (en plus, ça rime). Elle est de droite, car non, je n’ouvrirai pas ma bourse pour le SDF qui mendie dans le métro. Et pour le reste, décidément dans le train je ne serai ni homme ni femme, mais pas asexuée pour autant ; au douanier qui m’interrogera, je me déclarerai « transgenre ». Echapper aux catégories, ça doit être le pied : vive l’évasion sexuelle !