A l’heure où le salon du livre de Paris ouvre ses portes, un livre capital (c’est le mot) paraît : c’est "Tirage de tête, Vie et succès de Michel Touchalon, éditeur", par Clément Maraud (éditions de la Soupente). Un incisif roman à clé, dont le personnage principal, Michel Touchalon, né une cuiller d’argent dans la bouche, décide un beau matin d’impressionner son entourage (et sa richissime femme) en devenant éditeur. Il ne lit jamais ? C’est un détail. Voilà un métier chic et germanopratin qu’il exerce depuis quinze ans, toujours fidèle à cette unique ligne de conduite : ce qui compte, c’est de publier à tous prix. Un prix payé par les autres : son inénarrable personnage, ventre en avant et cigare aux lèvres, se moque de tout le monde.
Cette méthode est plus répandue qu’on le croit dans le monde feutré de l’édition en France. Mais elle trouve dans cet ouvrage très documenté et mené par une plume alerte sa véritable épure. Toute ressemblance avec un personnage existant ne serait peut-être pas fortuite… Apprentis éditeurs, un livre à lire d’urgence : tous les trucs pour ne payer personne et pour faire figure dans le PIF (paysage intellectuel français). On s’arrache déjà "Tirage de tête" (208 pages, 20 euros franco de port). Le commander sur : http://touchalon.free.fr Et, pour les autres, n’oubliez pas : le dîner des « cons » des éditions Michalon aura lieu comme prévu mardi 30 mars à 21 heures au restaurant « La main d’or », 133 rue du Fg Saint-Antoine, Paris 75 011. Plus d’infos : voir posts précédents.
25 mars 2010
1 mars 2010
Le dîner des cons, suite (mais pas fin)
Le dîner des « cons » de Michalon (lire mon précédent post) que j'organise le 30 mars attire du monde : déjà une quinzaine d'inscrits. C'est la preuve que payer ses auteurs et créanciers n'a pas été le souci premier de cette maison soi-disant d'édition... Mais qui vivra verra, et qui se réunira le 30 décidera des suites à donner à tout cela. Avis aux floués, enfumés, roulés : encore quelques places disponibles !
Il y aurait beaucoup à dire sur l'édition en France. Voilà un secteur poussif menacé par la crise économique, l'absence de renouvellement de son personnel, de ses collections, des sujets traités. Il suffit d'aller dans une librairie en Angleterre pour comprendre la différence : là-bas, ce ne sont pas les idées décalées et les concepts de bouquins différents qui manquent. On peut prédire sans grand risque de se tromper que le secteur du livre en France, ronronnant dans le même et le déjà-vu, sera balayé par la concurrence des supports électroniques. Malheur aux vaincus de l'ordre numérique !
En attendant le bouillon final, ceux qui travaillent dans et pour ce secteur sont de plus en plus prolétarisés. Auteurs défrayés quand il reste de l'argent dans les caisses, éditeurs payés 1500 euros par mois pour 60 heures de travail par semaine, graphistes et correcteurs rémunérés au lance-pierre... A force de faire des économies de bouts de chandelle, forcément, la qualité s'en ressent. Du reste, c'est l'explication de la bourde récente de BHL, qui a cité dans son nouvel ouvrage un auteur qui n'existe pas : quelque part dans les bureaux de Grasset, un éditeur et/ou correcteur n'a pas fait son boulot de vérification des sources.
Vous allez me dire, dans le chaos du monde, tout le monde s'en fout. Mais comme plus de deux millions de Français écrivent et aspirent à la publication de leur livre, autant les informer. Un mouton avisé vaut bien un loup. Oui, c'est dans les fables de La Fontaine. Laquelle ? Qui cherche et trouve gagne... un livre.
Il y aurait beaucoup à dire sur l'édition en France. Voilà un secteur poussif menacé par la crise économique, l'absence de renouvellement de son personnel, de ses collections, des sujets traités. Il suffit d'aller dans une librairie en Angleterre pour comprendre la différence : là-bas, ce ne sont pas les idées décalées et les concepts de bouquins différents qui manquent. On peut prédire sans grand risque de se tromper que le secteur du livre en France, ronronnant dans le même et le déjà-vu, sera balayé par la concurrence des supports électroniques. Malheur aux vaincus de l'ordre numérique !
En attendant le bouillon final, ceux qui travaillent dans et pour ce secteur sont de plus en plus prolétarisés. Auteurs défrayés quand il reste de l'argent dans les caisses, éditeurs payés 1500 euros par mois pour 60 heures de travail par semaine, graphistes et correcteurs rémunérés au lance-pierre... A force de faire des économies de bouts de chandelle, forcément, la qualité s'en ressent. Du reste, c'est l'explication de la bourde récente de BHL, qui a cité dans son nouvel ouvrage un auteur qui n'existe pas : quelque part dans les bureaux de Grasset, un éditeur et/ou correcteur n'a pas fait son boulot de vérification des sources.
Vous allez me dire, dans le chaos du monde, tout le monde s'en fout. Mais comme plus de deux millions de Français écrivent et aspirent à la publication de leur livre, autant les informer. Un mouton avisé vaut bien un loup. Oui, c'est dans les fables de La Fontaine. Laquelle ? Qui cherche et trouve gagne... un livre.
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