20 novembre 2012
La France en string
Une vaste cabale anti-France
est en cours. Tout le monde s'acharne contre l'Hexagone. Comme ils sont méchants
! Après l'agence de notation Standard and Poor's il y a quelques mois, c'est au
tour de Moody's de lui retirer un A, un tour de cochon alphabétique qui
sanctionne la perte de compétitivité du pays (j'adore le mot "compétitivité" :
personne ne sait exactement ce qu'il signifie). Rien d'étonnant selon The
Economist, magazine britannique revanchard qui consacre un dossier peu amène à
la France, cette "bombe à retardement au coeur de l'Europe". Un pays poussif,
endetté, dirigé par des mous, écrasé par le poid de l'Etat, où les salariés
coûtent trop cher aux employeurs... Trop cher ? Qui est trop cher ?
L'hebdomadaire oublie de dire que les patrons français sont mieux payés que
leurs homologues européens (selon l'European Corporate Governance Institute). Et
ce n'est pas Arnaud Lagardère, à la tête d'un groupe de 27000 salariés, qui va
redorer le blason des patrons. Arnaud, désormais "Nono", présente sans tabou sa
vie avec la très jeune (et très grande) Jade dans un documentaire montré par la
RTBF belge le 13 novembre dernier. La tonalité de bling-bling vulgos du
film constitue une vraie bombe anti-patriotique. Ce n'est plus un short qu'on
taille à la France, c'est un string. La question n'est plus "Comment peut-on
être Français ?", mais bel et bien "Comment peut-on vivre en France?"
14 novembre 2012
Les Indignés de l'édition
Les « caves » du monde du Livre se rebiffent. Une quinzaine d’auteurs et scénaristes de renom de Casterman, une maison de BD récemment rachetée par Gallimard, protestent contre les diktats de leur nouveau propriétaire. Ils se sentent, disent-ils, « instrumentalisés en vue d’un transfert purement capitalistique ». C’est hélas la triste condition de l’auteur dans ce monde de brutes qu’est l’édition.
Un univers impitoyable qui compte d’autres Indignés, certes moins prestigieux, mais non moins remuants. Il s’agit de ceux qui sont restés sur le carreau suite au rachat des éditions Michalon par Max Milo en 2009. Le « dîner des cons » que nous avons organisé il y a quelques années a permis d'informer sur certains « dirty secrets » que les éditions auraient préféré garder sous le tapis. Michalon, qui prétend défendre « l’effervescence du débat », a alors porté plainte pour diffamation contre certains d’entre nous. Notons qu’il n’est pas fréquent qu’un éditeur intente un procès de ce genre à ses auteurs et collaborateurs.
Le verdict a été rendu le 13 novembre 2012 par la 17e chambre correctionnelle de Paris, et il est très clément eu égard à la virulence de nos propos. Clément Maraud, ex-correcteur, et moi, nous avons tous deux été condamnés à verser à Yves Michalon un euro de dommages et intérêts. Serge Delbono, webmaster, a été relaxé. Quant aux propos qui me sont reprochés, ils ne figurent pas sur ce site Internet, qui restera donc en l’état (voir la rubrique d'à côté, "Michalon piège à c..." et ses témoignages édifiants). Michalon n'a pas obtenu ce qu'il demandait : rien moins qu'une publication judiciaire dans Le Monde et Le Figaro. C'est donc une victoire pour nous.
Le Tribunal a manifestement tenu compte des conditions discutables de la reprise de Michalon par Max Milo, du montant abyssal des pertes accumulées, du nombre anormal des procédures judiciaires engagées contre cette maison d'édition depuis sa création, et de la curieuse confusion entre les « éditions Michalon », « Michalon éditions », « Yves Michalon Editeur » et Yves Michalon lui-même. De plus, comme l'un de nos témoins l'a affirmé, les « michalonnades » continuent depuis la reprise.
On retiendra de ce procès l'invraisemblable ligne de défense d'Yves Michalon, expliquant benoîtement à la Cour que ce seraient ses auteurs et sous-traitants qui devraient porter le chapeau de sa faillite. En effet, les impudents ont demandé à être payés ! Où irions-nous si tous les créanciers exigeaient leur dû ! L'économie s'effondrerait !
Bref, comme l’écrivait le Canard Enchaîné dans son édition d’il y a trois semaines, « Porter plainte pour diffamation, c’est toujours porter plainte contre soi-même ».
26 octobre 2012
Langue de pute pour langue de bois
J’ai été invitée récemment à la Fête du livre de Saint-Étienne. Un évènement, nous dit-on, qui rassemble des centaines d’ « auteurs ». C’est curieux, on ne dit plus guère écrivain, on dit auteur. Ecrivain, ça fait scribouillard, on entend la plume qui crisse sur le papier, c’est pénible pour l’oreille. En revanche, « auteur » est connoté plus rond, plus souple, la preuve : le mot glisse sur la langue. L’écrivain gratte laborieusement, alors que l’auteur(e) crée. L’un transpire, quand l’autre produit spontanément et appose sa marque. On en conviendra, c’est beaucoup plus chic.
Donc, en tant qu’auteur(e), on m’a donné un pack de bienvenue avec plein de documents dedans pour présenter la ville. L’un d’entre eux, « 80 actions pour dynamiser l’attractivité stéphanoise », a attiré mon attention par son titre prometteur. Magnifique exemple de jargon, me suis-je dit. Je l’ai ouvert : dedans, ô merveille, un feu d’artifice de langue de bois. Rien ne manque : compétence ; dynamique ; indicateurs ; capitaliser ; formation ; retour d’expérience ; valider ; pilotage ; action à engager ; positionnement ; stratégie d’innovation ; vision ; démarche ; partenaires ; réseau ; visibilité ; convivial ; durable. Sans oublier le roi du bal : projet. Et le tout saupoudré d’anglicismes, co-working et autres showroom. N’en jetez plus, il en pleut de partout.
Je ne suis pas venue pour rien à Saint-Etienne car, toujours dans le même opuscule, j’ai appris des mots nouveaux. Une gare se dit « pôle d’échange multimodal », un vélo se traduit par « mode de déplacement doux », un panneau indicateur devient une « signalétique urbaine », un carrefour un « plateau piéton », un échange une « intermodalité ». C’est clair, j’ai un train de retard. Du reste, je ne sais même pas comment on dit « train » en jargon. Je n’ai plus qu’à aller me faire voire ailleurs, autrement dit à me faire requalifier dans une zone non-aménagée.
nb : j'ai été par ailleurs fort bien reçue à Saint-Etienne, merci aux organisateurs !
16 octobre 2012
Veni, vidi, vinci
C'est chouette, la gauche au pouvoir. L'ordre règne. Ambiance de guerre civile aujourd'hui avec l'"opération César", à 30 km au nord de Nantes. Pas moins de 500 policiers mobilisés, des hélicos, des barrages de police partout. Tout ça pour seulement "sept occupations illégales sur des espaces bâtis et quatre zones d'occupation illégales", dit la Préfecture de Loire-Atlantique. En clair, il s'agit de vider 7 maisons, ça fait donc 71,4 flics par baraque, les Français ne paient pas des impôts pour rien.
Il faut bien ça pour déloger les opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont le chantier, confié au groupe de BTP Vinci, doit débuter en 2013. Un projet cher, polluant et inutile, mais tant pis. L'Ayrault-port sera construit, foi Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et Premier ministre. Aurait-il le feu au tarmac ? L'homme tient à son gadget, probablement pour prendre un peu de hauteur. Il va en avoir besoin pour conserver les suffrages de la gauche. Car comme le dit le dicton, "si octobre s'emplit de vent, du froid tu pâtiras longtemps".
http://www.aeroport-nonmerci.fr/
Il faut bien ça pour déloger les opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont le chantier, confié au groupe de BTP Vinci, doit débuter en 2013. Un projet cher, polluant et inutile, mais tant pis. L'Ayrault-port sera construit, foi Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et Premier ministre. Aurait-il le feu au tarmac ? L'homme tient à son gadget, probablement pour prendre un peu de hauteur. Il va en avoir besoin pour conserver les suffrages de la gauche. Car comme le dit le dicton, "si octobre s'emplit de vent, du froid tu pâtiras longtemps".
http://www.aeroport-nonmerci.fr/
11 octobre 2012
Femmes à lunettes
Je porte des lunettes, et alors ? Cela gène quelqu’un ? C'est clair, une véritable campagne anti-binocles commence avec les « révélations » concernant les lunettes de la journaliste de gauche (et compagne de ministre) Audrey Pulvar. Elles coûteraient 12000 euros et seraient fabriquées en écailles de tortue. Audrey, tiens bon, toutes celles qui portent verres sur leur nez te soutiennent.
La télé, c’est bien connu, se méfie des bésicles : peu de celles qui s’y montrent osent en porter. Pourtant, il s’en vend 11 millions de montures par an en France. Mais les lunettes, c’est un peu comme les pantoufles, on a tendance à les cacher. Soulevons la chape de déni, le voile de réticence. Les porteuses de lunettes doivent faire leur coming out.
Avant de s’afficher, elles doivent se poser deux questions essentielles. D’abord, en quoi sont-elles fabriquées ? Les miennes, je l’avoue avec réticence, sont en plastique. Or, le plastique pollue horriblement. Le bois ou, mieux encore, la laine de mouton, matériaux plus durables, seraient plus indiqués, je le confesse. Et puis, combien ont-elles coûté ? J'ai payé les miennes, euh, environ 30 tickets restaurant. Je sais ce que vous allez dire : tous les SDF que j'aurais pu nourrir avec cet argent ! A ce tarif là j’ai eu raison d’aller me faire voir chez les Belges.
Outre-Quiévrain justement on attend Arielle Dombasle, qui elle aussi porte des verres, mais fumés seulement. Aux dernières nouvelles, la belle traîne des pieds, renâcle à prendre le Thalys et fait la mauvaise tête. « Vivre en Belgique ? Plutôt mourir ! », crache-t-elle. Arielle, garde ton venin, car moi je réponds : « Coucher avec BHL, ce myope qui cache son jeu et tombe binocles dès qu’il apparaît en public ? Plutôt crever ».
22 septembre 2012
Les fesses de Mahomet : et mon cul, c'est du poulet ?
« Pour ou contre les caricatures de Mahomet » constitue le débat du jour. Moi je suis pour leur publication, tous à poil, l'éclate intégrale ! Mais je me dis que dans Charlie Hebdo ils sont parfois plus pusillanimes que lorsqu’il s’agit de montrer le postérieur du Prophète. On rappelle qu'en 2008 leur boss Philippe Val a renvoyé le dessinateur Siné pour une chronique soi-disant antisémite – et qui en fait, aux yeux de la justice, ne l’était pas. Je me souviens aussi que, lors d’une émission sur France Inter où j’étais invitée il y a deux ans en compagnie de Charb, leur actuel patron, celui-ci a dit en substance de mon livre poil à gratter Tchao la France : « La France c’est mon pays, je l’aime et j’y reste ». On en conviendra, c’est la marque d’un esprit profondément subversif.
Choquer, c’est amusant, mais il faut courir le risque d’être choqué soi-même. Se moquer des croyances des autres est salutaire, à condition de ne pas s’épargner. Or, bien des journaux en France sont convaincus d’être les piliers du pacte social, ce qui leur confère un petit ton moralisateur que certains curetons n’auraient pas renié. Pas étonnant que la France ne soit classée que 38e mondiale au classement 2011-2012 de la liberté des médias publié par l’ONG Reporters sans frontière (derrière le Salvador et la Papouasie Nouvelle Guinée). Même les publications satiriques hésitent à brocarder la France et ses dogmes, la République et sa sacro-sainte école laïque, trahissant par là l’héritage libertaire du bon professeur Choron.
Bref, la liberté d’expression doit être toute, ou ne pas être. Outre les fesses de Mahomet, je veux pouvoir me procurer Mein Kampf, mais aussi les opuscules interdits au nom de la protection de la jeunesse, les publications révisionnistes, les manifestes de sabotage anarchiste, Tintin au Congo (menacé par les foudres anti-colonialistes), etc. « Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le zizi », promettait jadis Pierre Perret dans une chanson. J’y compte bien : les fesses ne sauraient suffire.
Choquer, c’est amusant, mais il faut courir le risque d’être choqué soi-même. Se moquer des croyances des autres est salutaire, à condition de ne pas s’épargner. Or, bien des journaux en France sont convaincus d’être les piliers du pacte social, ce qui leur confère un petit ton moralisateur que certains curetons n’auraient pas renié. Pas étonnant que la France ne soit classée que 38e mondiale au classement 2011-2012 de la liberté des médias publié par l’ONG Reporters sans frontière (derrière le Salvador et la Papouasie Nouvelle Guinée). Même les publications satiriques hésitent à brocarder la France et ses dogmes, la République et sa sacro-sainte école laïque, trahissant par là l’héritage libertaire du bon professeur Choron.
Bref, la liberté d’expression doit être toute, ou ne pas être. Outre les fesses de Mahomet, je veux pouvoir me procurer Mein Kampf, mais aussi les opuscules interdits au nom de la protection de la jeunesse, les publications révisionnistes, les manifestes de sabotage anarchiste, Tintin au Congo (menacé par les foudres anti-colonialistes), etc. « Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le zizi », promettait jadis Pierre Perret dans une chanson. J’y compte bien : les fesses ne sauraient suffire.
10 septembre 2012
Pas d'impôt de départ pour le seigneur des Arnault
Le feuilleton de la semaine est la « délocalisation » de Bernard Arnault. Ce doux euphémisme désigne le fait de changer de pays pour payer moins d’impôt. Les infos contradictoires se succèdent : d’abord, on apprend que Bernard Arnault a demandé la nationalité belge (mais pourquoi faire puisque c’est le domicile qui détermine le lieu d’imposition ?) ; ensuite, qu’il habite déjà en Belgique depuis 2011 (donc, s’il est imposé Outre Quiévrain, alors pourquoi demander la nationalité belge ?) ; enfin, qu’il affirme payer ses impôts en France (comment cela, s’il habite en Belgique ?). Tout cela est abracabrantesque.
Quoiqu’il en soit, aux yeux de certains Français, Arnault a trahi. Il a poignardé dans le dos la France, la République, deux mille ans d’Histoire, les rois mérovingiens, etc. L’ingrat ! De même qu’un certain nombre de milliardaires français (entre autres Jean-Luc Lagardère), c’est pourtant l’Etat qui l’a fait roi et qui lui a fourni clé en main son époustouflante ascension. Certes, Bernard Arnault n’est pas parti de rien : il était à la tête d’une grosse PME familiale quand il a été choisi en 1984 par Laurent Fabius, alors Premier ministre, pour reprendre à prix bradé le groupe textile Boussac. Une entreprise dont les plus belles pépites (Dior, le Bon marché…) vaudront des dizaines de milliards quelques années seulement après la reprise.
Le fric, le fric… Il n’y a pas que ça dans la vie. Il y a aussi l'amour. Arnaud Lagardère, héritier de l’empire Lagardère, est amoureux d’un mannequin belge, Jade Foret. Sur une vidéo diffusée en 2011, on a vu l’héritier du groupe aéronautique roucouler auprès d’une bimbo déshabillée (30 cm de plus que lui, 30 ans de moins). Demain, l’airbus A320 du milliardaire cinglera-t-il vers l’aéroport de Zaventem ? Il y en quand même un qu’on ne risque pas de voir s’installer en Belgique, c’est François-Henri Pinault, héritier du groupe de luxe et de grande distribution PPR. Car il est marié avec l’actrice mexicaine Salma Hayek. Ah, le beau ciel de Mexico… Faîtes sonner les mariachis pour accueillir le gringo !
Lire : « Bienvenue chez les riches », Les dossiers du Canard enchaîné, juillet 2012.
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