27 mai 2013

Célibataires de tous les pays, unissons-nous.

Des dizaines de milliers de personnes étaient dans la rue hier à Paris pour s’opposer au « mariage pour tous ». Vu de l’étranger, on s’étonne un peu (« on savait que la France était un pays vieillot, mais là quand même… »). Au nom de « l’institution immémoriale du mariage », et de « l’ordre symbolique », les manifestants venus de la cathosphère dénoncent le mariage homo comme une mascarade.
En réalité, c’est le mariage qui en est une. Moi, je ne me suis jamais mariée, et je m'en porte très bien. Je propose d’instaurer urbi et orbi le mariage pour personne. A quoi sert le mariage civil, à l’heure où plus de la moitié des enfants naissent hors mariage ? Il ne sert, en fait, qu’à transmettre les inégalités d’une génération à l’autre. Qu’à servir de cadre à l’exploitation de la femme par l’homme. Et qu’à diminuer les frais de succession. Sacro-sainte propriété privée !
Que les antis continuent de se battre pour leur vieux gâteau rance : ils ne lâcheront rien ? Moi, je lâche ce cri : « vive l’abolition du mariage ».

16 mai 2013

A l'Intello Academy, the winner is...

Ça bouge. Tant mieux, on se faisait chier. Les Indignés, Les Occupy Wall Street, Wikileaks, les Anonymous, les Femens… J’essaie de comprendre. A la bibli, je prends par hasard le livre « Où est passée la critique sociale ? » de Philippe Corcuff (paru en 2012 aux éditions la Découverte), en apparence consacré au sujet. Mauvaise pioche. Je le feuillette, je suis d'emblée rebutée par le style universitaire. Jusqu’au moment où je tombe sur un passage qui aurait sans aucun doute inspiré Molière. C’est un commentaire d’une chanson de Michel Jonasz, rédigé par la plume lourdingue d’un type jargonnant qui joue au jeu de Kikalairplusintelligent. Cela vaut son pesant de boudin. Voici la page 44, le lecteur savourera :

 « Dans les vacances au bord de la mer, l’expérience de l’inégalité sociale, les contraintes et les incapacités sont thématisées à la manière d’une sociologie critique, mais selon un autre jeux de langage :
 
On allait au bord de la mer/Avec mon père, ma sœur, ma mère/On regardait les autres gens/Comme il dépensait leur argent/Nous il fallait faire attention/ Quand on avait payé le prix d’une location/Il ne nous restait plus grand-chose.

Cela donne une tonalité mélancolique au texte, parfois au bord du ressentiment. Le spectacle désenchanté du poids de la domination n’appartient pas seulement aux discours en surplomb de type situationniste ou postsituationniste, il peut participer du rapport ordinaire à la domination :

Alors on regardait les bateaux/On suçait des glaces à l’eau/ Les palaces, les restaurants/On faisait que passer devant.

Pourtant, ce poids des incapacités ne tend pas à occuper tout l’espace, contrairement aux tentations dominocentrées. Tout d’abord parce qu’il peut être mis en paroles critiques. Mais aussi parce que l’expérience apparaît dotée d’ambivalences. Il y a des petits bonheurs qui restent nostalgiquement gravés, un peu à l’écart de l’épreuve du manque, et pour lesquels la déploration misérabiliste de l’aliénation généralisée exprime souvent un mépris implicite… »

 Cela continue ensuite, la page 45 est de la même eau. Heureusement, certains écrivent des chansons et pas des essais lourdingues. Et si on allait plutôt voir les bateaux ?