28 juillet 2011

EDF : Enculés de France

Je pars en vacances demain. En France, dans un bled des Cévennes. J’ai regardé sur la carte : la centrale nucléaire la plus proche est située à 95 km à vol d’oiseau. C’est loin mais c’est encore bien trop près. Et ce n’est pas les enfumages du JT sur le thème : « Fukushima ne pourrait pas arriver chez nous » qui vont me rassurer. Non seulement j’ai peur du nucléaire, mais j’ai peur du nucléaire made in EDF.
Je sais de quoi je parle : j’ai bossé 12 ans dans cette boîte comme petit cadre. Pas par goût, mais simplement parce que ce taf sans intérêt était payé. J’ai finalement réussi à me faire virer, ce qui relève de l’exploit. A EDF, beaucoup se la ferment : c’est l’emploi assuré contre l’omerta. Je garde l'image d’une entreprise qui fonctionne en vase clos avec la bénédiction de l’Etat, de chefs arrogants d’une rare incompétence, de hiérarques qui défendent la règle du « zéro information » en cas d’accident - naturellement, c’est off. Si ça pète, vous mourrez paisibles, vous n’aurez même pas le temps d’avoir peur.
Ça craint, quand même. Nucléocrates au-dessus des lois, données sismiques falsifiées, dizaines de milliers de sous-traitants exposés sans vergogne aux rayonnements radioactifs : c’est cher payé pour se chauffer. Hardi petit, de nouveaux réacteurs sont construits, des convois de combustibles et de déchets nucléaires traversent la France au mépris des règles de sécurité les plus élémentaires, des matières radioactives sont rejetées dans les eaux, dans l'air. Français, vous êtes concernés, vous devriez êtes consternés. Allons, encore un effort pour crever irradiés.
A lire sur le nucléaire : "Thèses sur Tchernobyl", de Günther Anders, Editions de la Soupente.

23 juillet 2011

Le Prince et la bergère

MLP (Marine Le Pen) tend la main à la Wallonie. Elle fait de grands signes : « Venez, rejoignez-nous ! » La Wallonie rattachée à l’Hexagone ? On ignore si elle le souhaite. Certes la pauvrette pourrait se trouver un peu seule sur la carte de l’Europe au cas où la Belgique éclaterait. Mais qui vivra verra, et chocolat peut-être sera. Pour l’instant, tout est calme Outre-Quiévrain. Pas de gouvernement – et alors ? Mieux vaut pas assez que trop. Depuis 2007, des indicateurs comme la confiance des consommateurs ou celle des chefs d'entreprise évoluent exactement de la même façon en Belgique et dans l'ensemble de la zone euro. Et depuis sept mois, pas la moindre trace de décrochage de la confiance des Belges sur leur situation économique par rapport à ce qui est observé dans les pays qui les entourent. Y a pas le feu à Knokke-le-zoute.
Mais la tendance est au frotti-frotta franco-belge. L’histoire d’amour de l’industriel Arnaud Lagardère et du mannequin belge Jade Foret donne le ton. Demandez la vidéo sur youtube, qui compte déjà 500 000 spectateurs d’un spectacle kitch digne des seventies. La robe panthère de la demoiselle, ses bottes avec des petites fleurs, l’air d’amoureux transi du ténébreux capitaine d’industrie, y sont pour beaucoup… C’est vraiment dommage qu’ils ne chantent pas. On les imagine reprendre en duo « Besoin de rien envie de toi », le tube de Peter et Sloane. Allez, une chanson, une chanson ! Et, par pitié, épargnez-nous la Marseillaise et la Brabançonne.
(Pour les vacances, l’indispensable feuilleton de l’édition : touchalon.free.fr)

18 juillet 2011

Dans le chaudron d’Astérix le Gaulois

Je vous disais dans mon post précédent que les Français de l’étranger (de même que les cosmopolites et autres inclassables) sont parfois suspects. La preuve : Eva Joly, à la fois Norvégienne et Française, candidate écolo à la présidentielle, s’est vue reprocher sa bi-nationalité. Elle propose de remplacer le défilé du 14 juillet par un défilé « citoyen » ? C’est parce qu’elle ne comprend rien à la « francitude » - la pauvre, elle descend de son drakkar. Il paraît que quant on n’est pas un « vrai Français », on n’a pas la République dans son ADN, on n’a pas la nation dans son logiciel.
Moi, franchement, je n’aime ni les défilés militaires ni les défilés citoyens. Les rodomontades nationalistes me déplaisent autant que les culcul-teries mièvres et rassembleuses. Par définition, tout ce qui porte l’adjectif « militaire » ou « citoyen » suscite chez moi la méfiance. Chère Marianne, pour le 14 juillet, tu peux te garder les parades à la noix. Moi je veux bien célébrer quelque chose, mais avec de la bonne bouffe et de la picole. Et cette année, je me suis sentie flouée. La réception organisée par l’Ambassade de France en Belgique pour la fête nationale faisait un peu pauvre. Vu la qualité médiocre du mousseux, il est clair qu’il y a un problème en métropole.
Qu’est-ce que vous foutez, les Français de France ? Vous pensez peut-être que les émigrés ont oublié le goût du vrai champagne ? Dîtes la vérité, nous ne nous aimez pas, nous qui sommes partis à l’insu de votre plein gré. Des orgies, nous voulons des orgies. Quant au reste, les bustes en plâtre, le drapeau tricolore, la Marseillaise et autres marches des fiertés pour gros muscles, vous pouvez les oublier à la consigne avant de monter dans le train.

9 juillet 2011

Un Français sans la France est comme un poisson sans bicyclette

Je suis contente. David Douillet, populaire champion de judo, va représenter les deux millions et demi* de Français de l’étranger. Bien sûr, j’aurais préféré Yannick Noah, qui habite New York : vivre ailleurs, il connaît. Mais avec David nous serons, c’est certain, bien défendus. On en a besoin, car certains ne nous aiment pas. La preuve, les projets de remise en cause de la pluri-nationalité et la proposition (retoquée) de surtaxation des résidences secondaires des Français vivant au-delà des frontières. C’est que celui qui est parti est suspect. C’est quelqu’un qui n’aime pas la France. C’est un traître au régime, comme ces nobles qui ont fui la Révolution en 1789 ; c’est un agitateur, comme ces républicains et communards exilés au XIXe siècle. C’est un planqué, comme ces millionnaires qui fuient lâchement la fiscalité républicaine. Une atmosphère de défiance et de soupçon nous entoure comme un halo déplaisant. L’autre jour, à Paris, un inconnu m’a alpagué dans la rue pour me demander : « Madame Maier, vous êtes partie pour des raisons fiscales ou politiques ? » Pourquoi faut-il sans cesse se justifier* ?
Mais les politiques ne peuvent pas négliger le million d’électeurs, dont le vote sera décisif pour la présidentielle de 2012. Alors, un petit coup de pommade sur le dos ? Moi j’aime qu’on me flatte, qu’on me cire les pompes. Qu’on me dise que je suis, quelque part, une ambassadrice de la France en terre étrangère. Qu’on me réserve des invitations pour le buffet du 14 juillet à l’Ambassade. Pourquoi pas des sièges réservés dans les transports franciliens, qui nous seraient utiles lors de nos passages en métropole ? Et des tickets d’alimentation (parce que la bouffe, à l’étranger, il faut bien reconnaître que c’est pas toujours ça) ? A quand les paniers-orgies distribués par les consulats de France ? Les largages de vivre effectués depuis les avions Air France ? A moi vaches, cochons, couvées, œufs en meurette, paupiettes, fromage de tête, andouillettes, blanquettes, alouettes…
La France me donne faim. Un électeur bien nourri est un électeur conquis.

*D’après l’audit des parlementaires de la politique d’immigration, d’intégration et de codéveloppement rendu public le 11 mai 2011.
*La rubrique d’à côté, consacrée aux « éditions » Michalon, vous donnera un aperçu de l’état de mon porte-monnaie.